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Contre l’impunité

Maha Salem avec agences, Lundi, 23 février 2015

En place depuis septembre 2011, l'enquête de l'Onu sur la Syrie va passer à la vitesse supérieure, pour obliger les auteurs de crimes de guerre à cesser leurs exactions.

Contre l’impunité
(Photo : AP)

Dans leur 9e rapport, les enquêteurs onusiens se disent prêts à rendre publique une liste confidentielle d’auteurs de crimes de guerre, qu’ils ont dressée depuis trois ans. Selon eux, s’ils ne le faisaient pas, cela ne ferait que renforcer l’impunité de leurs auteurs. Depuis qu’ils ont commencé à dres­ser cette liste et à la compléter, rapport après rapport, les enquêteurs de l’Onu avaient tou­jours indiqué qu’ils voulaient la garder confi­dentielle. Le président de la commission d’enquête, le Brésilien Paulo Pinheiro, a déclaré qu’il s’attendait à ce que le Conseil des droits de l’Homme de l’Onu prenne une décision sur la publication des noms, lors d’une réunion prévue le 17 mars.

Selon la commission, il s’agit de cinq listes qui doivent être présentées au Conseil des droits de l’Homme le mois prochain. Les listes comprennent des noms de commandants d’unités et de leaders de groupes armés, qui ont été identifiés comme étant responsables de crimes de guerre. Aucun détail n’ a été annon­cé que si le président Bachar Al-Assad ou ses proches figurent sur les listes. « Notre mandat n’est pas seulement demander ce qui est pos­sible de faire pour mettre fin à ces crimes, mais nous devons aussi demander ce qui est juste pour les victimes et le peuple de Syrie », a déclaré M. Pinheiro. « Nous essayons de convaincre et de mobiliser la communauté internationale pour qu’elle examine toutes les options sur la table et qu’elle n’ignore pas la situation horrible et abominable de toutes les victimes de cette guerre », ajoute Pinheiro. La commission d’enquête de l’Onu est composée de quatre membres, dont la Suissesse Carla Del Ponte qui a regretté que malgré cinq réu­nions avec le Conseil de sécurité, il n’y avait jamais eu de suite.

Partageant le même avis, les enquêteurs ont une nouvelle fois demandé au Conseil de sécurité de l’Onu de traduire ces auteurs de crimes de guerre en justice, que ce soit devant la Cour pénale internationale ou devant un tribunal international ad hoc. Un tel tribunal pourrait être basé dans un pays proche de la Syrie. Défendant son régime, l’ambassadeur syrien Bachar Al-Jaafari a, de son côté, estimé que ces enquêtes n’étaient que de la propa­gande destinée à diaboliser son gouverne­ment. « Cette fois, ils présenteront leurs der­nières listes où figurent les noms de tous les accusés, mais ces enquêteurs ne sont jamais entrés dans les territoires syriens, ils dépen­dent seulement sur des témoignages des bles­sés, des déplacés et des réfugiés. On doute toujours de ce genre de témoignage, et les avocats peuvent facilement les rejeter en pré­sentant des contre-témoignages. C’est pour­quoi l’Onu ne peut pas prendre des pas sérieux en se basant sur des rapports qui n’ont pas été effectués sur le terrain, surtout que le régime syrien et les rebelles n’ont pas empêché les enquêteurs d’entrer en Syrie », explique Ayman Abdel-Qader, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram.

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