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Genève-2 : Mission d’espoir pour la Syrie

Maha Salem avec agences, Mardi, 26 novembre 2013

Alors que la Russie, les Etats-Unis et l'Onu tentent de réunir le régime syrien et l'opposition à la même table de négociations, les groupes rebelles essaient de s'unir pour trouver du soutien.

Genève-2 : Mission d’espoir pour la Syrie
Les Syriens caressent l'espoir de régler leur crise à Genève-2. Photo:(Reuters)

Après de longues réu­nions acharnées, la com­munauté internationale a fixé le 22 janvier pour organiser la conférence de paix inter­nationale Genève-2. Reportée plu­sieurs fois, cette conférence est sur­nommée par l’Onu « Mission d’es­poir », espérant cette fois-ci de trou­ver une issue à la crise syrienne qui date depuis 32 mois de conflit qui a déjà fait bien plus de 100 000 morts, qui a chassé de leurs foyers près de 9 millions de personnes, qui a fait un nombre incalculable de disparus et de détenus, bouleversant la région et imposant un fardeau inacceptable aux voisins de la Syrie. Ainsi, réunis à Genève lundi dernier, des diplomates américains, russes et de l’Onu se sont retrouvés pour non seulement fixer la date de la conférence, mais aussi pour étudier comment forcer les protago­nistes de se réunir autour d’une seule table de négociations. Et pour arriver à cet objectif, la communauté interna­tionale s’est mis d’accord pour tenir des réunions préparatoires avant la conférence de janvier.

Et le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a rappelé aux deux parties que le but de Genève-2 serait de mettre en oeuvre le plan pour un règlement politique du conflit adopté en juin 2012 par les grandes puis­sances.

« Le secrétaire général attend des représentants syriens qu’ils viennent à Genève bien conscients du fait que (ce plan) est l’objectif, et avec la ferme intention de mettre fin à la guerre. Le conflit fait rage depuis trop longtemps. Il serait impardon­nable de ne pas saisir cette occasion de mettre fin aux souffrances et aux destructions qu’il a provoquées », a dit le porte-parole de l’Onu, Martin Nesirky.

Si le régime et l’opposition ont donné leur accord de principe pour participer à cette réunion, chacun pose des conditions que l’adversaire juge rédhibitoires. Echaudée par les nombreux reports de la conférence, l’Onu se garde de tout optimisme quant à la probabilité que la réunion ait lieu à la date annoncée. « La com­munauté internationale n’a pas réus­si à organiser cette conférence de paix jusqu’à maintenant. Ce qui pro­fite à Bachar Al-Assad, qui compte gagner du temps pour s’approcher de la date des élections présidentielles en avril 2014. A ce temps, il s’agit de deux scénarios : il va quitter le pays en se réfugiant en Russie. Deuxième scénario, s’il devient sûr et certain qu’il gagne, il sera candidat à ces élections. Et une fois il les remporte­ra, il s’appuiera sur sa légitimité devant la communauté internatio­nale », explique Mohamad Sami, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.

En effet, l’opposition syrienne pose comme condition que le président Bachar Al-Assad quitte le pouvoir et soit exclu de toute phase transitoire. Le régime syrien exclut, lui, tout départ de M. Assad. « La question de savoir si Assad compte envoyer une délégation à Genève qui aura un pouvoir décisionnel est encore en suspens », a expliqué un diplomate de l’Onu. Mais le départ d’Assad n’est pas maintenant le seul point d’achoppement, il s’agit d’un autre problème plus important, celui de la forme que pourrait prendre la partici­pation de l’Iran, un allié de Damas, et de l’Arabie saoudite, qui soutient l’opposition, à la conférence.

« Ainsi, l’affrontement entre les 2 camps de conflit avec l’aide de leurs alliés sera plus féroce que jamais, surtout après l’accord nucléaire signé entre la communauté interna­tionale et l’Iran. Chaque allié va exercer une forte pression pour impo­ser son avis et sa solution », affirme Sameh Rached, spécialiste du dossier syrien à Al-Ahram.

Les rebelles s’unissent

Essayant d’attirer l’attention à leur présence pour avoir un soutien, des groupes islamistes combattant le régime de Bachar Al-Assad ont fusionné vendredi pour constituer la plus importante force rebelle, appe­lée le « Front islamique », afin de faire face aux avancées du régime et aux menaces des djihadistes. « Le Front islamique est une force sociale et militaire indépendante qui a pour objectif de renverser le régime Assad et de le remplacer par un Etat isla­mique juste », affirme vendredi un communiqué de cette nouvelle force. Partageant le même avis, Abou-Firas, porte-parole de la plus grande brigade d’insurgés d’Alep (nord), Liwaâ al-tawhid, a annoncé qu’« il n’y aura qu’un seul commandement, une seule armée et une seule poli­tique ». Il s’agit de la plus impor­tante fusion de groupes rebelles isla­mistes depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011. Parmi eux figu­rent notamment Liwaâ al-tawhid (proche des Frères musulmans), Ahrar Al-Cham (salafiste), Jaïch al-islam, considéré comme proche de l’Arabie saoudite, et le Front isla­mique kurde. « Si ce front se révèle solide à long terme, c’est un déve­loppement très significatif. Il s’agit d’une force militaire considérable, largement au-dessus des 50 000 hommes, qui dominerait très nette­ment la scène insurgée », explique l’expert de la Syrie, Thomas Pierret, à l’AFP, tout en ajoutant que la mise en place du front est le fruit d’un effort commun de l’Arabie et du Qatar. Mais selon d’autres analystes, tel Mohamad Sami, il croit que cette alliance a été faite à cause des récentes avancées de l’armée syrienne. En effet, cette fusion est très importante si elle réussit à se maintenir, car elle regroupe les plus importantes factions et les chefs les plus connus. En plus, elle laisse les portes ouvertes à toutes les factions militaires tout en formant une com­mission qui examinera toutes les demandes des groupes qui souhai­taient faire partie de ce front .

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