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Syrie : L’appel des rebelles entendu par Paris et Londres

Maha Salem avec agences, Mardi, 19 mars 2013

Suite aux appels répétés de l’opposition syrienne, la France et l’Angleterre souhaitent désormais lever l’embargo sur les armes destinées aux insurgés. Les autres pays européens demeurent divisés sur la question.

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Les Syriens veulent la chute du régime.

Afin de forcer le président syrien, Bachar Al-Assad, à rendre les armes, la France et la Grande-Bretagne se sont déclarées prêtes à répondre aux demandes des insurgés sans même le consentement de l’Union Européenne (UE). Un avis partagé par les Etats-Unis, qui estiment que les livraisons d’armes à la rébellion syrienne visent à créer un nouveau rapport de force sur un terrain militaire figé 2 ans après le début des combats.

« Des armes doivent être livrées à la branche militaire de la Coalition nationale syrienne, sinon Al-Qaëda pourrait prendre le dessus », a déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, en ajoutant que « c’est la Coalition nationale syrienne, dirigée par M. Ahmed Moaz Al-Khatib, reconnue par une centaine de pays, qui garantit que dans la Syrie de demain toutes les communautés seront respectées. Et c’est à la branche militaire de cette coalition nationale que, si des armes doivent être livrées, elles seront livrées ».

le ministre des Affaires étrangères français a insisté sur le fait qu’il faut inverser le rapport de force militaire sur le terrain si l’on veut faire évoluer la situation. « L’objectif est simple : pour amener Assad à la table de négociations, il faut faire bouger les lignes sur le terrain militaire pour forcer une solution politique », résume une source diplomatique occidentale à l’AFP.

Nul ne peut affirmer que ces armes conduiront au renversement du président Bachar Al-Assad, mais elles pourraient cependant apporter un bol d’air aux rebelles tout en accentuant la pression sur le régime syrien.

Pour l’heure, une plus grande implication des Occidentaux n’en est qu’au stade du débat : Paris et Londres, avec le soutien de Washington, prônent une levée d’urgence de l’embargo européen sur les armes à destination de la Syrie. Ils n’ont cependant pas encore annoncé officiellement un approvisionnement direct, signe que les négociations sont toujours en cours.

Depuis un an, au gré des livraisons d’armes financées par des pays du Golfe, notamment le Qatar, des prises de guerre lors de conquêtes de bases militaires ou de dépôts de munitions, les rebelles ont pu se fournir en armes et en munitions de façon plus ou moins constante.

Une diplomatie européenne dubitative

La représentante de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, a réagi avec beaucoup de prudence à la proposition avancée par Paris et Londres. « Dans toute décision de levée d’un embargo sur les armes, vous devez examiner les conséquences sur un certain nombre d’aspects », a déclaré Mme Ashton.

En effet, Londres et Paris ont bousculé la diplomatie européenne concernant la Syrie en demandant à ce que l’embargo sur les armes soit levé aux forces de l’opposition, alors que le régime de Bachar Al-Assad est soutenu militairement par la Russie et l’Iran.

Profitant de ce soutien, les principaux opposants et rebelles hostiles au régime du Bachar se sont engagés, vendredi 15 mars, à poursuivre le combat jusqu’à l’instauration de la liberté et de la démocratie en Syrie.

Dans un communiqué publié à l’occasion du second anniversaire de la révolte contre le régime, la Coalition nationale de l’opposition souligne : « Notre seul choix est de poursuivre sur le chemin de la vérité, de s’armer de patience et de poursuivre la lutte entamée par ceux qui ont sacrifié leur vie pour faire aboutir notre vision ». Reconnue par des dizaines de pays et organisations comme étant le représentant légitime du peuple syrien, la Coalition ajoute : « Les importants défis qui sont encore devant nous augmentent notre détermination à renverser le régime d’Assad et à mettre sur pied une nouvelle Syrie ».

Pour sa part, le chef militaire de la rébellion a assuré que les insurgés combattraient le régime jusqu’à sa chute. « Nous ne cesserons pas le combat avant que ne se réalise notre rêve d’un pays démocratique et cela passe par la chute du régime criminel », a assuré le général Selim Idriss, chef de l’Armée syrienne libre. « Nous sommes sûrs que le régime tombera. Nous allons tout faire pour que la bataille soit la plus courte possible et pour limiter les destructions et le nombre des victimes », a expliqué le général Idriss, en lançant un nouvel appel à la communauté internationale : « Nous appelons le monde libre à nous soutenir avec des armes, des munitions, et de l’aide humanitaire et médicale afin de mettre un terme aux tueries et construire un pays libre et démocratique pour tous les Syriens ».

Ces déclarations interviennent alors que la Coalition de l’opposition s’est réunie à Istanbul pour choisir un premier ministre qui aura pour mission de former un gouvernement de transition. L’opposition semble donc entrer dans une nouvelle phase dans sa lutte contre le régime de Bachar Al-Assad .

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