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Sommet Arabe: Mohammed Abdul-Majeed Qubati : Le médiateur de l’Onu a commis une grande erreur

Osman Fekri, Jeudi, 21 juillet 2016

Le ministre yéménite de l'Information, Mohammed Abdul-Majeed Qubati, évoque le rôle arabe dans les tentatives de règlement de la crise yéménite.

Mohammed Abdul-Majeed Qubati : Le médiateur de l’Onu a commis une grande erreur
Mohammed Abdul-Majeed Qubati

Al-Ahram Hebdo : La crise au Yémen a monopolisé les travaux du dernier sommet arabe tenu à Charm Al-Cheikh, où l’opération « Tempête décisive » a reçu le soutien des Etats réunis. Qu’attendez-vous du prochain sommet prévu dans quelques jours à Nouakchott ?

Mohammed Abdul-Majeed Qubati : Lors de ce sommet auquel participe le président Abd-Rabbo Mansour Hadi, je m’attends au même soutien face au putsch des Houthis et aux immiscions de l’Iran dans la région. Ce pays cherche à étendre son influence jusqu’au détroit de Bab Al-Mandeb avec tous les risques que cela représente pour la sécurité nationale des pays du Golfe, de l’Egypte et de tous les pays arabes. Je m’attends à ce que les dirigeants arabes fassent preuve de responsa­bilité et de fermeté face aux ingérences et aux provocations de l’Iran qui continue à achemi­ner des armes aux putschistes houthis. Une force arabe unie est indispensable pour faire face à ce genre de défi. Je suis sûr que ce sommet arabe offrira beaucoup au Yémen et à son peuple dans l’objectif de les délivrer des putschistes et des partisans du président déchu Ali Abdallah Saleh.

— Pensez-vous que la gestion de la crise yéménite par des pays du Golfe ait réduit l’intérêt de la Ligue arabe vis-à-vis de ce dossier ?

— Au contraire, depuis le tout début, la Ligue arabe a joué un rôle très important pour désamorcer la crise, et elle continue à le faire. La Ligue a soutenu l’initiative des pays du Golfe pour une solution pacifique. La coali­tion arabe, qui assure une couverture aérienne à l’armée nationale et à la résistance popu­laire, compte de nombreux pays en dehors du Golfe, comme l’Egypte, la Jordanie ou le Maroc. C’est que les ingérences iraniennes ne concernent pas seulement les pays du Golfe, mais représentent un souci arabe dans la mesure où l’Iran cherche à déstabiliser toute la région. Nous avons besoin, à travers la Ligue arabe, de consolider la force arabe unie et d’assurer davantage de concertation entre le rôle des pays du Golfe et des autres pays arabes en vue de la libération de la totalité des territoires yéménites.

— A part le soutien, que peut offrir le sommet arabe en termes de changements concrets ?

— Le peuple yéménite a beaucoup souffert à cause du conflit et du siège imposé aux villes dans le nord et le sud du pays. En plus du soutien, nous avons besoin d’une assis­tance humanitaire et de secours ainsi que d’un projet arabe et international pour la recons­truction du pays et le redressement de son économie effondrée. Nous remercions nos frères du Golfe, notamment l’Arabie saoudite ainsi que l’Egypte et tous les pays de la coali­tion arabe pour tout ce qu’ils ont déjà offert. La restauration du gouvernement légitime et la reconstruction du pays et de son économie feront du Yémen un pays fort et capable de contrer les ingérences de l’Iran et ses menaces qui visent toute la région.

— Que pensez-vous de l’initiative onu­sienne dévoilée par le médiateur Ismail Ould Cheikh ?

— Le médiateur de l’Onu a commis une grande erreur en oubliant sa mission princi­pale pour se contenter de négocier avec les putschistes, alors qu’il est supposé obtenir la confiance de toutes les parties et veiller à l’application de la résolution 2216. Adoptée aux termes du chapitre 7, celle-ci exige des Houthis et des partisans du président déchu Ali Abdallah Saleh de se retirer des institu­tions de l’Etat, de rendre leurs armes et de remettre en liberté les prisonniers politiques et les détenus, dont l’ex-ministre de la Défense du Yémen, Mahmoud Al-Subaihi, mentionné dans le texte de la résolution. Mardi 13 juillet, le président Abd-Rabbo Mansour Hadi a ren­contré le médiateur Ismail Ould Cheikh à Riyad, et lui a fait savoir que la présidence yéménite ne participerait pas aux pourparlers de Koweït à moins d’un engagement écrit de s’en tenir aux cadres préalablement définis de la résolution 2216 et de l’initiative des pays du Golfe, stipulant l’arrêt immédiat des hosti­lités contre les civils et la libération des pri­sonniers. Le président a également affirmé au médiateur onusien que le pouvoir légitime tient aux négociations tant que celles-ci ne sont pas utilisées par les putschistes dans des tergiversations pour gagner du temps et légiti­mer leur coup d’Etat. Nous avons fait parvenir notre point de vue relativement à la « feuille de route » proposée par l’émissaire onusien aux pays parrains des pourparlers de paix, notamment le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Finalement, je crois qu’Ismail Ould Cheikh doit oeuvrer pour gagner la confiance du peuple yéménite et du pouvoir légitime, afin de pouvoir mener à bien sa mission.

— Le représentant du Yémen à la Ligue arabe, Mohamad Al-Heissami, avait décla­ré que les pourparlers de Koweït ne menaient nulle part. Si tel est le cas, quelle serait donc la solution ?

— Les putschistes et les partisans du prési­dent déchu Ali Saleh sont derrière l’échec des pourparlers, parce qu’ils tergiversent dans le seul but de gagner du temps et du terrain. Aucune négociation ne risque de réussir loin de la résolution 2216 et du cadre de l’initia­tive des pays du Golfe. Il faut surtout lever le siège des villes … Le gouvernement légitime a fait beaucoup de concessions pour le bien du pays et du peuple. A la différence des Houthis, nous n’avons pas de projets confes­sionnels ou sectaires, et depuis que nous avons décidé de participer aux pourparlers, on a respecté nos engagements, mais on n’a eu en échange que des mensonges de la part des Houthis et des partisans de Saleh. Leur seul souci est d’arrêter les raids aériens de la coalition arabe pour qu’ils poursuivent leurs agressions barbares contre les civils inno­cents. Mais si nous sommes allés à Genève, puis au Koweït, c’est pour l’intérêt du Yémen et de son peuple, pas pour légitimer le coup d’Etat. C’est pourquoi j’appelle l’Onu à cher­cher à savoir pourquoi après 75 jours de pourparlers au Koweït, il n’y a eu aucune avancée. Nous aurons d’autres rencontres avec l’émissaire Ould Cheikh pour nous pen­cher sur les raisons de cet échec …

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