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Mona Soliman : Les Libanais ne peuvent pas se permettre une nouvelle guerre civile

Maha Salem, Mardi, 19 octobre 2021

3 questions à Dr Mona Soliman, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire, sur les risques qu’encourt le Liban.

Al-Ahram Hebdo : Le procès de l’explosion du port de Beyrouth continue de poser problème. Ce procès va-t-il aboutir un jour ?

Dr Mona Soliman : Jusqu’à présent, il y a eu trois juges et l’enquête a été suspendue trois fois. Il faut savoir que le procès, s’il aboutit, va certainement incriminer le Hezbollah, car c’est à lui qu’appartenaient les matières explosives stockées au port. C’est pour cette raison que le puissant Hezbollah exerce des pressions sur le juge chargé de l’affaire et ses assistants pour qu’ils démissionnent ou soient remplacés. C’est la raison pour laquelle le procès n’aboutit pas.

— Le Liban a célébré le 2e anniversaire du déclenchement du mouvement de révolte sur fond de nouvelles tensions confessionnelles dues à ce procès. Y a-t-il un risque d’une nouvelle guerre civile après les événements de jeudi ?

— Je ne pense pas. Les Libanais ne peuvent pas se permettre une nouvelle guerre civile. Les différents camps savent parfaitement qu’ils ne peuvent plus supporter les frais d’une nouvelle guerre. Cela dit, tout est possible. Il faut suivre la situation de près pour voir si ce genre d’affrontements se répète et s’il prend de l’ampleur. Le pays possède 18 confessions, et parfois, elles sont elles-mêmes divisées. Les chiites restent le camp le plus unifié et le plus fort. C’est pour cela que les autres camps ne veulent pas s’embarquer dans une guerre civile. Au cours des événements de jeudi dernier, par exemple, chaque camp a préféré la guerre verbale sans vraiment passer à l’action.

— Face à cette situation, le nouveau gouvernement peut-il éclater ?

— Pour le moment, la communauté internationale soutient le gouvernement par crainte d’un nouveau vide politique. En même temps, les différents soutiens aux différents camps tiennent à ce qu’il réussisse. Par exemple, les négociations sur le nucléaire doivent reprendre le mois prochain avec l’Iran. Et ce dernier garde en main le Liban comme une carte de pression. En fait, c’est le Hezbollah qui tient les ficelles en main, le gouvernement n’éclatera que si les ministres du parti chiite démissionnent.

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