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RD Congo: Difficiles pourparlers

Sabah Sabet, Mardi, 08 janvier 2013

Les discussions entre les rebelles du M23 et le pouvoir ont repris cette semaine en Ouganda, mais elles restent compliquées.

RD Congo
Le mouvement M23 menace de reprendre les armes au cas où Kabila ne répondrait à ses revendications. (Photo: AFP)

Après plus de deux semaines d’arrêt, les pourparlers entre le gouvernement de Kinshasa et les rebelles du M23 ont repris à Kampala, en Ouganda. Le ministre ougandais de la Défense et médiateur des pourparlers, Crispus Kiyonga, a annoncé que les délégations du gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC), conduites par le ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, et du mouvement rebelle congolais du M23, ont rencontré séparément, samedi, les médiateurs ougandais à Kampala. « Les deux délégations sont enfin là et nous espérons que les deux parties mèneront des pourparlers directs », a déclaré samedi le porte-parole du ministère ougandais de la Défense, Paddy Ankunda.

L’Ouganda accueille ces pourparlers en dépit des accusations portées contre le pays ainsi que le Rwanda, d’avoir soutenu les rebelles, ce que Kampala et Kigali démentent avec force. L’Ouganda mène cette médiation au nom des pays voisins des Grands Lacs après deux semaines d’interruption. En effet, et selon des analystes, les discussions entre le gouvernement et le M23, qui le combat dans l’Est du pays, s’annoncent difficiles, les deux parties n’étant pas d’accord sur plusieurs points importants et affichant des positions bellicistes.
De plus, les problèmes de fond n’ont pas été abordés. Le mouvement rebelle réclame des discussions politiques générales alors que le gouvernement veut les limiter à l’application de l’accord du 23 mars 2009, sur laquelle le M23 a fondé au départ sa lutte armée. Le responsable politique du M23, Jean Marie Runiga, a annoncé que son mouvement souhaitait la signature d’un cessez-le-feu, ce que refuse le gouvernement. Ainsi, Runiga a menacé de reprendre les armes. « Le langage que Kabila comprend, ce sont les armes (...) si c’est dans cette voie-là qu’il veut encore s’engager, cette fois-ci, nous irons très loin », a-t-il dit.
Des premiers pourparlers avaient été entamés le 9 décembre dans la capitale ougandaise sous l’égide du président Yoweri Museveni, président de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs, puis avaient été suspendus pour les fêtes le 21 décembre. Ces travaux, selon une source diplomatique à Kinshasa, n’avaient pas donné beaucoup de résultats : seul le règlement des débats avait été adopté, l’ordre du jour étant toujours en discussion. Depuis, le président congolais Joseph Kabila, dans un message au Parlement puis dans ses voeux à la Nation, a annoncé que sa « priorité » était « la défense, rien que la défense », en appelant les jeunes Congolais à s’engager nombreux sous le drapeau pour la défense de la patrie.
Rebelles tutsis
Le M23, ou le mouvement du 23 Mars, estimé à environ 1 000 hommes, est formé d’anciens rebelles majoritairement tutsis. Ils avaient été intégrés d’abord dans l’armée de RDC au terme d’un accord signé le 23 mars 2009 avec les autorités de Kinshasa, mais ont repris le combat au printemps dans le Nord-Kivu, accusant le gouvernement de ne pas l’avoir respecté.
Les mutins refusaient notamment, au sein de l’armée, toute mutation hors de leur région du Kivu, afin de protéger leurs familles et les membres de leur communauté qu’ils estiment en danger. Ils réclamaient aussi de conserver dans l’armée régulière les grades qu’ils avaient dans la rébellion.
Ils ont ensuite multiplié leurs doléances, qui touchent désormais à des questions de gouvernance, de bien-être social et de droits de l’homme. Ils ont aussi remis en cause la légitimité du président Joseph Kabila, réélu en 2011 au terme d’élections contestées.
Depuis le début du conflit en mai 2012, le M23 a conquis une partie du Nord-Kivu, riche région minière et agricole de l’est de la RDC. Le 20 novembre dernier, il a pris, malgré la présence de troupes des Nations-Unies, la capitale régionale, Goma, avant de s’en retirer onze jours plus tard sous la pression des pays de la région. L’est de la RDC, à la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda, est traditionnellement instable et a connu des guerres successives de 1996 à 2003. Ces combats avaient surtout pour cible les énormes richesses en mines (or, coltan, cassitérite), éléments essentiels dans la fabrication des appareils électroniques.
Parallèlement aux essais médiatiques, l’Union Africaine (UA) a annoncé samedi qu’un bataillon tanzanien serait déployé « incessamment » dans l’est de la RDC, et cela dans le cadre de la future force neutre, décidée en juillet dernier, et qui doit combattre des groupes armés. « La situation d’insécurité dans l’est de la RDC nous préoccupe tous. Le bataillon tanzanien, dont les officiers arrivent incessamment à Goma, devrait commencer son travail très bientôt », a déclaré Ramatane Lamamra, commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA lors de sa visite cette semaine en RDC .
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