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Syrie : Imminente offensive du régime dans le sud

Maha Salem avec agences, Mardi, 29 mai 2018

Avec le soutien de son allié russe, le régime syrien s’apprête à lancer une vaste offensive au sud du pays pour reprendre ce secteur, contrôlé à 70 % par les rebelles.

Syrie : Imminente offensive du régime dans le sud
Après avoir réoccupé Damas et ses environs, le régime se prépare à lancer une offensive sur Deraa. (Photo :AFP)

Des avions de combat syriens ont largué sur Deraa des tracts mettant en garde les groupes rebelles de cette province du sud du pays contre une offensive imminente. L’OSDH fait aussi état de l’envoi de renforts militaires à Deraa ces derniers jours en provenance du sud de Damas, où l’armée vient d’expulser le groupe djihadiste Daech. « L’objectif est de mener une offensive d’envergure, en cas de refus d’un accord négocié de retrait des groupes rebelles, comme cela fut le cas dans la Ghouta orientale, poche rebelle près de la capitale où plus de 1 700 personnes ont péri lors d’une opération d’envergure du régime, soutenu par la Russie », affirme le directeur de l’Observatoire, Rami Abdel-Rahmane. Et d’ajouter que l’offensive à Deraa serait menée par le régime et les Russes sans l’implication des forces iraniennes et du Hezbollah libanais, tous deux alliés du régime syrien. Une information partagée par les analystes. « Malgré le cessez-le-feu appliqué à Deraa, le régime syrien s’apprête à lancer une grande offensive pour reprendre cette ville, et il a commencé par ces mises en garde pour prévenir non seulement les habitants, mais aussi les Américains. Pour le régime, Deraa est une province critique, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la ville est proche des frontières israéliennes. Washington et ses alliés vont donc défendre cette province. Si le régime parvient à reprendre cette province, alors les groupes rebelles seront définitivement défaits, car Deraa est maintenant la seule région encore dominée par les rebelles », explique Dr Ahmad Youssef, directeur du Centre des études arabes et africaines au Caire.

Les mises en garde de Washington

Les Etats-Unis ont averti Damas d’une action ferme en cas de violation du cessez-le-feu par le régime. Deraa est située dans le sud-ouest, non loin du plateau du Golan dont une large partie est occupée par Israël depuis 1967 et est également frontalière de la Jordanie. Dans un communiqué, le département d’Etat américain s’est dit « préoccupé » par ces tracts lancés par le régime syrien dans cette province pourtant située dans une zone de désescalade, selon un accord négocié l’année dernière entre Washington, la Jordanie et la Russie. Selon la porte-parole du département d’Etat, Heather Nauert, le président américain, Donald Trump, et le président russe, Vladimir Poutine, ont réaffirmé leur volonté de respecter le cessez-le-feu dans cette région lors d’une rencontre en novembre. « En tant que garants de cette zone de désescalade avec la Russie et la Jordanie, les Etats-Unis prendront des mesures fermes et appropriées en réponse aux violations de Bachar Al-Assad », a affirmé Heather Nauert.

En effet, le régime syrien a envoyé ces mises en garde après la mort d’une dizaine de combattants dans l’est de la Syrie dans des raids attribués par le régime et une ONG syrienne à la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. Or, celle-ci a démenti.

Ces raids ont eu lieu dans un secteur de la province de Deir Ez-Zor, où la coalition internationale et les forces loyales au régime de Bachar Al-Assad combattent séparément les djihadistes du groupe Daech. La coalition internationale est intervenue dans la guerre en Syrie pour combattre Daech. Mais elle a aussi frappé les forces du régime ces dernières années. Une source militaire a indiqué que les positions du régime entre Boukamal et Hmeimeh avaient été la cible d’une attaque des avions de la coalition américaine. « Nous sommes habitués aux accusations mutuelles entre le régime et son allié russe d’une part, et celles américaines d’autre part. Chaque camp essaie de réaliser des gains et d’occuper plus de terrains pour s’imposer en cas de négociations, avoir plus d’influence et protéger ses intérêts. Le régime veut réaliser une avancée en profitant du soutien russe. Rappelons que l’intervention russe a assuré la survie du régime d’Assad et a renversé le cours du conflit de façon décisive en faveur de ce dernier », explique Dr Ahmad Youssef. Et d’ajouter que le régime syrien n’aurait réalisé aucune avancée sans l’aide des Russes.

Moscou appelle à la reconstruction

L’armée russe soutient dans les airs et au sol le régime de Damas depuis septembre 2015. Et en plus, la Russie a appelé cette semaine la communauté internationale à s’impliquer dans la reconstruction de la Syrie, jugeant que les succès militaires du régime ont permis à l’Etat de se rétablir. « Pour obtenir la reconstruction des régions qui ont souffert des opérations militaires contre les groupes terroristes en Syrie et l’économie du pays dans son ensemble, il faut l’aide de toute la communauté internationale », a déclaré, lors d’une conférence de presse, le général d’état-major russe, Sergueï Roudskoï. Le président russe, Vladimir Poutine, avait plaidé lors d’une rencontre la semaine dernière avec Bachar Al-Assad en Russie, en faveur d’une « accélération du dialogue politique pour passer à la reconstruction et au retrait des forces étrangères impliquées ». « Actuellement, les conditions pour un rétablissement de la Syrie en tant qu’Etat unifié et indivisible sont réunies. Mais pour la réalisation de cet objectif, des efforts sont nécessaires non seulement de la Russie, mais également des autres membres de la communauté internationale », a conclu Roudskoï.

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