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Dbeibah, l’homme providentiel ?

Maha Salem avec agences, Mardi, 09 février 2021

Le choix de Abdel Hamid Dbeibah au poste de premier ministre intérimaire a créé la surprise.Sa capacité à mener à bien sa mission reste hasardeuse.

Dbeibah, l’homme providentiel ?
Jusque-là inconnu des milieux politiques, le nom de Abdel Hamid Dbeibah, chef de l’exécutif intérimaire libyen, riche homme d’affaires de 61 ans, est celui qu’il faudra désormais retenir. (Photo : AFP)

Ingénieur et riche homme d’affaires, Abdel Hamid Dbeibah a été désigné, 5 février, premier ministre par intérim de la Libye. Réputé proche de la Turquie et de la confrérie islamiste des Frères musulmans, il doit réaliser la stabilité et la sécurité à son pays. Agé de 61 ans, Dbeibah est né à Misrata (ouest), à l’est de Tripoli, historiquement au carrefour des routes marchandes transsaha­riennes et du négoce maritime en Méditerranée. Sous le régime du dictateur Mouammar Kadhafi, chassé par une révolte populaire en 2011 après 42 ans au pouvoir, la troisième ville de Libye a connu un boom industriel et économique dont beaucoup de familles de notables locaux, y compris celle du nouveau premier ministre, ont profité. Dbeibah est titulaire d’un Master en planification et techniques du bâtiment de l’Université de Toronto (Canada).

Sa nomination a créé la surprise, car il a occupé plusieurs fonctions importantes sous le régime de Kadhafi, figurant dans le premier cercle des hommes de confiance de l’ancien dictateur. Et en plus, il est considéré proche d’Ankara (qui a des intérêts économiques à Misrata) et des Frères musulmans, car il dirige une holding disposant de filiales partout dans le monde, y compris en Turquie.

« La nomination de Dbeibah était une surprise, car la majorité des Libyens refusent toutes les personnes qui ont des liens avec l’ancien régime. Mais il semble que c’était le meilleur choix. Mais les Libyens sont fatigués de guerre et de chaos, alors il fallait une personnalité acceptée par le camp de Haftar et celui d’Al-Sarraj. Ce dernier a cédé son poste sous la pression de la Turquie, qui voulait changer son homme et trouver une nou­velle figure qui peut devenir son allié même sans l’annoncer », explique Dr Ayman Chabana, profes­seur de sciences politiques à l’Université du Caire. Cela dit, estime l’analyste, « il faut noter que le nouveau premier ministre est connu pour être un bon négociateur, il est donc capable d’unifier les différents camps. Il est connu pour ses compé­tences qui peuvent lui permettre de conduire la Libye vers plus de stabilité. Aussi, il possède un caractère influent. Maintenant, la balle est dans les mains des pays de la région qui continuent d’avoir leur mot à dire ».

Ayman Chabana estime en outre que le discours du nouveau premier ministre intérimaire était posi­tif, car il a tendu la main à tous les Libyens, mais aussi à tous les pays voisins. Avis partagé par plu­sieurs analystes, le politologue Mohamed Aboul-Makarem pense que Dbeibah était la meilleure solution pour sauver la Libye. Selon lui, le fait qu’il soit proche de l’ancien régime lui permet de bien connaître les pièges dans lesquels il ne faut pas tomber. « Il essayera de bien diriger le pays pour qu’il puisse être candidat aux prochaines élections. Dbeibah va commencer la période de transition par l’unification des différents camps libyens et fera tout son possible pour établir la stabilité et la sécurité. Pour lui, c’est la meilleure façon de devenir le prochain l’homme fort de la Libye », explique Aboul-Makarem.

Un programme ambitieux

En effet, le programme présenté par le nouveau premier ministre paraît ambitieux pour une période intérimaire d’à peine 10 mois, censée sortir le pays de 10 ans de chaos et l’acheminer vers des élections législatives et présidentielle en décembre. « Nous utiliserons l’éducation et la formation comme chemin vers la stabilité. Nous travaillerons pour que les organes de sécurité soient professionnels et que les armes soient sous le monopole de l’Etat. Il sera interdit de porter des armes en dehors des institutions de l’Etat », a déclaré Dbeibah. Selon son programme, ce dernier veut créer un ministère pour la Réconciliation nationale, réduire l’écart des salaires des fonctionnaires, subdiviser le terri­toire en zones sécuritaires et résoudre en 6 mois au plus le problème des longues coupures d’élec­tricité qu’endurent ses compatriotes depuis plu­sieurs années. Il promet aussi de faire revenir les gros investisseurs étrangers qui ont déserté le pays après 2011 et, pour les jeunes, créer des emplois qui ne sont pas nécessairement dans l’armée ou la police. Un programme ambitieux pour les analystes, mais cet homme d’affaires pourra réaliser des pas importants, si on prend en considération son chemin. Il a occupé plusieurs fonctions importantes sous le régime de Kadhafi, figurant dans le premier cercle des hommes de confiance de l’ancien dictateur.

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