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Un coup dur pour Daech, mais ...

Maha Salem avec agences, Mardi, 29 octobre 2019

Annoncée en grande pompe par le président américain, la mort du chef de Daech, Abou-Bakr Al-Baghdadi, fait cependant craindre des actes de vengeance et n’annonce pas pour autant la fin de l’organisation terroriste.

« Abou-Bakr Al-Baghdadi est mort », a annoncé en grande pompe le président américain, Donald Trump, dimanche 27 octobre lors d’une allocution depuis la Maison Blanche. Pour Trump, la mort du chef du groupe des djihadistes de Daech est un succès à l’international. Le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, a, lui, estimé dans un communiqué que c’était « un grand jour pour l’Amérique et un grand jour pour le monde ». Le président américain a livré un récit détaillé d’une opération militaire américaine dans le nord-ouest de la Syrie, un raid au cours duquel le chef de Daech a été acculé par les forces américaines avant de se faire exploser avec sa veste chargée d’explosifs, alors qu’il s’était réfugié dans un tunnel creusé pour sa protection. Homme le plus recherché du monde, il était considéré comme responsable de multiples exactions et atrocités en Iraq et en Syrie et d’attentats sanglants dans plusieurs pays.

La dernière apparition d’Al-Baghdadi remontait à avril dernier où il appelait, dans une vidéo de propagande, ses partisans à poursuivre le combat. En septembre, il avait appelé dans un enregistrement audio ses partisans à sauver les djihadistes détenus dans les prisons et leurs familles vivant dans des camps de déplacés, notamment en Syrie et en Iraq. C’est à Mossoul, en Iraq, que le chef de Daech, de son vrai nom Ibrahim Awad Al-Badri, a fait sa seule apparition publique connue, en juillet 2014, à la mosquée Al-Nouri.

Quelques heures après l’annonce de sa mort, les forces kurdes ont, à leur tour, annoncé la mort du porte-parole de Daech, Abou-Hassan Al-Mouhajir, dans un nouveau raid mené dans le nord de la province d’Alep. L’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH) a confirmé une opération des forces américaines en coopération avec les Forces démocratiques syriennes. Mais les forces kurdes en Syrie ont dit craindre des représailles du groupe djihadiste de Daech après la mort d’Abou-Bakr Al-Baghdadi.

Dirigeants et responsables étrangers ont d’ailleurs souligné que la disparition d’Abou-Bakr Al-Baghdadi n’annonçait pas la fin de Daech. « La mort d’Al-Baghdadi est un coup dur porté contre Daech, mais ce n’est qu’une étape. Le combat continue. La défaite définitive de Daech était une priorité de Paris », a déclaré le président français, Emmanuel Macron, et le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a, lui, salué une étape importante dans la lutte contre le terrorisme international.

Selon Dr Ahmad Youssef, directeur du Centre des études et des recherches arabes et africaines au Caire, « la mort d’Al-Baghdadi signifie une nouvelle période dans la lutte contre le terrorisme. Des actes de vengeance de par le monde sont à craindre. Le groupe a d’ailleurs immédiatement annoncé qu’il avait un nouveau chef, considéré comme leur ministre de la Défense ». Or, d’après Ahmad Youssef, « l’Occident ne veut pas vraiment détruire Daech. La présence de ce groupe ou d’un quelconque autre est un prétexte pour leur présence dans la région et pour la défense de leurs intérêts, ça ne finira donc jamais. Les Talibans et Al-Qaëda existent toujours même s’ils sont affaiblis. Daech peut avoir le même sort. C’est un jeu sans fin », conclut Dr Youssef.

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