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Sommet Arabe : Quelle place pour la cause palestinienne aujourd’hui ?

Jeudi, 21 juillet 2016

Longtemps au coeur des préoccupations arabes, la cause palestinienne n'a pourtant jamais trouvé de solution auprès de la Ligue arabe. Aujourd'hui, elle est reléguée au second plan.

Au mois de février dernier, le Royaume marocain avait cédé son droit d’organiser la 27e session ordinaire du sommet arabe, qui devrait se tenir en mars 2016 au Maroc. Officiellement, la question palestinienne semblait être la cause principale de cette décision. « Le Maroc ne veut pas que ce sommet se tienne sur son sol sans apporter, pour autant, une valeur ajoutée dans le sillage de la défense de la première cause des Arabes et des musulmans, à savoir la question palestinienne (...) alors que la colonisation israélienne et les violations se poursuivent sur les territoires palestiniens occupés, où le nombre de morts et de prisonniers palestiniens ne cesse d’augmenter », a-t-on alors indiqué dans le communiqué envoyé par le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Salah Al-Dine Mezouar, à l’ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi. La cause palestinienne était donc pour longtemps au coeur de l’idée d’unité arabe. Un grand nombre des sommets de la Ligue arabe organisés entre 1946 et 2015 (dont douze sommets en urgence) ont été tenus à la suite d’événements spécifiques concernant la cause palestinienne.

« Les résolutions les plus importantes de la Ligue arabe concernaient la Palestine, même si elle n’a pas pu résoudre la question jusqu’à présent », indique Saïd Okacha, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. En réalité, il semble que la question palestinienne n’était qu’un paravent pour certains dirigeants arabes pour exprimer leur « nationalisme arabe », lancer de faux slogans et gagner de la popularité. Les recommandations de la Ligue arabe se montrent très timides en raison des divisions entre les Etats membres.

Les discours des chefs d’Etat et des dirigeants arabes, dans les sommets arabes, témoignent de cette situation. Ils se contentent, à chaque fois, de condamner la judaïsation et la colonisation des territoires palestiniens, de s’attacher à la relance du processus de paix entre Palestiniens et Israéliens et de s’attacher aussi à la solution des deux Etats. « Les changements qu’a vécus la région ces dernières années ont conduit à la négligence du dossier palestinien. Ce changement est devenu plus clair après 2011, et ce qu’on appelle le Printemps arabe, les dirigeants arabes ont alors commencé à s’intéresser chacun à des questions internes propres à son pays. Les événements qui ont suivi les Printemps arabes ont renforcé cette négligence de la question palestinienne, qui n’est désormais plus, pour les leaders arabes, la cause centrale de la Nation arabe. On n’évoque la Palestine qu’après avoir parlé de la situation en Syrie, au Yémen et en Libye, voire la gravité de nombreuses crises qui agitent la région notamment ces cinq dernières années », explique Saïd Okacha.

Approches différentes

En outre, les positions des chefs d’Etat arabes ne sont pas toujours identiques. Celles-ci se sont distinguées par la différence d’approches des dirigeants arabes. Parce que certains d’entre eux, comme l’Egypte et l’Arabie saoudite, approuvent l’OLP et son président, Mahmoud Abbas, et d’autres, comme le Qatar, soutiennent les mouvements de résistance, notamment le Hamas implanté dans la bande de Gaza. D’ailleurs, dès sa naissance, la Ligue arabe est divisée en deux camps aux visées politiques opposées. Ce qui s’est traduit dans leur traitement de la cause palestinienne, ou plutôt dans leur échec. Reléguée au second plan, sujette aux positions divergentes, négligée par la communauté internationale, la question palestinienne souffre de mille maux. Pourtant, Barakat Al-Ferra, chargé d’affaires de la Palestine au Caire, affirme que la cause est toujours présente dans les sommets arabes et que la position des dirigeants arabes vis-à-vis de la question palestinienne n’a pas du tout changé. « La question palestinienne demeure la cause centrale de la Nation arabe et bien sûr de la Ligue arabe. Toutefois, le problème est que les résolutions et les recommandations des sommets de cette Ligue arabe restent dans les tiroirs et ne se transforment jamais en actions concrètes, et ce, depuis la création de l’institution jusqu’à nos jours. Même les résolutions financières fixant des donations et des aides aux Palestiniens ne se concrétisent pas la plupart du temps. Nous n’avons pas besoin de nouvelles recommandations ni résolutions, nous avons besoin que les anciennes soient appliquées », estime l’ambassadeur Barakat Al-Ferra. Mais peut-on espérer un quelconque miracle ?

Pour Saïd Okacha, il existe aujourd’hui de nouvelles initiatives, notamment de la part de l’Egypte, pour rendre à la cause palestinienne sa place d’antan. Des tentatives inutiles du point de vue de Barakat Al-Ferra. « Tout le système de la Ligue arabe doit être révisé, voire changé pour rendre ses décisions et ses recommandations efficaces, concrètes et applicables comme, par exemple, celles de l’Union africaine », souligne l’ambassadeur Barakat Al-Ferra, tout en exprimant son espoir que le sommet arabe, prévu en 25 juillet dans la capitale de la Mauritanie, Nouakchott, répondra aux ambitions palestiniennes et aura des résultats concrets et décisifs pour soutenir la cause palestinienne et protéger les lieux saints islamiques face à la judaïsation et la colonisation. Des voeux pieux, pour le moins que l’on puisse dire.

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