Lors des dernières attaques de Boko Haram, des villages ont été brûlés ou démolis.
(PHOTO:AP)
Malgré la coopération africaine et internationale contre Boko Haram, l’insurrection poursuit ses attaques de plus belle. Attentats kamikazes, villages brûlés, fidèles abattus en pleine prière, des centaines de morts et de blessés : c’est ce que le Nigeria a vécu la semaine dernière, attaque considérée comme la plus sanglante depuis l’investiture du président Muhammadu Buhari fin mai dernier. Samedi dernier, l’armée nigériane a annoncé que 31 personnes ont été tuées par six kamikazes dont des femmes, lors d’une attaque de Boko Haram, vendredi dernier soir, à Zabarmari, un village à 10 kilomètres de Maiduguri dans le nord-est du Nigeria. Cette attaque est arrivée deux jours avant trois autres, où près de 150 personnes ont été tuées : c’est l’effroyable bilan des attaques perpétrées par des membres du groupe extrémiste dans le nord-est du Nigeria. L’attaque mercredi dernier, du village de Kukawa, proche du lac Tchad, à l’issue de laquelle au moins 97 personnes ont été tuées, est de loin le pire carnage depuis l’investiture le 29 mai du président Buhari, qui a érigé en priorité la lutte contre les insurgés affiliés au groupe extrémiste Etat Islamique (EI).
Peu après, à une cinquantaine de km de là, dans le même Etat de Borno, des islamistes lançaient l’assaut sur deux villages voisins à la sortie de Monguno : 48 fidèles musulmans réunis pour la prière du soir ont été fusillés, et les villages ont été entièrement rasés. « Les hommes armés de Boko Haram ont tué 48 hommes et en ont blessé 11 autres dans l’attaque de deux villages voisins », a indiqué à l’AFP Mohammed Tahir, député de cette circonscription au parlement nigérian. Selon Tahir, les assaillants venaient de la région du lac Tchad non loin, où les insurgés se sont réfugiés après avoir été chassés récemment par l’armée de leur fief de la forêt de Sambisa, plus au sud.
Menace général
Cette vague d’attaques « barbares inhumaines et haineuses », s’est indigné le président nigérian, démontre, selon lui, la nécessité « de former une coalition internationale plus efficace » contre les insurgés. Ces dernières attaques présentent un coup dur pour Buhari, qui avait érigé en priorité la lutte contre ses insurgés. Selon un décompte de l’AFP, en tout, plus de 400 personnes ont péri dans les violences attribuées à Boko Haram depuis un mois. Les attaques de ses insurgés et leur répression par les forces de sécurité ont fait plus de 15 000 morts depuis 2009 au Nigeria, pays le plus peuplé et première économie d’Afrique. Ce pays connaît depuis avril 2014 une flambée de violences, avec des attaques spectaculaires. Le groupe armé sévit dans le nord-est du Nigeria, où il a proclamé en août 2014 un « califat », et dans les régions frontalières des pays voisins (Cameroun, Niger et Tchad).
L’opération militaire régionale lancée en février dernier par le Nigeria et les pays voisins, Tchad en tête, a permis au pouvoir nigérian de reprendre possession de la quasi-totalité des localités du nord-est contrôlées par le groupe armé. Mais les attentats n’ont pas cessé pour autant. Les ripostes et les offensives des différents contingents souffrent d’une coordination défaillante, voire inexistante. Selon des observateurs, le bain de sang dans les villages nigérians, indique que la capacité de nuisance et la détermination des combattants insurgés à semer la terreur parmi les civils demeurent intactes, malgré le volontarisme affiché par Buhari. Ce dernier a transféré le centre de commandement des opérations contre Boko Haram à Maiduguri. Or, la ville est de plus en plus ciblée, soit par le biais d’attentats suicides menés par des femmes dans les marchés, soit par le biais de raids sur la ville.
Si le Nigeria est le plus touché dernièrement, les pays voisins sont toujours menacés. Lors d’une tournée africaine achevée vendredi dernier au Cameroun, le président François Hollande, a assuré que la France était prête à accueillir un sommet des pays africains engagés dans la lutte contre Boko Haram, opérant à partir du nord-est du Nigeria. « Je suis prêt à réunir une nouvelle conférence, dès que les présidents me fourniront une date, afin que nous puissions mieux agir ensemble », a poursuivi le président français. Un sommet a eu lieu à Paris en mai 2014, pour prendre des décisions importantes concernant Boko Haram. « Nous avons voulu il y a un an qu’il y ait une coordination plus forte de nos actions (...) nous allons encore amplifier cette coopération, notamment en matière de renseignement (images aériennes), de formation militaire et de coordination des actions », a aussi dit M. Hollande.
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