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Universités : Les étudiants attendent leurs élections

May Atta, Mardi, 24 février 2015

Depuis mars 2013, les élections étudiantes n’ont pas eu lieu. Réunis cette semaine au Caire, des étudiants de différends bords politiques, ont réclamé la tenue des élections et la modification du règlement des unions étudiantes.

Universites
(Photo : Mohamad Moustapha)

Réunis cette semaine dans les locaux du parti Pain et Liberté, des étudiants issus de plusieurs partis politiques (l'Egypte forte, Pain et liberté, Al-Dostour, Mouvement des socialistes révolutionnaires, 6 Avril et le Front démocratique) cherchaient une parade à l’absence d’élections universitaires. « Les élections universitaires ne se sont pas déroulées depuis mars 2013. Les Unions universitaires ne sont pas complètes. Il y a aujourd’hui en Egypte 3 millions d’étudiants qui n’ont pas d’unions pour protéger leurs droits », ont-ils précisé.

Après les manifestations du 30 juin 2013 et le renversement de Mohamad Morsi, des manifestations massives avaient été organisées par les étudiants islamistes dans les universités, ce qui avait amené le gouvernement à retarder les élections. Cependant, le gouvernement avait promis aux étudiants que les élections auraient lieu en février 2015. Mais la porte des candidatures n’a finalement jamais été ouverte.

Les étudiants pensent que le gouvernement veut simplement annuler les élections cette année sans donner de raisons. Ils estiment que les élections annuelles des Unions estudiantines sont un droit et qu’elles jouent un rôle important.

« Le ministère de l’Enseignement supérieur a élaboré un règlement au début de l’année universitaire et les étudiants l’ont refusé. Mais le ministère veut maintenir ce règlement malgré les protestations des étudiants. Nous devons modifier ce règlement très restreignant », explique Nagui, du parti Al-Dostour, qui regrette que, en vertu de ce règlement, l’union n’a pas la liberté d’utiliser son budget comme elle l’entend. Et le directeur financier de l’union est nommé par l’université et non pas par les étudiants.

Les étudiants veulent un nouveau règlement élaboré en concertation avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Nagui ajoute que le dernier règlement a, en effet, été élaboré par le ministère qui n’a pas demandé l’avis des Unions universitaires.

Noura Al-Sayed, du Mouvement des socialistes révolutionnaires, ajoute que « si nous avons des unions estudiantines, nous pourrons nous organiser et participer à l’élaboration d’un règlement en faisant des suggestions ».

Les étudiants donnent au ministère une semaine, afin de commencer les élections. « Sinon, nous commenceront des sit-in et des manifestations. Si les élections ont lieu, nous demanderont à ce qu’elles soient contrôlées par des ONG », prévient Noura Al-Sayed.

Pourquoi ce retard ?

Toujours selon Noura, « le gouvernement ne veut pas que les étudiants provoquent d’effervescence politique au sein de l’université ou dans la rue. Les universitaires ont joué un grand rôle dans la révolution du 25 janvier et dans les manifestations qui se sont déroulées contre le Conseil militaire et les Frères musulmans. Le gouvernement ne veut plus que les étudiants jouent ce rôle ».

Mais pour Ghada Moussa, professeur à la faculté de sciences politiques à l’Université du Caire, « l’atmosphère dans les universités n’est pas propice aux élections, surtout à l’approche des examens de fin d’année. Il y a des conflits politiques entre les étudiants et certains professeurs. Ce climat peut négativement influencer le déroulement des élections et affecter la vie à l’université ». Elle ajoute : « Au cours des manifestations qui ont eu lieu ces derniers mois, des étudiants ont été mis en prison, d’autres ont été expulsés. Les forces de sécurité sont retournées dans les campus. Tout cela crée un climat de tension. Dans de telles conditions, je crois que l’annulation des élections cette année est ma meilleure solution ».

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