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Syrie : Combats et efforts diplomatiques

Maha Salem avec agences, Mardi, 20 juin 2017

Parallèlement à l'offensive lancée sur le terrain pour libérer Raqqa, la diplomatie tente de reprendre la main : un nouveau round de négociations est prévu début juillet à Genève.

Syrie : Combats et efforts diplomatiques
Les combats se poursuivent sans arrêt pour libérer Raqqa le plus vite possible. (PHOTO : REUTERS)

Alors que sur le terrain, les choses semblent bouger, notamment depuis le lancement de la bataille de Raqqa, les efforts diplomatiques eux aussi sont sur le point d’être relancés. Le 7e round des négociations de paix en Syrie commencera le 10 juillet à Genève. C’est ce qu’a déclaré l’envoyé spécial de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, dans un communiqué, tout en ajoutant qu’il y aura deux autres rounds en août et en septembre prochains. De même, pour la première fois, les réunions d’experts chargés des questions constitutionnelles et légales, mises en place lors du 6e round, auront lieu parallèlement aux sessions intra-syriennes. Ces réunions sont considérées comme un pas en avant et un point positif, puisque le 6e round de négociations de paix sur la Syrie s’est terminé le 19 mai dernier, après 4 jours de discussions, sans réel progrès et sur fond de tension. Seule avancée enregistrée lors de ce round : des entretiens de fonctionnaires de l’Onu avec des experts du gouvernement et de l’opposition pour aborder « des questions juridiques et constitutionnelles ».

A la fin du 6e round, M. de Mistura avait expliqué que, faute de temps, les parties en présence n’avaient pas pu discuter des quatre sujets à l’ordre du jour : lutte contre le terrorisme, gouvernance (terme flou pour évoquer une transition politique), nouvelle Constitution et organisation d’élections. Autant de questions hautement sensibles qui ne risquent pas, cette fois non plus, d’être réglées en quelques séances de discussion. « Il ne faut pas attendre grand-chose, car rien n’a changé. Chaque camp campe toujours sur sa position. L’opposition est dans l’embarras, car elle ne peut pas accepter un règlement qui prévoit le maintien de Bachar Al-Assad au pouvoir. En même temps, le départ de Bachar n’est plus dans l’intérêt de la communauté internationale. Ce qui favorise le régime qui s’accroche toujours bec et ongles au pouvoir. La seule issue est que la communauté internationale impose une solution et exerce une forte pression sur les deux côtés pour l’accepter. C’est pour cela que l’envoyé spécial de l’Onu veut pousser les deux camps rivaux à trouver des compromis », explique Dr Ahmad Youssef, politologue et directeur du Centre des recherches et des études arabes et africaines au Caire.

Prochaine rencontre Trump-Poutine

Selon l’analyste, l’émissaire onusien souhaite réaliser une avancée avant la tenue du sommet du G20 de Hambourg les 7 et 8 du même mois. Pour l’émissaire de l’Onu, ce G20 pourrait permettre des avancées grâce à une possible première rencontre entre les présidents américain, Donald Trump, et russe, Vladimir Poutine, dans des camps opposés sur la question syrienne. Or, la tenue même de ce 7e round peut tout à fait être corrompue par la situation sur le terrain, au cas où la désescalade ne fonctionnerait réellement. La Russie et l’Iran, alliés du régime de Bachar Al-Assad, et la Turquie, soutien de la rébellion, sont convenus, le 4 mai, de mettre en place 14 « zones de désescalade » en Syrie au terme des pourparlers dits d’Astana. Un autre round de pourparlers est également prévu prochainement à Astana. Reste à savoir si toutes ces rencontres pourront aboutir à quelque chose. Pour l’opposition syrienne, un règlement politique est loin d’être réalisé, et seul le « terrain dicte sa loi ». « La Syrie est dans une impasse totale. Il n’y a ni solution militaire, ni solution politique », a déclaré dans un entretien à l’AFP, Monzer Makhous, un porte-parole du Haut Comité des Négociations (HCN), principale plateforme de l’opposition pour les négociations intersyriennes engagées depuis 2016 à l’Onu à Genève. Mais, conscient de la réalité des choses, il a ajouté : « Nous sommes déterminés à aller au bout de ce processus. Nous n’attendons pas grand-chose de Genève, mais nous n’avons rien d’autre pour le moment ». « On tourne toujours dans la même spirale : l’opposition qui veut parler d’une vraie transition, et le régime fixé sur le terrorisme et prêt à n’envisager que des retouches politiques pitoyables et inacceptables pour le peuple syrien », a expliqué Makhous. Et ce dernier de conclure : « Nous sommes les otages des intérêts régionaux et internationaux, il n’y a plus de volonté syrienne propre. Les priorités ont changé en Syrie, où la coalition internationale antidjihadiste est engagée dans la bataille pour reprendre Raqqa, fief du groupe Etat islamique dans le nord du pays. La problématique Assad n’est plus une priorité pour nombre d’acteurs régionaux et internationaux ».

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