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Nouveau vent de révolte en Tunisie

Abir Taleb, Mardi, 30 juillet 2013

L'assassinat d'un député de l'opposition a ravivé le mécontentent des Tunisiens, qui ont manifesté par centaines contre le gouvernement appelant à sa démission.

Tunisie
L'opposition appelle à la chute du gouvernement et à la dissolution de l'ANC. (Photos: AP)

Brahmi, qui a plongé le pays dans une nouvelle crise politique. Le gouvernement multiplie les réunions de crise alors que l’opposition réclame la démission du gouvernement et la dissolution de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC), tous deux dominés par le parti islamiste Ennahda. Au cours d’une manifestation dimanche soir sur la place du Bardo, où se trouve le palais de l’ANC, les 4 000 à 5 000 manifestants, dont plusieurs députés et dirigeants de l’opposition laïque, scandaient : « Le peuple veut la chute du gouvernement », « Oui à la démocratie, non aux esprits rétrogrades », « Ghannouchi assassin », ont-ils scandé, dénonçant le chef d’Ennahda, tenu pour responsable du meurtre de Brahmi.

Mais sur la même place, manifestaient aussi les partisans du gouvernement, séparés de ceux de l’opposition par des barrières métalliques et des fourgons de police. Ils étaient quelque 5 000, selon des journalistes de l’AFP, 10 000 selon Ennahda. « Communistes assassins », « Le peuple est musulman et ne capitulera pas », « Oui aux urnes, non au coup d’Etat », scandaient les partisans du gouvernement. « Ceux qui boycottent l’ANC trahissent la Tunisie, nous résisterons jusqu’à la réalisation des objectifs de la révolution et il n’y aura pas de coup d’Etat dans ce pays », a déclaré Fathi Ayadi, député et dirigeant d’Ennahda, cité par l’AFP.

Aucun incident n’avait été enregistré au cours des manifestations de dimanche soir, après la dispersion brutale des manifestants par la police la veille. Le ministre de l’Intérieur a promis de veiller à la sécurité des manifestations pacifiques. « Le ministre nous a dit qu’il a clairement donné des ordres aux agents de ne plus utiliser la force contre les manifestants et les participants au sit-in devant l’ANC », a déclaré le député Samir Taïeb, figure connue de la contestation.

De son côté, le président de l’ANC, Mustapha Ben Jaafar, a prôné « la retenue » et a invité les députés à occuper leurs sièges pour « finir le travail sur la Constitution » avançant fin août comme date limite à son adoption. Mais une cinquantaine d’entre eux ont annoncé leur retrait définitif de l’ANC, appelant à un sit-in jusqu’à la dissolution de la Constituante et la formation d’un gouvernement de salut national.

Outre la capitale, des manifestations ont eu lieu dans d’autres régions de la Tunisie. Un manifestant a été tué dans la nuit de vendredi à samedi à Gafsa (sud-ouest), alors que des notables de Sidi Bouzid, ville natale du défunt Mohamad Bouazizi et berceau du soulèvement qui a renversé le régime de Ben Ali en 2011, ont mis en place un conseil pour gérer les affaires de la ville « jusqu’à la chute du pouvoir » actuel, mot d’ordre des manifestants qui y sont mobilisés depuis l’assassinat du député. Et la contestation risque de s’amplifier avec l’appui de la puissante centrale syndicale (UGTT) qui a décrété une grève générale largement suivie vendredi dernier. Dimanche, ce syndicat qui revendique un demi million d’adhérents a haussé le ton condamnant « des attaques injustifiées de la police contre les manifestants ».

En Tunisie aussi, les lendemains du Printemps arabe s’apparentent surtout à un affrontement entre les camps moderniste et islamo-conservateur. Certains évoquent déjà un scénario à l’égyptienne, affirmant que la Tunisie est menacée de manifestations massives.

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