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L’opposition syrienne s’adapte

Inès Eissa avec agences, Lundi, 27 novembre 2017

Réunie à Riyad sous les auspices de l'Arabie saoudite, l'opposition syrienne tente de s'adapter à la nouvelle donne régionale.

L’opposition syrienne s’adapte
Le ministre saoudien des Affaires étrangères et l'émissaire de l'Onu avec l'opposition syrienne. (Photo:AFP)

Une restructuration de l’opposition syrienne s’est effectuée à Riyad la semaine dernière. Ainsi, le processus politique de Genève, qui n’a jamais abouti, est relancé dans de meilleures conditions. Réunies à Riyad, les factions syriennes ont en effet réussi, après trois jours de discussions, à former un comité unifié incluant des opposants modérés, et tolérés par Damas. Les tenants d’une ligne dure contre le régime ont préféré se retirer plutôt que de renoncer à exiger le départ du président syrien Bachar Al-Assad, comme condition à tout règle­ment du conflit. Car les négociations politiques ont jusqu’ici toutes échoué sur cet écueil.

Pour le régime syrien, il est hors de question de discuter de l’avenir du chef de l’Etat. Il est en revanche disposé à accepter une nouvelle Constitution et l’organisation d’élections législa­tives sous l’égide de l’Onu. Et fort de ses victoires militaires face aux rebelles et aux djihadistes, grâce à l’aide déterminante de Moscou, le régime est d’autant moins pressé de faire des concessions à Genève.

Le médiateur de l’Onu, Staffan de Mistura, a lui aussi commencé cette semaine un nouveau round à Genève pour reprendre la main sur le dossier syrien. Il a déjà organisé 7 cycles de discussions intersyriennes à Genève depuis 2016, sans succès, mais il aura au moins cette fois la satisfaction de voir les différentes composantes de l’opposition syrienne présenter une seule délégation face aux représentants du régime de Damas.

En septembre déjà, il avait appelé l’opposition syrienne à être « assez réaliste pour réaliser qu’elle n’a pas gagné la guerre ». Et cet « opti­miste incorrigible », comme il se décrit lui-même, espère bien réussir enfin à réunir, autour d’une même table, les délégués des deux camps qui ont toujours refusé de se parler face à face.

Sous forte pression
Après trois jours d’intenses tractations à Riyad, les quelque 140 représentants du panel éclectique d’opposants syriens ont réussi à se mettre d’accord sur la formation d’un comité de 36 membres, rem­plaçant ainsi le Haut Comité des Négociations (HCN) qui représentait jusqu’alors l’opposition à Genève. Huit des membres de ce nouveau comité font partie de la Coalition nationale syrienne, prin­cipale composante de l’opposition en exil, basée à Istanbul, 4 du « Groupe du Caire » et 4 du « Groupe de Moscou », tous deux considérés comme plus conciliants vis-à-vis du régime de Damas.

La nouvelle instance compte également 8 indé­pendants, 7 représentants des rebelles et 5 du Comité de coordination national pour le change­ment démocratique, toléré par Damas. Ce nouveau comité unifié, présidé par Nasr Hariri, un opposant déjà impliqué dans des négociations de paix, devra maintenant former une délégation chargée de négocier avec les représentants du régime à Genève à partir du 28 novembre. Nasr Hariri a déjà été choisi pour présider cette délégation dont le reste des membres sera choisi ultérieurement. L’opposition syrienne est sous forte pression pour faire des compromis depuis que les forces du régime ont repris la main en Syrie, avec l’aide de la Russie, au détriment des formations rebelles et des groupes djihadistes. La question du départ d’Assad du pouvoir a jusqu’alors été au coeur des précédents échecs des négociations entre représen­tants du régime et de l’opposition. Cette réunion de l’opposition dans la capitale saoudienne inter­vient alors que la Russie, alliée du régime de Bachar Al-Assad, espère réunir sur son sol un « congrès » entre des représentants du gouverne­ment syrien et de l’opposition, sous les auspices des puissances qui les soutiennent.

Les réalités militaro-politiques sur le terrain ont beaucoup évolué ces derniers moments, ainsi que le contexte régional. « Les divergences entre l’Arabie saoudite et le Qatar a nécessité une réor­ganisation de l’opposition », explique un diplo­mate qui a requis l’anonymat. Selon lui, les Saoudiens ont pour objectif d’alléger l’influence des groupes politiques qui dépendent du Qatar. De plus, les représentants de l’opposition devraient surtout avoir plus de réalisme et de pragmatisme. « Je pense que ces éléments ont été à la base de la formation de la délégation de l’opposition à Riyad », conclut le diplomate .

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