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Tunisie : Vers un gouvernement d’union nationale

Maha Salem avec agences, Mercredi, 08 juin 2016

Le gouvernement tunisien est en proie à des critiques croissantes, poussant le président Béji Caïd Essebsi à se déclarer favorable à la formation d'un nouveau gouvernement.

La tension est montée d’un cran dans la classe politique tunisienne après certaines déclarations du président Béji Caïd Essebsi. Ce dernier a annoncé qu’il était favorable à un gouvernement d’union nationale face aux critiques persistantes et son impuissance à résoudre plusieurs problèmes. Mais le président a posé des conditions difficiles à réaliser. Il a exigé que le nouveau gouvernement inclue l’UGTT (Union Générale des Travailleurs Tunisiens) et l’Utica (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat), deux des Prix Nobel tunisiens de 2015. « D’après ce que j’ai vu sur le gouvernement actuel, les critiques sont plus nombreuses que les appréciations positives, ce qui m’a poussé à accepter d’examiner la proposition pour la formation d’un gouvernement d’union nationale. Mais un tel gouvernement devra nécessairement enregistrer la participation de l’UGTT et de l’Utica faute de quoi il ne va pas réussir », a déclaré le chef de l’Etat.

Tout en jugeant l’initiative positive, le secrétaire général de l’UGTT, Houcine Abassi, a toutefois paru écarter l’idée d’une participation de son puissant syndicat à un gouvernement d’union. « Nous ne pourrons pas (en faire) partie, l’UGTT restant la force qui unit toutes les institutions et le lieu de refuge de toutes les sensibilités », a déclaré Abassi. En revanche, la présidente de l’Utica, Ouided Bouchamaoui, a indiqué que ce serait au bureau exécutif de son organisation de décider de la participation ou pas du patronat à ce gouvernement.

En première réaction aux déclarations du président, le premier ministre Essid a affirmé qu’il était prêt à démissionner si l’intérêt du pays l’exige. Dans cette hypothèse, Essebsi n’a pas écarté l’idée d’un changement de premier ministre, un an et demi après l’entrée en fonctions de Habib Essid, un indépendant dont le départ a été évoqué par des médias ces dernières semaines. Mais la mise en oeuvre d’un tel projet nécessiterait la démission de l’actuel gouvernement, puis des négociations entre les diverses parties concernées, partis politiques, syndicat et patronat.

Ce cabinet, dont les priorités resteraient la lutte contre le terrorisme, la corruption, le chômage et les disparités régionales, pourrait être dirigé par M. Essid ou une autre personnalité, a encore fait valoir le président. Ce dernier a avoué que « le gouvernement d’Essid pourrait être meilleur si nous imposions la loi de l’Etat pour dépasser la situation actuelle marquée par des conflits sociaux qui ont entraîné des pertes de 5 milliard de dollars entre 2010 et 2015. Le défaut du gouvernement de M. Essid c’est qu’il n’a pas avoué au peuple la situation dans laquelle il avait trouvé le pays », a affirmé Essebsi.

Premier ministre depuis février 2015, Habib Essid a déjà été contraint de procéder à un large remaniement en janvier dernier, face aux nombreuses critiques sur la gestion économique et sécuritaire du pays. Selon la Constitution tunisienne de 2014, le premier ministre est choisi par le parti majoritaire à l’Assemblée puis chargé par le président de la République de former le gouvernement. L’actuelle coalition est composée de quatre formations, dont Nidaa Tounès, le parti fondé par M. Essebsi en 2012, et les islamistes d’Ennahda.

La Tunisie a réussi la transition démocratique née de sa révolution en 2011, en particulier grâce au dialogue national mené deux ans plus tard par un quartette dont faisaient partie le puissant syndicat l’UGTT et l’Utica. Mais le pays ne parvient toujours pas à relancer son économie et a été frappé dans un passé récent par une série d’attentats djihadistes sanglants.

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