
Une série de nouvelles mesures seront prises pour soutenir le développement de l'Afrique.
(Photo:Reuters)
Afin de maintenir la coopération sino-africaine et soutenir le développement de l’Afrique, une cinquantaine de dirigeants africains et chinois se sont réunis cette semaine pour la première fois au continent africain. Johannesburg a accueilli vendredi et samedi dernier un sommet Chine-Afrique, où il a été annoncé une myriade de contrats et des aides financières pour l’Afrique. « La Chine a décidé d’octroyer un total de 60 milliards de dollars d’aide financière, incluant 5 milliards de prêts à taux zéro et 35 milliards de prêts à taux préférentiels », a annoncé le président chinois, Xi Jinping, à l’ouverture du deuxième sommet Chine-Afrique. La première édition s’était déroulée en 2006, à Pékin. En fait, ce sommet intervient alors que les investissements chinois ont témoigné récemment d’un ralentissement. Selon les estimations du Forum sino-africain industriel, les investissements chinois sur le continent noir ont chuté de plus de 40 % au cours des six premiers mois de 2015, par rapport à la même période l’an dernier. Une chute attribuée au ralentissement de la croissance chinoise. Mais selon des observateurs, les investissements et aides annoncés lors du sommet vont accélérer cette coopération économique. « Ce sommet historique (...) a propulsé les relations sino-africaines à leur niveau le plus haut », a estimé le président hôte du sommet, le Sud-Africain Jacob Zuma, en référence à l’engagement financier pris par Pékin.
Selon le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, une série de nouvelles mesures seront prises lors des trois années à venir pour maintenir la coopération sino-africaine et soutenir le développement de l’Afrique. « Le président insistera sur la forte détermination de la Chine et ses sincères intentions à rester engagée dans une coopération croissante et amicale entre la Chine et l’Afrique », a-t-il ajouté. Les 60 milliards de dollars sont destinés alors à financer dix programmes de coopération dans les domaines notamment de l’agriculture, de l’industrialisation, de la réduction de la pauvreté, de la santé, de la culture, de la sécurité, de la protection de la nature ou encore du développement vert.
Avec plus d’un million de travailleurs et plus de 2 000 entreprises présentes sur le continent, la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique, où elle a détrôné les Etats-Unis en 2009. « En une décennie, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont été multipliés par dix environ », pour atteindre 300 milliards de dollars cette année, selon les estimations du Forum sino-africain industriel. Depuis une décennie, la Chine achète en grandes quantités de pétrole, fer, cuivre et autres matières premières aux pays africains, contribuant à la flambée des prix. Mais le ralentissement de sa croissance produit désormais l’effet inverse, plongeant plusieurs pays africains dépendants en pleine crise, comme la Zambie, producteur de cuivre.
Soupçons
Mais au-delà des réjouissances affichées sur les investissements à venir, de nombreuses interrogations persistent sur les intentions de Pékin en Afrique, certains voyant en la Chine un « remake » de la présence, voire de la domination des anciens pays colonisateurs. Des soupçons qui ont leur part de vérité, malgré les déclarations de part et d’autre. Le président kényan, Uhuru Kenyatta, a ainsi affirmé lors du sommet que le partenariat sino-africain bénéficiait aux deux parties. « Il y a cette rhétorique erronée selon laquelle la Chine est uniquement intéressée par les ressources naturelles de l’Afrique », a-t-il dit sur la chaîne sud-africaine SABC. « Que faisaient les colonisateurs ? Ils pillaient (...). Et voici la Chine qui travaille avec nous pour sortir les pays de la pauvreté. Ce n’est pas un colonisateur, c’est un partenaire », a-t-il insisté. Le président zimbabwéen, Robert Mugabe, également présent au sommet, a lui aussi qualifié d’« inepties » les accusations selon lesquelles la Chine exploiterait l’Afrique. « La Chine n’a jamais colonisé l’Afrique ou quiconque. C’est eux (l’Ouest) qui ont pillé l’Afrique et ils continuent à le faire », a-t-il ajouté sur CCTV, estimant que la Chine proposait un partenariat gagnant-gagnant pour l’Afrique.
Lyle Morris, analyste à la Rand Corporation aux Etats-Unis, estime en effet que dans leurs relations avec la Chine, les dirigeants africains cherchent à s’émanciper économiquement, pas seulement à dépendre de Pékin. Cité par l’AFP, il déclare : « Ils ont besoin d’exploiter ces relations de manière à ce qu’elles participent directement à l’industrialisation de l’Afrique ». Ce qui n’est pas encore acquis.
Reste une question importante, probablement la plus importante : si l’Afrique est le continent de l’avenir et attire de plus en plus les investisseurs étrangers, les taux de croissance très élevés de certains pays ne profitent pas encore à la population qui vit toujours, en grande partie, dans la pauvreté .
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