
Les Syriens caressent l'espoir de régler leur crise à Genève-2.
Photo:(Reuters)
Après de longues réunions acharnées, la communauté internationale a fixé le 22 janvier pour organiser la conférence de paix internationale Genève-2. Reportée plusieurs fois, cette conférence est surnommée par l’Onu « Mission d’espoir », espérant cette fois-ci de trouver une issue à la crise syrienne qui date depuis 32 mois de conflit qui a déjà fait bien plus de 100 000 morts, qui a chassé de leurs foyers près de 9 millions de personnes, qui a fait un nombre incalculable de disparus et de détenus, bouleversant la région et imposant un fardeau inacceptable aux voisins de la Syrie. Ainsi, réunis à Genève lundi dernier, des diplomates américains, russes et de l’Onu se sont retrouvés pour non seulement fixer la date de la conférence, mais aussi pour étudier comment forcer les protagonistes de se réunir autour d’une seule table de négociations. Et pour arriver à cet objectif, la communauté internationale s’est mis d’accord pour tenir des réunions préparatoires avant la conférence de janvier.
Et le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a rappelé aux deux parties que le but de Genève-2 serait de mettre en oeuvre le plan pour un règlement politique du conflit adopté en juin 2012 par les grandes puissances.
« Le secrétaire général attend des représentants syriens qu’ils viennent à Genève bien conscients du fait que (ce plan) est l’objectif, et avec la ferme intention de mettre fin à la guerre. Le conflit fait rage depuis trop longtemps. Il serait impardonnable de ne pas saisir cette occasion de mettre fin aux souffrances et aux destructions qu’il a provoquées », a dit le porte-parole de l’Onu, Martin Nesirky.
Si le régime et l’opposition ont donné leur accord de principe pour participer à cette réunion, chacun pose des conditions que l’adversaire juge rédhibitoires. Echaudée par les nombreux reports de la conférence, l’Onu se garde de tout optimisme quant à la probabilité que la réunion ait lieu à la date annoncée. « La communauté internationale n’a pas réussi à organiser cette conférence de paix jusqu’à maintenant. Ce qui profite à Bachar Al-Assad, qui compte gagner du temps pour s’approcher de la date des élections présidentielles en avril 2014. A ce temps, il s’agit de deux scénarios : il va quitter le pays en se réfugiant en Russie. Deuxième scénario, s’il devient sûr et certain qu’il gagne, il sera candidat à ces élections. Et une fois il les remportera, il s’appuiera sur sa légitimité devant la communauté internationale », explique Mohamad Sami, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.
En effet, l’opposition syrienne pose comme condition que le président Bachar Al-Assad quitte le pouvoir et soit exclu de toute phase transitoire. Le régime syrien exclut, lui, tout départ de M. Assad. « La question de savoir si Assad compte envoyer une délégation à Genève qui aura un pouvoir décisionnel est encore en suspens », a expliqué un diplomate de l’Onu. Mais le départ d’Assad n’est pas maintenant le seul point d’achoppement, il s’agit d’un autre problème plus important, celui de la forme que pourrait prendre la participation de l’Iran, un allié de Damas, et de l’Arabie saoudite, qui soutient l’opposition, à la conférence.
« Ainsi, l’affrontement entre les 2 camps de conflit avec l’aide de leurs alliés sera plus féroce que jamais, surtout après l’accord nucléaire signé entre la communauté internationale et l’Iran. Chaque allié va exercer une forte pression pour imposer son avis et sa solution », affirme Sameh Rached, spécialiste du dossier syrien à Al-Ahram.
Les rebelles s’unissent
Essayant d’attirer l’attention à leur présence pour avoir un soutien, des groupes islamistes combattant le régime de Bachar Al-Assad ont fusionné vendredi pour constituer la plus importante force rebelle, appelée le « Front islamique », afin de faire face aux avancées du régime et aux menaces des djihadistes. « Le Front islamique est une force sociale et militaire indépendante qui a pour objectif de renverser le régime Assad et de le remplacer par un Etat islamique juste », affirme vendredi un communiqué de cette nouvelle force. Partageant le même avis, Abou-Firas, porte-parole de la plus grande brigade d’insurgés d’Alep (nord), Liwaâ al-tawhid, a annoncé qu’« il n’y aura qu’un seul commandement, une seule armée et une seule politique ». Il s’agit de la plus importante fusion de groupes rebelles islamistes depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011. Parmi eux figurent notamment Liwaâ al-tawhid (proche des Frères musulmans), Ahrar Al-Cham (salafiste), Jaïch al-islam, considéré comme proche de l’Arabie saoudite, et le Front islamique kurde. « Si ce front se révèle solide à long terme, c’est un développement très significatif. Il s’agit d’une force militaire considérable, largement au-dessus des 50 000 hommes, qui dominerait très nettement la scène insurgée », explique l’expert de la Syrie, Thomas Pierret, à l’AFP, tout en ajoutant que la mise en place du front est le fruit d’un effort commun de l’Arabie et du Qatar. Mais selon d’autres analystes, tel Mohamad Sami, il croit que cette alliance a été faite à cause des récentes avancées de l’armée syrienne. En effet, cette fusion est très importante si elle réussit à se maintenir, car elle regroupe les plus importantes factions et les chefs les plus connus. En plus, elle laisse les portes ouvertes à toutes les factions militaires tout en formant une commission qui examinera toutes les demandes des groupes qui souhaitaient faire partie de ce front .
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