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Liban : un gouvernement de quelques mois

Maha Salem, Mardi, 18 février 2014

Exacerbé par le conflit en Syrie voisine qui divise profondément le pays, le premier ministre a annoncé les noms du nouveau cabinet. Une tâche difficile attend ce nouveau gouvernement.

Liban
(Photo : AP)

Après 10 mois de blocage, le Liban s’est doté d’un gouverne­ment de compromis réunissant les deux blocs rivaux. Le nouveau premier ministre, Tammam Salam, désigné depuis avril 2013, aura la lourde tâche de diriger un gouvernement dans un pays pro­fondément divisé quant à l’impli­cation du puissant mouvement chiite Hezbollah dans les combats en Syrie aux côtés des forces du régime de Bachar Al-Assad. Répercussion de la guerre chez le voisin, le pays est secoué par une vague d’attentats sanglants, visant surtout le Hezbollah, et accueille des centaines de milliers de réfu­giés syriens.

Ce gouvernement devrait cepen­dant être de courte durée en raison de l’élection présidentielle prévue au printemps après laquelle un nouveau cabinet doit être formé, selon la Constitution. « C’est un gouverne­ment rassembleur et c’est la meilleure formule pour permettre au Liban de faire face aux défis », a affirmé Tammam Salam, après l’annonce de la liste du gou­vernement. Conscient des défis qu’il doit affronter, Salam a toutefois affirmé que le chemin est plein d’embûches. Il a affirmé qu’il oeuvrera pour renforcer la sécurité afin de faire face à toutes formes de terro­risme, traitera les problèmes socioécono­miques épineux, notamment celui de l’augmentation des réfugiés frères syriens et ce que cela suppose comme fardeau.

Pour la première fois depuis 3 ans, le gouvernement réunit les deux camps rivaux : celui du Hezbollah et la coalition dite du 14 Mars de l’ex-premier ministre, le sunnite Saad Hariri, qui soutient l’oppo­sition syrienne. Grâce à un compromis à l’arraché, le gouvernement de 24 ministres accorde 8 portefeuilles au camp du Hezbollah dont 2 pour des membres du parti, 8 au 14 Mars et 8 à des ministres proches du président Michel Sleimane, considéré comme neutre, et du leader druze, Walid Joumblatt, considéré comme centriste. Selon cette formule, aucun des deux principaux rivaux ne peut bloquer les décisions gouvernementales.

Selon des sources proches du 14 Mars, Hariri a fait une grande concession en acceptant de participer à ce gouvernement avec le Hezbollah, un parti qu’il accuse d’être derrière l’assassinat de son père, le dirigeant Rafic Hariri. Hariri avait justifié sa décision d’y prendre part en affirmant que c’était pour sauver le pays de l’insta­bilité. Il a dû cependant retirer la candida­ture au poste-clé de l’Intérieur de son favori, le général à la retraite, Achraf Rifi, ancien chef influent de la police libanaise et bête noire du parti chiite qui a opposé son veto. Le choix pour l’Intérieur s’est fixé sur Nouhad Al-Machnouk, un député du courant du Futur de Hariri, et Rifi a été nommé ministre de la Justice.

En outre, le mouvement de l’allié chré­tien du Hezbollah, Michel Aoun, obtient le poste convoité des Affaires étrangères, attribué à son gendre Gebrane Bassil, et celui de l’Energie, pour lequel est nommé un Arménien, Arthur Nazarian. Contrairement au gouvernement précé­dent, dépourvu de femmes, une seule a été nommée au cabinet, Alice Chabtini, une magistrate de premier plan qui s’est vu confier le portefeuille des Déplacés. Le principal courant chrétien allié de Hariri et farouche opposant au Hezbollah, les Forces libanaises, a refusé de participer au gouvernement. La formation d’un gouver­nement au Liban doit tenir compte de l’équilibre confessionnel dans un pays où coexistent 18 communautés religieuses musulmanes et chrétiennes.

Ainsi, les postes au Parlement et au gou­vernement sont attribués à parité aux chrétiens et aux musulmans, bien que les premiers soient minoritaires. Selon l’Onu, le nombre de réfugiés syriens a atteint plus de 900 000 personnes au Liban, soit près d’un cinquième de sa population. La for­mation du gouvernement intervient alors que le pays est pris dans un cycle de vio­lences et d’attentats liés au conflit syrien qui a exacerbé les divisions politiques, mais aussi les tensions entre sunnites, en majorité pro-opposition, et chiites, qui soutiennent pour la plupart Damas.

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