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Une lueur d’espoir en Libye

Maha Salem avec agences, Mardi, 20 janvier 2015

Les factions rivales libyennes doivent se retrouver à nouveau à Genève dans une nouvelle série de négociations sous l'égide de l’Onu. La communauté internationale pèse de tout son poids pour faire réussir ce dialogue.

Une lueur d’espoir en Libye
Les factions rivales lybiennes se sont mises d'accord pour la formation d'un gouvernement d'unité nationale.

Les parties libyennes sont parvenues à un accord sur un agenda en vue de former un gouvernement d’unité consensuel, ainsi que sur la nécessité de dispositions de sécurité pour arrêter les combats et garantir le retrait par phases des groupes armés de toutes les villes libyennes. L’objectif est de permettre à l’Etat d’affirmer son autorité sur les infrastructures vitales du pays.

Tel est le résultat de la première rencontre de Genève, alors qu’une deuxième est prévue cette semaine pour poursuivre les discussions visant à trouver une issue à la crise libyenne. Participant à la réunion de Genève, avec la Misnul, force des Nations-Unies pour la Libye, les différentes factions ont également appelé à une cessation des hostilités pour « créer un environnement positif pour le dialogue », selon les termes d’un communiqué de l’Onu.

En première réaction à cet accord, une importante coalition de milices libyennes, Fajr Libya, qui contrôle notamment Tripoli, a annoncé depuis vendredi un « cessez-le-feu » sur tous les fronts. Cette coalition hétéroclite de milices, notamment islamistes, a indiqué dans un communiqué avoir accepté « un cessez-le-feu » à condition que les autres parties respectent la trêve. Fajr Libya, qui n’a pas participé au premier round de négociations, s’est engagée à ouvrir des couloirs de sécurité pour la fourniture d’une aide humanitaire, tout spécialement pour Benghazi, deuxième ville du pays qui échappe au contrôle du gouvernement, reconnu par la communauté internationale.

Un bon signe, estiment les experts. « Si Fagr Libya a annoncé un cessez-le-feu, c’est peut-être un indice qu’ils vont participer au nouveau round de discussions », estime Ayman Chabana, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Mais comment expliquer ces nouveaux élans d’espoir alors que la Libye est en plein chaos ? « Toutes les parties en jeu sont devenues conscientes que le face-à-face sur terrain ne mènera à rien, car il ne peut y avoir ni perdant, ni gagnant. Elles se dirigent, donc, vers un accord, une sorte de partage du pouvoir et des richesses. Mais chaque camp doit présenter des concessions pour réaliser ses buts », explique Chabana.

Cela dit, les discussions risquent d’être longues et difficiles. Avant de reprendre les discussions, les participants à la réunion de Genève ont regagné la Libye pour des consultations. Bernardino Leon, représentant spécial du secrétaire général de l’Onu pour la Libye et chef de la mission onusienne Misnul, a fait état de la participation de membres du Parlement reconnu par la communauté internationale, de personnalités de la société civile, dont des femmes, et de membres des gouvernements provisoires précédents. Des membres du Parlement sortant, le Congrès Général National (CGN), basé à Tripoli, ont été invités mais étaient toujours attendus à Genève. Pour le moment, on fait preuve d’optimisme prudent, d’autant plus que certaines parties n’ont pas participé au premier round. Ceux-là sont invités, par l’Onu et l’Union Européenne (UE), à s’y joindre. Le Parlement européen a, même, demandé à l’UE d’adopter des sanctions ciblées contre les leaders libyens responsables des actes de violence qui ont plongé leur pays dans le chaos. Ces sanctions devraient inclure le gel des avoirs et l’interdiction de voyage pour ces responsables. « Ces menaces sont utilisées souvent par l’Occident, comme outil de pression sur les parties en conflit pour les pousser à se mettre d’accord. Mais, en Libye, l’application de ces sanctions est difficile, car les parties en conflit ont leurs propres sources de financement », explique le chercheur du CEPS d’Al-Ahram.

Revendications communes, intérêts opposés

L’objectif de ces négociations est de tenter de sortir la Libye du chaos, dans lequel elle s’est enfoncée depuis la chute de Moammar Kadhafi en octobre 2011. Le pays est passé sous la coupe de milices d’ex-rebelles, qui se disputent les territoires de ce vaste pays désertique et la manne pétrolière. La situation s’est aggravée ces derniers mois avec deux gouvernements et deux Parlements parallèles, et les deux plus grandes villes du pays, Tripoli et Benghazi (est), sont tombées, entièrement ou partiellement, aux mains des milices. La tâche s’annonce, particulièrement, ardue pour rapprocher les deux gouvernements actuels, celui lié aux miliciens de Fajr Libya, et l’autre reconnu par la communauté internationale, qui siège à Al-Baïda (à l’est de Tripoli). Les parties en conflit ont, donc, des intérêts opposés, chacune tentant de préserver ses acquis. En même temps, il existe des revendications communes. Les participants demandent notamment la libération des détenus illégaux, le traitement de la question des déplacés et des réfugiés, la réouverture des aéroports et la liberté de mouvement dans le pays.

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