« Nous sommes disposés à un cessez-le-feu global de deux mois, jusqu’à ce que ce dialogue soit achevé dans un climat sain ». C’est l’annonce cette semaine du président soudanais Omar Al-Béchir devant des membres de l’Assemblée nationale. Un appel adressé aux rebelles. Il s’est dit prêt à une trêve de deux mois pour négocier avec eux, souhaitant ouvrir un dialogue national et débuter des discussions le 10 octobre prochain.
Béchir, recherché depuis 2009 par la Cour Pénale Internationale (CPI) pour crimes de guerre dans la région du Darfour en conflit, appelle depuis plusieurs mois à un dialogue avec les rebelles qui refusent de venir à la table de négociations à Khartoum. « Nous renouvelons notre offre d’amnistie à ceux ayant porté les armes, mais qui voudraient prendre part au dialogue », a-t-il ajouté, tout en soulignant que « ceux qui sont coupables de meurtre ne seront pas libérés ».
Les forces de l’armée soudanaise sont engluées dans une guerre sanglante avec les rebelles dans les Etats du Nil Bleu et du Sud-Kordofan au sud du pays, en plus de confrontations militaires violentes qui font rage dans la région du Darfour depuis 2003. Selon l’Onu, ce conflit a fait plus de 300 000 morts et 2,5 millions de personnes déplacées. Par ailleurs, le président soudanais a remporté en avril/mai derniers un troisième mandat de président depuis 2005. Ainsi, il tente de résoudre les crises les plus graves. « Notre position n’est pas un signe de faiblesse, (mais) nous sommes des partisans de la paix, et le plus grand obstacle à celle-ci est le refus par les autres parties d’engager un dialogue libre », a poursuivi le président Al-Béchir. Des rebelles du Darfour et du Mouvement de libération du Soudan (SPLM-N) du Nil Bleu et du Sud-Kordofan, qui n’ont toujours pas commenté cet appel, devaient rencontrer dans quelques jours le chef de l’Union africaine, Thabo Mbeki, à Addis Abeba, pour discuter du dialogue. Depuis 2003, des insurgés, accusant notamment Khartoum de les marginaliser économiquement et politiquement, s’opposent à l’armée soudanaise dans la région du Darfour, dans l’ouest du pays. Mais cette demande sera-t-elle facilement acceptée ?
Hassan Al-Tourabi, chef de l’opposition et du Parti du Congrès populaire, explique que le président soudanais doit fournir d’abord une bonne atmosphère à l’établissement d’un dialogue national fructueux, car les expériences de plusieurs partis d’opposition dans ce contexte sont très mauvaises. La majorité de l’opposition avait indiqué précédemment qu’elle ne prendrait pas part au dialogue si l’atmosphère n’était pas propice à des négociations. Début 2014, huit partis d’opposition se sont retirés des pourparlers de réconciliation en raison de doutes sur l’avenir des pourparlers et l'intention d’Al-Béchir d’entamer une vraie réconciliation.
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