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Palestine : Un dangereux statu quo

Sabah Sabet , (avec Agences) , Mercredi, 27 avril 2022

La tension reste palpable dans les Territoires occupés avec des affrontements quasi quotidiens entre Palestiniens et forces israéliennes. Des violences qui font redouter un embrasement général.

Palestine : Un dangereux statu quo
Près de 200 Palestiniens ont été blessés dans des heurts avec les Israéliens au cours de la semaine dernière.

Pâque juive et Ramadan ne font pas bon ménage à Jérusalem, surtout quand les forces israéliennes entrent à l’intérieur de la mosquée d’Al-Aqsa. Pour la troisième semaine successive, de nouveaux heurts ont éclaté, vendredi 22 avril, sur l’Esplanade des mosquées de Jérusalem entre les forces de police israéliennes qui sont y entrées et des jeunes Palestiniens qui ont lancé des pierres dans leur direction. Les forces d’occupation israéliennes ont utilisé des drones pour lancer des grenades lacrymogènes pour la première fois sur la mosquée d’Al-Aqsa. Les drones israéliens ont lancé une salve de grenades lacrymogènes sur les fidèles de la mosquée d’Al-Aqsa, provoquant l’étouffement de dizaines d’entre eux. Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé que ses équipes avaient traité 26 cas d’étouffement, dont 9 enfants. Au total, plus de 200 personnes, majoritairement des Palestiniens, ont été blessées lors de précédents heurts au cours de la dernière semaine.

Les autorités israéliennes qui contrôlent l’accès à l’esplanade ont fermé les points de passage permettant aux Palestiniens de Cisjordanie de se rendre à Jérusalem. La présence, pendant le Ramadan, de nombreux juifs et le déploiement sur place de forces policières ont été largement perçus par des Palestiniens et plusieurs pays de la région comme un geste de « provocation ». La tension est d’autant plus grande que des colons israéliens et des groupes extrémistes appellent à envahir la mosquée.

La tension à Jérusalem a également gagné la bande de Gaza : des tirs de roquettes lancés vers Israël depuis la bande de Gaza par des Palestiniens, suivis de frappes israéliennes contre ce territoire et de mesures punitives. Israël a ainsi interdit depuis le dimanche 24 avril les Palestiniens de Gaza de travailler sur son territoire et fermé le passage d’Erez. La fermeture du point de passage d’Erez, le seul qui permet la circulation de personnes entre la bande de Gaza et le territoire israélien, va affecter des milliers de Palestiniens de l’enclave pauvre soumise à un blocus israélien depuis plus de quinze ans. Hormis le point de passage de Rafah, entre le sud de la bande de Gaza et l’Egypte, Israël contrôle toutes les entrées et les sorties de l’enclave, aussi bien celles des marchandises que des personnes.

Et avant les violences de chaque vendredi à Al-Aqsa, la tension était déjà palpable depuis plusieurs semaines. Après plusieurs attaques anti-israéliennes, les forces israéliennes ont depuis eu carte blanche pour « vaincre la terreur », engageant notamment des opérations en Cisjordanie, territoire palestinien occupé. Bilan côté palestinien : plus d’une vingtaine de morts.

Ce climat rappelle les incidents de mai 2021, quand des affrontements avaient eu lieu entre forces israéliennes et manifestants palestiniens pendant le Ramadan à Jérusalem, notamment sur l’Esplanade des mosquées, et avaient mené à une guerre meurtrière de onze jours entre le Hamas, au pouvoir à Gaza, et l’armée israélienne. D’où la crainte d’une escalade, d’autant plus que les réactions internationales restent bien modestes.

Une situation éclipsée par le conflit en Ukraine

Face à cette escalade, plusieurs ministres arabes réunis jeudi 21 avril à Amman, en Jordanie, ont ainsi condamné « les attaques et les violations israéliennes contre les fidèles de la mosquée d’Al-Aqsa », site administré par la Jordanie, mais dont l’accès est contrôlé par l’Etat hébreu. La réunion a porté sur les moyens de faire face à la dangereuse escalade israélienne dans la mosquée d’Al-Aqsa et de consolider une action commune pour arrêter les attaques et les violations israéliennes des lieux saints, arrêter la violence et rétablir un calme général. Le comité ministériel de la Ligue arabe a également appelé la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité des Nations-Unies, à « prendre des mesures immédiates et efficaces pour mettre fin aux pratiques israéliennes illégales et provocatrices à Jérusalem et à la mosquée d’Al-Aqsa, afin de protéger le droit international et la Charte des Nations-Unies, d’empêcher une exacerbation de la vague de violence et de maintenir la sécurité et la paix ».

Mais côté international, la situation en Palestine est éclipsée par le conflit en Ukraine. Le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, s’est simplement dit « profondément préoccupé par la détérioration de la situation à Jérusalem », déclarant être « en contact avec toutes les parties afin de réduire les tensions et d’empêcher les actions et la rhétorique incendiaires ». Antonio Guterres a réitéré la nécessité de « préserver et respecter le statu quo dans les lieux saints », selon ce qui est indiqué dans les deux déclarations. Et, les Nations-Unies ont appelé à une enquête immédiate sur les violences perpétrées par les forces d’occupation contre les Palestiniens à la mosquée d’Al-Aqsa, a déclaré la porte-parole du Bureau des droits de l’homme de l’Onu, Ravina Shamdasani, lors d’une conférence de presse à Genève vendredi 22 avril. Quant au chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, il a « réitéré le soutien inébranlable du gouvernement » américain « à la sécurité d’Israël et a condamné les récentes attaques de roquettes depuis Gaza », tout en promettant simplement de vouloir trouver une solution pour améliorer la vie des Palestiniens. Une vraie solution est donc lointaine.

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