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Un scrutin sans véritable intérêt

Maha Salem avec agences, Mardi, 23 octobre 2012

Boycottées par Hamas, les élections municipales en Cisjordanie ont été remportées sans surprise par le Fatah. Elles révèlent surtout l’ampleur de la division inter-palestinienne.

Comme prévu, le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbass a obtenu la victoire aux municipales qui ont eu lieu samedi dernier en Cisjordanie. C’est la première fois que les Palestiniens étaient consultés depuis les élections législatives de 2006 remportées par le Hamas. Avec le boycott du Hamas, la victoire de son rival était assurée. Malgré cela, le Fatah a considéré cette victoire comme un large référendum populaire sur le programme politique du mouvement et sa performance nationale. « Dans certains cas, les listes étaient à 100 % Fatah, dans d’autres nous avons fait liste commune avec d’autres mouvements », a rappelé un porte-parole du mouvement, Ahmad Assaf, qui a jugé satisfaisant le taux de participation. « Malgré les tentatives du Hamas, la participation a été bonne, ce qui prouve que les citoyens ont refusé la politique du Hamas, au pouvoir à Gaza », a déclaré Assaf.

Selon les résultats publiés par la Commission Electorale Centrale (CEC), les listes « Croissance et indépendance » soutenues par le Fatah ont obtenu près de 440 des 1051 sièges en jeu, sans compter les listes proches du mouvement. Le vote n’a eu lieu que dans 93 des 353 municipalités de Cisjordanie, faute de compétition dans les autres, mais il y a eu un scrutin dans « tous les grands centres urbains, qui regroupent 52% des électeurs inscrits de Cisjordanie », remarque le Centre.

En l’absence du Hamas, au pouvoir à Gaza, la compétition opposait des candidats du Fatah du président Mahmoud Abbass, des indépendants et des membres de diverses formations de gauche comme le Front populaire de libération de la Palestine.

« La participation finale s’est établie à 54,8 % » a annoncé le président de la CEC, Hanna Nasser. A cet égard, Abbass a déploré que « ces élections n’incluent pas l’ensemble des territoires palestiniens, à propos de Jérusalem-Est, occupé par Israël, et du boycottage du Hamas. Mais nous espérons qu’à l’avenir, elles auront également lieu à Jérusalem et à Gaza. Nous espérons que nos frères au Hamas permettront que ce processus démocratique ait lieu à Gaza, non seulement pour les élections municipales, mais aussi pour la présidentielle, les législatives et au Conseil national palestinien (CNP, Parlement de l’Organisation de libération de la Palestine), comme nous en sommes convenus », a-t-il ajouté, en référence à l’accord de réconciliation nationale entre Fatah et Hamas. Cet accord prévoit la tenue des élections générales à Gaza et la Cisjordanie au début de l’année prochaine. Une date qui peut être reportée si l’accord de la réconciliation inter-palestinienne ne sera pas appliqué d’ici deux mois.

En réaction à ces déclarations, le porte-parole du Hamas à Gaza, Fawzi Barhoum, a expliqué que « ces élections renforcent la division et n’ont rien à voir avec le consensus national. Ce ne sont pas des élections du peuple palestinien mais du Fatah», a-t-il dit.

Défendant le président palestinien, le coordinateur spécial de l’Onu pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert Serry, a espéré dans un communiqué que « ces élections locales qui n’ont que trop tardé, préludent à des élections générales organisées l’année prochaine dans l’ensemble des territoires palestiniens occupés, dans le contexte de la réconciliation ». Il s’agissait essentiellement d’un test pour la discipline et les rapports de forces internes au Fatah, confronté à des dissidences, comme à Naplouse (nord), où un ancien maire se présentait sur une liste indépendante contre le candidat officiel du mouvement.

Malgré la victoire du Fatah, la campagne électorale a mis en évidence de profondes divisions dans le territoire et a souligné les difficultés du Fatah à y imposer son autorité. Elle a révélé de nombreuses fissures au sein du mouvement, sur fond de crise financière, de rivalité avec les islamistes et d’impasse dans les discussions avec Israël. Confronté à de violentes manifestations contre la cherté de la vie le mois dernier, le Fatah s’est présenté à ce scrutin, avec dans plusieurs localités des candidats dissidents de diverses factions et fidélités personnelles. En effet, l’organisation d’élections législatives ou la désignation d’un nouveau président, qui auraient déjà dû avoir lieu, seront probablement repoussées tant qu’un accord de réconciliation n’aura pas été trouvé avec le Hamas — afin de ne pas « officialiser » la séparation entre Cisjordanie et Gaza

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