Vendredi, 29 mars 2024
Al-Ahram Hebdo > Monde Arabe >

Syrie : Les désaccords au grand jour

Maha Salem avec agences, Mardi, 26 mars 2013

La Ligue arabe a accordé le siège syrien à l’opposition. Une décision qui relance les luttes internes et démontre une complète mésentente politique au sein du mouvement de contestation.

Syrie
Pour soutenir les rebelles syriens, la Ligue arabe a accordé le siège du pays à l'opposition.

Afin de soutenir les Syriens contre leur régime d’Assad, la Ligue arabe a décidé d’attribuer le siège de la Syrie à l’opposition. Puis la Coalition nationale de l’opposition a annoncé dimanche dernier avoir été invitée au sommet arabe de Doha où elle devait être représentée cette semaine par le « premier ministre » Ghassan Hitto. Ce dernier a été choisi le 19 mars à Istanbul. Hitto avait remporté l’élection par 35 voix sur 49 votants après 14 heures de discussions lors d’une réunion à huis clos, tandis que des opposants à cette nomination ont accusé les Frères musulmans et le Qatar d’avoir forcé la main à la Coalition.

Ce choix a été insatisfaisant pour certains membres de l’opposition et une dizaine de membres de la Coalition, dont son porte-parole Walid Al-Bounni, avaient décidé de geler leur adhésion pour ne pas participer à cette élection qu’ils jugeaient illégitime. De plus, l’Armée Syrienne Libre (ASL) refuse de reconnaître Ghassan Hitto. « Avec tout notre respect pour Hitto, il est impossible pour l’ASL de reconnaître un premier ministre n’ayant pas obtenu un consensus de toutes les composantes de la Coalition. Nous appelons les membres de la Coalition à corriger leurs erreurs », a déclaré Louaï Mouqdad, coordonnateur politique et des médias au sein de l’ASL.

Ces propos de Mouqdad interviennent au lendemain de ceux du chef de l’ASL, le général Selim Idriss, qui avait publié un communiqué affirmant : « L’ASL et toutes ses entités conditionnent leur soutien et leur coopération avec le premier ministre à un consensus parmi l’opposition ».

La Coalition Nationale Syrienne (CNS), principale structure de l’opposition, a choisi Hitto comme premier ministre de transition, car il est un ex-homme d’affaires éduqué en Occident. Il doit former un gouvernement dans les territoires sous le contrôle de la rébellion dans deux semaines.

Pas trempé dans les luttes

Les partisans du premier ministre de transition ont fait valoir que leur champion était un bon gestionnaire et qu’il n’avait pas trempé dans les luttes politiques internes à la Coalition. « C’est pratiquement un consensus qui a émergé sur Hitto. C’est un homme pratique avec une expérience du management et il est ouvert au débat. Il a promis de consulter largement avant de nommer les ministres et de ne nommer que ceux ayant une longue expérience », a expliqué Mohammad Kaddah, représentant de la Coalition pour Deraa, berceau du soulèvement syrien. Partageant le même avis, Louaï Safi, un autre membre de la Coalition, a expliqué que « ce gouvernement allait fournir des services aux zones libérées. Hitto a les capacités techniques qu’on attend d’un technocrate, mais il a aussi le sens de la politique. C’est un très bon négociateur. Il devrait être un bon représentant pour la communauté internationale ».

Pour satisfaire tous les camps, Ghassan Hitto a insisté sur le fait que l’opposition syrienne ne dialoguera pas avec le régime du président Bachar Al-Assad.

Face aux divergences au sein de l’opposition, le chef de l’opposition syrienne, Ahmed Moaz Al-Khatib, a annoncé dimanche sa démission, et la principale composante de la rébellion a désavoué le « premier ministre » rebelle, illustrant publiquement la difficulté des opposants à unir les rangs face au régime de Bachar Al-Assad.

Ces annonces coup sur coup montrent aussi l’âpre rivalité des parrains des opposants, en particulier le Qatar et l’Arabie saoudite, qui entendent garder la main sur ceux qui pourraient un jour parvenir au pouvoir en cas de chute de l’actuel président. A la tête de la Coalition nationale de l’opposition depuis novembre, Khatib a annoncé qu’il démissionnait pour oeuvrer avec une liberté qu’il ne pouvait avoir au sein d’une organisation officielle. Mais le CNS a refusé la démission de son chef.

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique