
L'armée iraqienne en déploiement contre les soldats de l'Etat islamique.
(Photo: Reuters)
Les forces gouvernementales syriennes sont parvenues à repousser, dimanche 7 décembre, un assaut de l’organisation djihadiste de l’Etat Islamique (EI) contre l’important aéroport militaire de la province de Deir Ezzor. L’OSDH (Observatoire Syrien des Droits de l’Homme), source de cette information, précise que les deux parties ont subi de lourdes pertes au cours de cet assaut (plus 100 hommes pour l’EI, environ 60 pour le régime syrien).
Considéré comme la seule voie de ravitaillement des forces gouvernementales dans l’est de la Syrie, l’aéroport de Deir Ezzor a une importance vitale pour le régime de Bachar Al-Assad. C’est également de cet aéroport qu’avions et hélicoptères de l’armée syrienne décollent pour mener leurs raids dans plusieurs régions de Syrie. Toutefois, malgré cette déconvenue de plus pour l’organisation d’Abu Bakr Al-Baghdadi, la quasi-totalité de la province de Deir Ezzor reste sous l’emprise de l’Etat islamique et le conflit continue de s’enliser, à tel point que c’est désormais à une véritable guerre de positions que se livrent les différents acteurs du conflit.
A l’image de la levée du siège de Baïji, plus grande raffinerie d’Iraq, les succès relatifs réalisés récemment par l’armée iraqienne et ses alliés ne doivent cependant pas faire oublier que le territoire de l’Etat islamique n’a sensiblement pas bougé depuis le début des opérations de la coalition internationale. Menée par les Etats-Unis et constituée de plusieurs pays, celle-ci continue à bombarder les positions de Daech (acronyme arabe de l’Etat islamique) en Iraq. Les Etats-Unis ainsi qu’une poignée de pays arabes bombardent également les positions de l’Etat islamique sur le territoire syrien, tout en continuant de condamner le régime de Bachar Al-Assad. Presque trois mois après le début des bombardements, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a estimé, le 2 décembre, à plus d’un millier, le nombre de frappes contre Daech, déclarant que « la dynamique de l’EI a été stoppée » et affirmant que « cela contrarie leurs actions ».
Mobilisation générale
La nomination aux Etats-Unis, le 5 décembre dernier, de Ashton Carter au poste de secrétaire d’Etat à la défense et la réaffirmation par la même occasion que la guerre contre l’EI est toujours au coeur des préoccupations viennent démontrer une fois de plus l’intérêt suscité par ce conflit dans le monde entier. En effet, les condamnations en masse ainsi que la mobilisation se poursuivent, à l’instar du roi Abdallah de Jordanie qui a décrit la semaine dernière le conflit contre l’Etat islamique de « troisième guerre mondiale », ou encore le prince héritier de Bahreïn qui a déclaré vouloir combattre la « théocratie fasciste » (en référence à l’EI). Le Conseil de coopération du Golfe, qui réunit ses monarchies pétrolières réconciliées depuis peu, vient de se réunir à ce propos, mardi 9 décembre, à Doha au Qatar pour établir, au-delà des traditionnels pourparlers pétroliers et financiers, une structure commune de défense et de sécurité efficace pour faire face à la menace de l’Etat islamique.
La guerre contre l’Etat islamique n’implique toutefois pas seulement les membres de la coalition. Elle inclut aussi le régime chiite syrien qui lutte à la fois contre l’opposition modérée et contre les djihadistes de l’EI (mais aussi contre le front sunnite Al-Nosra, franchise locale d’Al-Qaëda). En ayant choisi d’offrir une interview, la première depuis plusieurs mois, à un journal français, le président syrien continue de narguer la coalition internationale, affirmant que ses frappes n’étaient « ni sérieuses ni efficaces ». La désignation d’un ennemi commun ne saurait donc faire oublier les antagonismes entre le régime syrien et la majeure partie de l’opinion internationale qui le considère toujours comme l’un des facteurs de l’expansion subite de l’Etat islamique en Syrie.
L’Iran a également récemment militairement pris part au conflit en bombardant l’organisation d’Abu Bakr Al-Baghdadi en Iraq, affirmant agir de manière indépendante. « Nous n’avons aucune coordination avec les Américains. Nous coordonnons seulement avec le gouvernement iraqien », déclarait le 5 décembre Ibrahim Rahimpour, vice-ministre des Affaires étrangères, dans une interview au quotidien britannique The Guardian. Cette coopération de fait intervient alors qu’un accord est toujours en négociation à propos de la volonté de la République islamique de se doter de l’énergie nucléaire. Les pays impliqués dans ces négociations ont d’ailleurs immédiatement rappelé qu’un soutien stratégique et militaire de l’Iran, qui a volontairement été gardé à l’écart de la coalition internationale, dans cette guerre ne serait pas source de complaisance dans l’épineux dossier nucléaire.
Malgré cette coopération de fait entre plusieurs puissances régionales et internationales contre l’organisation djihadiste de l’EI, le conflit ne semble pas marquer un tournant et ne semble pas près de toucher à sa fin.
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