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Saïd Abou-Ali : Israël n’a jamais respecté le droit international.

Mohamad El-Sayed Hamada, Vendredi, 31 mars 2017

Le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe pour les affaires palestiniennes, Saïd Abou-Ali, appelle l’Administration américaine à revoir son engagement pour un transfert à Jérusalem de l’ambassade des Etats-Unis en Israël. Interview

Saïd Abou-Ali
Saïd Abou-Ali

Al-ahram Hebdo : Quelle serait la position de la Ligue arabe au cas où les Etats-Unis décideraient de transférer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem ?

Saïd Abou-Ali : Le fait que la Palestine est une terre sainte et le berceau des trois religions monothéistes signifie que l’islam y garde des droits indéniables, précisément dans la ville de Jérusalem laquelle est une ville arabe et islamique. Transférer l’ambassade américaine à Jérusalem représente une violation flagrante des droits historiques palestiniens et du droit international qui reconnaît les droits historiques des Palestiniens sur cette ville. La communauté internationale considère Jérusalem-Est comme territoire palestinien occupé en 1967 et condamne les pratiques israéliennes visant à judaïser la ville, notamment à travers la colonisation. Comment les Etats-Unis peuvent-ils violer les résolutions du Conseil de sécurité dont ils sont un membre permanent ? Une telle démarche représenterait donc une violation non seulement des droits palestiniens mais aussi du droit international, ainsi qu’une rupture avec la position traditionnelle des administrations américaines successives. Elle impliquerait une reconsidération par tous les pays arabes et musulmans de leurs relations avec les Etats-Unis. Nous souhaitons que le président américain, Donald Trump, reconsidère sa position et ses conséquences.

— Les crises qui frappent le monde arabe actuellement ont-elles relégué au second plan la cause palestinienne ?

— Cette situation désolante où se trouve le monde arabe a sûrement son impact sur l’ordre des priorités, cela dit, le citoyen arabe n’a jamais perdu la Palestine de vue. Les Arabes ont toujours réalisé que la cause palestinienne est au coeur de leur conflit national, ils peuvent diverger sur de nombreuses questions sauf la Palestine. C’est notre cause commune et la plaie qui marque notre conscience. Et c’est justement ce qu’on voit institutionnellement concrétisé à la Ligue arabe.

— Quelles sont les positions que la Ligue arabe a prises face aux récentes violations israéliennes ?

— A travers ses prises de position et ses activités dans les forums internationaux, le secrétariat général de la Ligue arabe cherche à la fois à dénoncer les violations d’Israël et à soutenir la résistance du peuple palestinien. Nous avons ainsi réussi à influencer la position de l’Unesco à l’égard des sites religieux musulmans et chrétiens à Jérusalem. Il s’agissait de faire face aux violations israéliennes et à ses activités coloniales visant à judaïser la ville de Jérusalem et à imposer une nouvelle réalité dans le périmètre de la mosquée Al-Aqsa. Nous avons donc exercé une pression au sein de l’Unesco en vue de l’adoption d’une résolution confirmant l’arabité de Jérusalem, ainsi que son statut de ville occupée.

Il en a été de même l’année dernière lors de la Conférence de Paris. Le secrétariat général de la Ligue arabe a joué un rôle primordial dans l’élaboration d’une position arabe commune en concertation avec le gouvernement français. Cette position a été concrétisée dans le document adopté par la conférence.

Plus important encore, la Ligue arabe s’est toujours opposée aux tentatives de l’occupant israélien d’accéder au statut de membre au Conseil de sécurité de l’Onu. Surtout qu’Israël n’a jamais respecté le droit international, et poursuit la construction des colonies faisant fi des résolutions du Conseil de sécurité et de la communauté internationale. Les divers organismes de la Ligue arabe dans leur travail quotidien ne cessent de souligner la priorité de la cause palestinienne et de la défendre sur la scène internationale et ce, malgré les difficultés actuelles de notre région.

— La reconnaissance du caractère « juif » de l’Etat d’Israël comme préalable à la reprise des négociations est-elle la raison du gel du processus de paix ?

— La question du caractère juif d’Israël intervient à un moment où le discours sectaire est en vogue et que se multiplient les guerres confessionnelles, d’où son danger. D’abord, la cause palestinienne, à l’échelle de l’histoire, de la civilisation et de la société, est le berceau des trois religions monothéistes. Elle n’est l’apanage d’aucune religion et ne peut être réduite à l’une de ses composantes. C’est un fait que tout le monde reconnaît. Dire que la Palestine est juive reviendrait à exclure les deux autres religions et à contredire sa réalité sociale. C’est une atteinte aux droits des musulmans et des chrétiens de cette terre. Comment ignorer tout l’héritage historique et spirituel et les lieux saints de ces deux communautés ?

De même, d’un point de vue politique, la présence des juifs sur une terre ne leur donne pas le droit de la judaïser, parce que les Etats appartiennent aux peuples non aux religions. Ladite judaïcité d’Israël n’est qu’une condition impossible posée par le gouvernement d’occupation pour geler les négociations. Un autre préalable consiste à reconnaître la suprématie militaire israélienne du Jourdain à la Méditerranée. Sur quoi porteraient les négociations dans ce cas ? De notre côté, nous saluons toutes les initiatives qui visent à la reprise du processus de paix, mais il faut tout d’abord arrêter la construction des colonies, parce que l’objectif des négociations c’est de mettre fin à l’occupation non de la sanctionner. Il ne s’agit pas de négocier l’amélioration des conditions de vie sous l’occupation, les arrestations et les check-points, parce que notre objectif c’est d’en finir avec l’occupation et de créer un Etat palestinien indépendant et souverain.

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