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Maroc : Attente interminable du nouveau gouvernement

Inès Eissa, Lundi, 02 janvier 2017

Malgré la tenue de plusieurs réunions entre le premier ministre et différents dirigeants de partis politiques et l'appel pressant du roi du Maroc, Mohamed VI, pour la formation rapide d'un gouvernement, la situation est loin d'être débloquée.

Mohamed VI

Au Maroc, le pays arabe nord-africain qui a choisi d’adopter des réformes politiques pour amortir l’impact du Printemps arabe, le processus politique s’avère en panne. Les résultats des législatives du mois d’octobre dernier exigeaient la formation d’une coalition réunissant islamistes, libéraux et nationalistes. Mais depuis, le gouvernement peine à voir le jour. Ce qui prouve de toute évidence la difficulté, voire l’impossibilité, d’aboutir à un accord qui mettrait ces trois courants politiques dans un seul gouvernement. Or, les négociations entamées après les élections législatives pour la formation d’un nouveau gouvernement pourraient se voir accélérées dans la période à venir, suite à l’intervention du roi du Maroc, Mohamed VI, qui a chargé ses conseillers Abdelatif Mennouni et Omar Kabbaj de s’entretenir avec le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, selon un communiqué du Cabinet royal. Pendant cette entrevue tenue cette semaine, « les conseillers du souverain ont fait part à Benkirane du souci » du roi de « voir le nouveau gouvernement se former dans les meilleurs délais ».

En fait, les tractations menées par le premier ministre marocain pour former sa coalition n’en finissent pas. Depuis sa désignation en tant que chef de gouvernement le 10 octobre dernier, le secrétaire général du parti islamiste peine à former une majorité. Ses consultations avec le nouvel homme fort du RNI (le Rassemblement National des Indépendants, libéral), que dirige Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture dans le précédent gouvernement, sont dans l’impasse. M. Akhannouch aurait posé des conditions jugées « inacceptables » par M. Benkirane, notamment l’exclusion du parti nationaliste l’Istiqlal. Personne ne semble savoir pourquoi Akhannouch tient tant à exclure l’Istiqlal, pas même les membres de son propre parti.

Pour les plus optimistes, dans ce cas de figure, seule l’intervention royale serait en mesure de résoudre le problème, d’autant plus que l’article 47 de la Constitution 2011 est sans équivoque : « Le roi nomme le chef du gouvernement au sein du parti politique arrivé en tête des élections législatives ». Une hypothèse qui fait le tour de certains quartiers généraux. D’où la rumeur selon laquelle le Parti de la Justice et du Développement (PJD) de Benkirane et le RNI prépareraient, tambour battant, des échéances électorales pour sortir de ce blocage qui entame son troisième mois, sans que ne se profilent à l’horizon les prémices d’une fin de crise. Les deux partis au centre de la polémique auraient demandé à leurs militants respectifs d’adhérer à cette option à travers une campagne d’inscription sur les listes électorales qui connaissent ces derniers jours une révision globale.

En attendant que les concertations pour la formation de la nouvelle majorité reprennent et aboutissent, le blocage persiste et le pays demeure sans gouvernement, ni parlement. « La polarisation politique dans le monde arabe entrave toujours le fonctionnement normal des mécanismes démocratiques. Ainsi, toute sélection débouche dans la plupart des cas sur des situations complexes », explique un diplomate qui a requis l’anonymat. Selon lui, « les réformes menées par le roi Mohamed VI, depuis quelques années, ont certes pu épargner au pays la contagion des révolutions du Printemps arabes, mais elles demeurent incapables de contenir les contradictions sociales et politiques dans le pays » .

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