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Yémen : Ould Cheikh met les bouchées doubles

Inès Eissa avec agences, Mercredi, 30 novembre 2016

Malgré l'échec de la trêve, l'émissaire de l'Onu pour le Yémen continue inlassablement sa médiation en vue d'une reprise des négociations.

Yémen : Ould Cheikh met les bouchées doubles
(Photo : Reuters)

Cela fait des mois, ou peut-être plus, que l’on est face à la même équation au Yémen : un équilibre de force sur le terrain qui ne per­met ni à l’une ni à l’autre des parties de l’em­porter sur le plan militaire ; une conviction générale de la nécessité de passer par la table des négociations pour trouver une issue à la crise, et de l’impossibilité de l’emporter par la force, d’intenses efforts diplomatiques, et toujours rien de concret. En effet, malgré les énormes efforts diplomatiques déployés par l’émissaire spécial des Nations-Unies pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, pour trouver une solution politique à la guerre au Yémen, les choses peinent à avancer. Pour la énième fois, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed a effectué cette semaine une nouvelle tournée dans la région. L’émissaire de l’Onu a annon­cé la relance de ses efforts de paix après l’échec d’une trêve dans le conflit qui dure depuis 20 mois et qui a encore fait des dizaines de morts parmi des combattants et des civils le week-end dernier.

Le médiateur onusien s’est rendu au Yémen, en Arabie saoudite et à Oman, pour rencon­trer, une fois de plus, les protagonistes, dont le président yéménite, Abd-Rabbo Mansour Hadi. Mais rien n’est sorti de ces rencontres. Selon le ministre yéménite des Affaires étran­gères, Abdel-Malek Al-Mekhlafi, son gouver­nement devait remettre à cette occasion « sa réponse à la feuille de route » onusienne, sans donner plus de précisions.

L’émissaire onusien se trouvait aussi dimanche à Riyad où il a rencontré des diplo­mates étrangers impliqués dans le dossier, a-t-on appris d’une source diplomatique occi­dentale. Mais là non plus, les précisions sur la tenue et les résultats de ces rencontres font défaut. Auparavant, le médiateur a précisé avoir eu à Mascate une série de trois entre­tiens avec des représentants des rebelles chiites Houthis et de leurs alliés, les partisans de l’ex-président Ali Abdallah Saleh. Il a affirmé avoir senti chez ses interlocuteurs « beaucoup de sérieux », se disant « optimiste sur la possibilité » d’instaurer un nouveau cessez-le-feu. En attendant, aucune prolonga­tion de la trêve — qui n’a d’ailleurs pas été respectée la semaine dernière — n’a été annoncée. La dernière trêve, négociée par l’Onu, s’est très vite effondrée la semaine dernière. Il s’agissait de la septième tentative d’instaurer un cessez-le-feu. Malgré cet échec, « des pressions internationales ont été exercées pour une trêve et une prise de négo­ciations », a déclaré une source proche du président yéménite, Abd-Rabbo Mansour Hadi.

Outre la médiation des Nations-Unies, les Etats-Unis, alliés de l’Arabie saoudite, font eux aussi pression pour qu’une issue soit trouvée. Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a dit « continuer de croire qu’il existe une occasion historique » de mettre fin au conflit qui oppose les rebelles pro-iraniens aux forces loyales du président Abd-Rabbo Mansour Hadi, soutenues par l’Arabie saou­dite. En fait, le président yéménite, exilé en Arabie saoudite, se trouve depuis samedi der­nier à Aden, déclarée par son gouvernement « capitale provisoire » du pays, alors que la capitale yéménite, Sanaa, est toujours sous le contrôle des Houthis. C’est la première fois que le président revient au Yémen depuis un an. Sa visite intervient deux mois après l’arri­vée à Aden du premier ministre, Ahmad bin Dagher, et de sept ministres en vue de rendre le gouvernement opérationnel au Yémen. Une mission difficile, vu la situation sur le terrain et qui, de toutes les manières, ne confère pas à ce gouvernement les pleins pouvoirs tant qu’il ne contrôle pas la totalité du territoire yéménite. D’où l’urgence de revenir sur la table des négociations. Ce dont sont convain­cues toutes les parties, chacune essayant tout de même de se garantir le plus d’acquis pos­sible. En effet, « l’Arabie saoudite a enfin réalisé que la force militaire ne lui permettra pas de parvenir aux objectifs de son inter­vention au Yémen », explique un diplomate qui a requis l’anonymat, en ajoutant : « Cependant, le Royaume cherche une issue honorable ». Selon lui, il est aujourd’hui possible de trouver une solution qui mette fin à la guerre au Yémen tout en sauvant la face des Saoudiens.

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