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Législatives iraqiennes : Al-Sadr confirme sa victoire

Maha Salem avec agences, Mardi, 14 août 2018

Les résultats définitifs des législatives, après le recomptage manuel exigé par la justice, confirment la victoire du chef populiste Moqtada Al-Sadr. Ce dernier s’apprête à relancer un processus politique bloqué depuis trois mois.

Législatives iraqiennes : Al-Sadr confirme sa victoire
Moqtada Al-Sadr conserve sa 1re place au parlement avec 54 sièges. (Photo : Reuters)

Après trois mois d’attente, l’alliance du nationaliste Moqtada Al-Sadr et des communistes a remporté les élections législatives iraqiennes organisées en mai dernier. « Le nouveau comptage manuel dans tous les bureaux de vote d’Iraq et de l’étranger où des plaintes ont été enregistrées a pris fin », a affirmé dans un communiqué le porte-parole de la Commission électorale, le juge Laith Hamza.

Lors des résultats initiaux des élections du 12 mai, le populiste Moqtada Al-Sadr, allié aux communistes sur un programme anti-corruption, l’a emporté à la surprise générale. Exigé par les députés sortants, ce comptage manuel, décidé en juin par la Cour suprême en raison des failles supposées dans le comptage électronique et des soupçons de manipulation, n’a pas changé radicalement les résultats. Allié aux communistes, le bouillant dirigeant chiite a confirmé sa première place avec 54 sièges, lors du premier scrutin organisé après la victoire sur les djihadistes de Daech.

L’unique changement à l’issue du comptage manuel concerne l’Alliance de la Conquête, regroupement d’anciens combattants anti-djihadistes proches de l’Iran, qui a remporté un siège supplémentaire au détriment d’une liste locale à Bagdad. Selon le communiqué de la commission, composée de 9 juges, elle maintient sa seconde position avec 48 sièges au lieu de 47. Les six uniques changements sont intervenus parmi les candidats au sein des listes. La liste du premier ministre Haider Al-Abadi reste en troisième position avec 42 sièges, suivie de celle du laïc Iyad Allawi, qui compte de nombreuses figures sunnites (21 sièges) et celle de la liste de Hikma du dignitaire chiite Ammar Al-Hakim (19 sièges).

En raison du système électoral proportionnel et pour éviter le retour à une dictature, aucune liste ne peut à elle seule obtenir la majorité absolue. Des alliances doivent donc se nouer pour obtenir la majorité des 329 sièges du nouveau parlement.

Quinze jours pour convoquer le parlement

La Cour suprême doit désormais proclamer les résultats définitifs, puis le président de la République sortant a quinze jours pour convoquer le nouveau parlement, qui doit élire un nouveau chef de l’Etat. Ce dernier doit alors choisir un premier ministre au sein de la coalition majoritaire. Pour la première fois depuis l’instauration du multipartisme en 2005, après la chute du dictateur Saddam Hussein et la conquête du pouvoir par les chiites, majoritaires en Iraq, les partis de cette communauté se sont présentés en ordre dispersé aux législatives de mai.

Pour donner des indices sur sa politique, Moqtada Al-Sadr avait multiplié les signes d’indépendance face à l’Iran, allant même jusqu’à effectuer une visite en Arabie saoudite, grand rival de Téhéran. Depuis, l’Iran chiite est à la manoeuvre. « L’influent général Ghassem Soleimani, émissaire iranien régulièrement impliqué dans les affaires iraqiennes, a tout d’abord tenté de constituer une coalition sans Sadr. Mais, ayant réalisé qu’il était difficile à écarter, Téhéran cherche désormais à l’inclure dans une vaste alliance chiite pour le neutraliser », explique Dr Mona Soliman, professeur à la faculté d’économie et de sciences politiques de l’Université du Caire.

Moqtada Al-Sadr, qui avait fait campagne contre la corruption et organisé des manifestations contre ce fléau, a présenté aux autres partis une liste de 40 propositions et déclaré que si elles étaient refusées, sa liste siègerait dans l’opposition. Parmi ces propositions : le rejet des quotas confessionnels, la mise à l’écart des corrompus, le refus de donner des postes gouvernementaux à ceux ayant occupé auparavant des postes de responsabilité et le refus des postes à ceux qui possèdent la double nationalité.

Ainsi, les tractations vont bon train et les rencontres se multiplient, alors que les mouvements de contestation sont toujours vivaces, notamment dans le sud du pays. La colère gronde contre la corruption, le chômage ou l’absence de services publics, malgré les sommes colossales investies, dont une partie s’est retrouvée dans les poches de politiciens et de hauts fonctionnaires.

Pour tenter de calmer les esprits et surtout de garder son poste, le premier ministre sortant Haider Al-Abadi a suspendu le ministre de l’Electricité et démis 4 directeurs généraux de ce ministère emblématique, car les coupures de courant sont endémiques, alors que la température atteint en été les 50 degrés. Ainsi, les Iraqiens, qui ont massivement boycotté ce scrutin, attendent l’ouverture de la session parlementaire pour lancer le nouveau gouvernement, sur fond de contestation sociale.

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