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Syrie: L’opposition pour une solution politique

Maha Salem avec agences, Mardi, 02 avril 2013

Lors du dernier sommet de la Ligue arabe, les pays membres ont officialisé leur soutien militaire à l’opposition. Ce qui n’exclut pas la recherche d’une solution politique.

Syrie
Protant du soutien, Moaz Al-Khatib, président de la CNS, a ouvert l'ambassade syrienne au Qatar. (Photo: Reuters)

Un siège à la Ligue arabe et une ambassade ouverte au Qatar : deux victoires politiques symboliques pour l’opposition syrienne. Cependant, les rebelles veulent une solution pratique pour arrêter le bain de sang dans le pays. « Un siège à la Ligue arabe ne réglera pas la crise qui secoue le pays depuis deux ans et ne provoquera pas la chute du régime d’Assad. Les Syriens ont besoin de soutien plus concret », explique Dr Moatez Salama, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire. Pour sa part, Rabha Allam, chercheuse au même centre, pense que le siège accordé à l’opposition à la Ligue arabe est purement symbolique. Cela ne conduira pas à l’obtention d’un siège à l’Onu et à une reconnaissance internationale de l’opposition. La Coalition Nationale Syrienne (CNS), reconnue par la Ligue arabe comme seule représentante du peuple syrien, a ouvert cette semaine sa première ambassade à Doha, au Qatar. La formation de représentations diplomatiques émanant de l’opposition constitue un nouveau revers politique pour le président Bachar Al-Assad.

Le président démissionnaire de la CNS, Moaz Al-Khatib, a critiqué l’insuffisance de l’aide internationale aux rebelles syriens. « Il y a une volonté internationale de ne pas voir triompher la révolution », a-t-il déclaré. Ancien imam de la mosquée des Omeyyades à Damas, il continue à diriger la CNS en attendant la désignation de son successeur.

Khatib a à nouveau réclamé que le nord de la Syrie, passé sous le contrôle des insurgés, soit protégé par les Etats-Unis. Des batteries de missiles sol-air Patriot ont déjà été déployées par l’Otan l’année dernière sur la frontière sud de la Turquie, pour la protéger d’éventuelles attaques de l’armée syrienne. Moaz Al-Khatib a affirmé avoir transmis sa requête au nouveau secrétaire d’Etat américain, John Kerry. « Nous attendons toujours une décision de l’Otan dans le but de protéger la population, et non pas pour combattre », a-t-il expliqué.

Interrogé sur ce sujet, un responsable de l’Alliance atlantique a déclaré que celle-ci n’avait pas l’intention d’intervenir militairement en Syrie. Le 19 mars, la Coalition a élu pour la première fois un « premier ministre » de l’opposition, Ghassan Hitto, en vue de former un gouvernement chargé d’administrer les zones passées sous contrôle rebelle. Selon les experts, un tel gouvernement pourrait centraliser les aides pour les zones qui échappent au régime, voire servir de plateforme pour fournir des armes à l’opposition. Or, l’idée d’un tel gouvernement n’est pas soutenue par des puissances comme les Etats-Unis, qui préféreraient un gouvernement de transition issu d’un dialogue entre le régime et l’opposition. Washington refuse pour l’instant de fournir des armes aux insurgés, craignant qu’elles ne tombent aux mains d’extrémistes islamistes, concrètement l’opposition.

Armer les rebelles

En effet, armer l’opposition syrienne est un débat qui ne fait pas l’unanimité parmi les pays soutenant l’opposition.

Dans le communiqué final du sommet arabe qui s’est tenu la semaine dernière, les pays de la Ligue arabe ont appelé le Conseil de sécurité des Nations-Unies à mettre fin au « bain de sang » en Syrie et à déférer devant la justice internationale ceux qui en sont responsables. En outre, ils se sont mis d’accord sur le droit de chacun des pays arabes à fournir une aide, « y compris militaire, pour soutenir la persévérance du peuple syrien et de l’Armée libre ».

Beaucoup de pays arabes considéraient déjà qu’ils étaient libres d’approvisionner les rebelles en armes. Ces pays ont également précisé qu’ils octroyaient à la Coalition nationale le siège représentant la Syrie « à la Ligue arabe jusqu’à l’organisation d’élections et la formation d’un gouvernement ». Cependant, « autoriser un soutien militaire ne veut pas dire renoncer à une solution politique », a déclaré le chef de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi.

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