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Municipales tunisiennes : Les attentes des citoyens

Maha Salem avec agences, Jeudi, 03 mai 2018

Après deux reports, la Tunisie va connaître ses premières élections municipales depuis la chute de Ben Ali. Au-delà de la politique, l’enjeu essentiel sera post-électoral, avec la capacité des municipalités à apporter rapidement des solutions aux problèmes concrets dont souffrent les Tunisiens.

Le 6 mai, une date tant attendue par les Tunisiens. Quelque 5,3 millions d’électeurs seront appelés aux urnes pour des élections municipales. Les électeurs doivent choisir entre 2 074 listes validées dans 350 municipalités. Des élections locales mais importantes, car elles sont les premières depuis la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, en 2011. D’ores et déjà, et pour la première fois dans l’histoire de la Tunisie, les policiers et les militaires ont voté dimanche 29 avril, soit une semaine avant la date du vote. Auparavant, les autorités interdisaient aux policiers et militaires de voter en estimant qu’ils devaient maintenir un devoir de réserve strict et rester complètement à l’écart de la vie politique. Mais après la révolution de 2011 qui a vu l’émergence de syndicats chez les policiers, ces derniers ont réclamé le droit de vote. Cependant, la nouvelle loi électorale autorise le vote des forces de sécurité et de l’armée uniquement aux municipales. Cette décision avait toutefois provoqué une longue polémique au parlement. Certains députés s’étaient opposés à ce droit en raison de l’exigence constitutionnelle de neutralité totale des institutions concernées vis-à-vis de tous les acteurs politiques, peu importe leur tendance. Et pour les assurer, le président de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE), Mohamed Tlili Mansri, a affirmé à l’agence Tunisie Afrique Presse (TAP) que le registre électoral des militaires et des membres de la sécurité ne sera pas affiché dans les bureaux de vote afin de protéger leurs données personnelles. Les bulletins de vote des militaires et sécuritaires seront mélangés avec ceux des citoyens pour éviter le dévoilement de leurs choix.

Lourde tâche

Ces municipales, attendues de longue date et plusieurs fois repoussées, sont en effet les premières depuis la chute du régime Ben Ali en 2011. Elles devraient ancrer le processus démocratique à l’échelon local, avec leurs milliers d’élus, en remplaçant les délégations spéciales nommées après la révolution de 2011 dont l’efficacité fait débat en Tunisie. Prévu initialement en décembre 2017, le scrutin avait été reporté à deux reprises, provoquant l’inquiétude de l’opinion publique et des observateurs internationaux. La tenue de ces élections est considérée pour beaucoup comme essentielle pour consolider la transition démocratique et un acheminement vers une décentralisation plus marquée du pouvoir. Le nombre de membres des conseils municipaux est fixé sur la base du nombre des habitants des municipalités : soit 12 membres pour les petites circonscriptions qui comptent moins de 10 000 habitants et jusqu’à 62 dans les grandes circonscriptions de plus de 500 000 habitants.

Dix jours seulement avant les élections municipales, le parlement tunisien avait adopté le texte définissant les prérogatives des collectivités locales. Le parlement avait commencé à examiner fin mars les 392 articles du Code des collectivités locales, qui doit définir précisément le rôle et l’autonomie des municipalités, régions et districts. Le texte exige notamment que le président du conseil municipal se consacre à plein temps à son poste, ce qui était un des principaux sujets de discorde parmi les députés. Le 13 avril, l’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections (Atide) avait déploré le retard pris dans l’adoption du code, pointant une décision volontaire de certains blocs parlementaires ne voulant pas céder de pouvoir aux municipalités ou souhaitant attendre le résultat des élections avant de décider à quel point ils décentralisent. Les nouvelles municipalités élues vont être confrontées, dès leur installation à des situations d’urgence. Avant tout, les maires doivent apporter rapidement des solutions aux problèmes locaux qui se sont accumulés dans la plupart des circonscriptions du pays. Car les Tunisiens attendent du concret. Ainsi, l’enjeu essentiel de ces municipales n’est pas la victoire d’un parti ou d’un autre. Il se trouve, en premier lieu, dans l’engagement des Tunisiens à prendre part à ce scrutin et, par la suite, dans la manière dont seront gérées les communes.

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