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La France visée au Mali

Sabah Sabet, Lundi, 23 novembre 2015

Deux groupes djihadistes revendiquent l'attentat de Bamako de vendredi dernier. Cette attaque semble viser les intérêts de la France.

Mali
Photo: Reuters

Quelques jours à peine après les attaques terroristes contre la France, la capitale malienne a été la cible d’une attaque meurtrière. Une prise d’otages a eu lieu à l’hôtel Radisson Blue à Bamako et s’est terminée avec l’intervention de forces de sécurité maliennes et étrangères. Selon une source militaire malienne, cette attaque a causé la mort de 27 personnes de nationalités étrangères.

Alors que l’assaut n’était pas encore terminé, le groupe djihadiste Al-Mourabitoune, de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, lié à Al-Qaëda, a revendiqué cette prise d’otages.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait indiqué plus tôt que Mokhtar Belmokhtar était sans doute à l’origine de cette attaque. Le groupe terroriste Al-Mourabitoune a été créé en août 2013 après la fusion de deux groupes : le Mouvement pour l’Unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et des Signataires par le sang, un mouvement créé pendant la guerre du Mali.

Mais, dimanche soir, un autre groupe djihadiste, le Front de Libération du Macina (FLM) a revendiqué à son tour l’attaque, dans un communiqué envoyé à l’AFP à Bamako. Le FLM, apparu au début de l’année, est un groupe dirigé par le prédicateur radical peul Amadou Koufa, et qui s’est associé récemment à Ansar Al-Dine, un autre groupe djihadiste. Le porte-parole du groupe, Ali Hamma, affirme dans ce communiqué que, malgré la mort de deux assaillants, trois membres du groupe se seraient échappés. « Cette attaque est une réponse aux attaques des forces (françaises) Barkhane qui visent certains éléments du Front et d’Ansar Al-Dine avec l’aide de l’armée malienne et le soutien de certains pays occidentaux », affirme-t-il. Ce dernier promet la multiplication des attaques contre des zones politiques, économiques et touristiques, avant d’ajouter que son groupe entend gouverner le Macina (région du centre du Mali) et y appliquer la charia.

La France est présente au Mali depuis janvier 2013. A travers l’opération militaire Serval, elle avait combattu les groupes djihadistes qui progressaient en direction de la capitale, Bamako. « Cette intervention a permis de repousser les groupes islamistes, de prévenir des attentats et de démanteler certains réseaux criminels. Pour ces groupes, la France est donc devenue un ennemi à abattre, car elle les empêche d’opérer comme ils le souhaitent », estime Marie Rodet, maître de conférences à la School of Oriental and African Studies (SOAS) de Londres et spécialiste de l’histoire contemporaine du Mali, lors d’un entretien publié cette semaine sur le site LeMonde.fr.

Ali Bakr, spécialiste des mouvements djihadistes, partage le même avis : « la France a démoli le rêve des djihadistes du nord d’établir le premier Etat islamiste dans cette région du Mali. Ces groupes cherchent donc à prouver l’échec de la mission de la France dans ce pays ». Il ajoute que malgré la différence d’idéologie entre Al-Mourabitoune, les autres groupes liés à Al-Qaëda et l’EI, (Daech), ceux-ci sont liés par un but commun : combattre la France.

Les groupes du nord du Mali ont essayé plusieurs fois d’attaquer les troupes françaises. Le groupe Al-Mourabitoune avait déjà revendiqué un attentat suicide contre la France. Celui-ci avait provoqué la mort d’un soldat français, près de Gao, le 14 juillet 2014, jour de la Fête nationale française.

Le Mali est aussi visé par cet attentat, qui met en péril le processus de paix. Cette attaque, qui n’est pas la première, tente, par la fragilisation de l’Etat malien, de l’empêcher de réinvestir le nord du pays en déployant des troupes et en remettant en place les institutions étatiques .

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