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Concrétiser la lutte contre Boko Haram

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 15 juin 2015

Le Nigeria et ses voisins se sont décidés à joindre leurs efforts pour combattre Boko Haram. Une force commune doit être finalement opérationnelle.

Dotée de 8 700 militaires, policiers et civils, fournis par les cinq pays (Nigeria, Cameroun, Tchad, Niger et Bénin), la (MNJTF), force d’intervention conjointe mul­tinationale, aura son quartier général dans la capitale tchadienne N’Djamena. C’est l’un des détails que le Nigeria et ses voisins ont finalisés lors d’un sommet tenu, jeudi dernier, à Abudja.

La création de cette nouvelle force avait été décidée en mai 2014, après le kidnapping mas­sif de plus de 200 lycéennes à Chibok, au Nigeria, qui avait choqué le monde entier. Elle aurait dû déjà être opérationnelle en novembre dernier, mais les mésententes entre le Nigeria anglophone et ses voisins francophones ont retardé sa mise en place. La force a été relancée en janvier, alors que Boko Haram menait des attaques quotidiennes dans le nord-est du Nigeria et contre les territoires frontaliers du Cameroun, du Niger et du Tchad. Boko Haram a de plus déclaré allégeance en mars à l’organi­sation djihadiste Etat Islamique (EI) qui contrôle un vaste territoire à cheval sur l’Iraq et la Syrie. Cette escalade a précipité l’engagement de ces pays dans le conflit à partir de février, notam­ment de la puissante armée tchadienne sur le territoire nigérian, faisant reculer les islamistes. La force, soutenue par l’Union Africaine (UA), est censée être plus homogène que l’actuelle coalition militaire. Son quartier général coûtera quelque 30 millions de dollars durant les 12 prochains mois, a indiqué mercredi 10 juin, Sanusi Imran Abdullahi, chef de la Commission du Bassin du lac Tchad.

Sous l’impulsion de Buhari

Boko Haram a, néanmoins, démontré que sa capacité de nuisance demeurait élevée : depuis l’investiture de M. Buhari le 29 mai, le groupe a multiplié les attaques dans le nord-est du pays, faisant au moins 109 victimes. Ainsi et puisque le Nigeria est le pays le plus menacé, le prési­dent du Nigeria a revendiqué pour son pays le commandement de la future force régionale pendant toute la durée de « l’effort de guerre », au nom de l’efficacité, refusant l’idée d’un com­mandement tournant tous les six mois entre les cinq pays contributeurs de troupes. Le Cameroun prendra le poste de numéro 2 pour une durée initiale de 12 mois, et un Tchadien sera nommé chef d’état-major, également pour un an.

M. Buhari, 72 ans, un ancien général, depuis son investiture le 29 mai, s’est donné pour prio­rité de venir à bout de Boko Haram, qui a fait plus de 15 000 morts depuis six ans. Leur der­nière attaque, le mardi 9 juin, a causé la mort de 43 personnes dans des attaques contre trois vil­lages de l’Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, épicentre des violences. Désireux de recevoir le soutien régional et mondial dans sa lutte contre ses insurgés, Buhari a débuté ses visites par ses alliés au Tchad et au Niger. Puis, il s’est rendu au G7 en Allemagne pour appeler les dirigeants des pays riches à le soutenir davantage dans sa lutte contre les islamistes. Il a aussi ordonné le transfert du centre de com­mandement militaire nigérian d’Abuja à Maiduguri, la grande ville du nord-est du pays, au coeur de l’insurrection. Le dynamisme de M. Buhari contraste avec les années d’inaction lors de la présidence de son prédécesseur, Goodluck Jonathan. Selon des observateurs, l’activisme de Buhari rassure la communauté internatio­nale, lassée de la passivité de son prédécesseur et c’est ainsi qu’il pourra réaliser des succès pendant sa période de direction de la force. « L’engagement sans précédent du G7 à soute­nir le pays (le Nigeria), dont les modalités doi­vent encore être mises au point, montre que les dirigeants internationaux ont une grande confiance en M. Buhari », selon Malte Liewerscheidt, analyste d’Afrique chez le centre de recherche Verisk Maplecroft. « Un soutien international accru sera crucial pour l’effort à long terme nécessaire pour battre l’insurrection islamiste », conclut-il.

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