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Libye : Un gouvernement en quête de légitimité

Maha Salem, Mardi, 26 avril 2016

Le parlement libyen ne parvient toujours pas à se réunir pour un vote de confiance au nouveau gouvernement d'union nationale jugé crucial. Ce dernier tente tout de même d'asseoir son autorité. Une tâche difficile.

Annoncé puis reporté maintes fois, né après de longues tergiversations, le nouveau gouvernement d’union nationale soutenu par l’Onu est toujours en manque de légitimité. Et pour cause, le parlement peine à se réunir pour le vote de confiance. Ce dernier basé à Tobrouk, dans l’est du pays et reconnu par la communauté internationale, devait depuis plusieurs semaines voter pour consacrer la légitimité du gouvernement d’union. Faute de quorum ou en raison de dissensions, ce vote a été repoussé à plusieurs reprises. La dernière date annoncée était celle du lundi 18 avril. Mais la réunion n’a pas pu avoir lieu, malgré les fortes pressions de la communauté internationale, et a même été reportée sine die. 102 députés sur 198 ont alors publié une déclaration dans laquelle ils affirment avoir été empêchés de voter formellement et ils confirment accorder leur confiance au gouvernement d’union nationale. Ils demandent que la session lors de laquelle les ministres prêteront serment soit organisée d’ici à la fin de la semaine prochaine dans un autre lieu que Tobrouk. Une centaine de députés avait déjà exprimé son soutien en février dernier, mais la communauté internationale pressait le parlement de tenir un vote de confiance officiel.

Le parlement de Tobrouk était associé à un gouvernement qui était reconnu par la communauté internationale jusqu’à la formation de l’exécutif d’union. Ce cabinet parallèle dans l’est du pays n’a pas indiqué s’il était prêt à transférer ses pouvoirs au gouvernement d’union. Ce dernier conduit par le premier ministre désigné, Fayez Al-Sarraj, s’est installé à Tripoli le 30 mars. Il a reçu, depuis, le soutien d’acteurs économiques-clés comme la Banque Centrale et la Compagnie nationale pétrolière. Une partie des autorités qui contrôlaient Tripoli lui ont aussi prêté allégeance, ainsi qu’une partie des autorités basées à Tripoli et rivales du gouvernement installé dans l’est du pays.

Obstacle majeur

Mais ce cabinet d’union doit encore asseoir son autorité naissante sur la totalité du territoire libyen et surmonter un obstacle majeur, à savoir le refus du gouvernement basé dans l’est, qui était jusqu’alors reconnu par la communauté internationale, de lui céder le pouvoir avant le vote de confiance.

Le vice-premier ministre désigné, Ahmed Meitig, a toutefois indiqué que quelle que soit l’issue du vote du parlement, l’exécutif d’union commencerait à prendre le contrôle de ministères. Pour concrétiser ces déclarations, Mohamad Al-Amari, ministre d’Etat, a pris lundi dernier le contrôle du siège du ministère de l’Habitat et des Travaux publics, ainsi que de celui du ministère des Affaires sociales en sa qualité de représentant du gouvernement d’union.

En effet, ce gouvernement a reçu une nouvelle marque de soutien avec la visite surprise à Tripoli du ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, qui a rencontré le premier ministre désigné, Fayez Al-Sarraj, quelques jours après une démarche similaire de ses homologues italien, français, allemand, espagnol et portugais. Mais, le ministre britannique Hammond a apporté le soutien de son pays au gouvernement Sarraj en lui promettant notamment une aide de 10 millions de livres (environ 12,6 millions d’euros). Hammond a évoqué avec Sarraj les priorités du gouvernement d’union dans les domaines de la sécurité, de la relance de l’économie et du rétablissement des services publics.

Sarraj a participé à une vidéoconférence avec les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l’Union européenne réunis à Luxembourg. « Cette réunion a discuté sur des projets de soutien concrets sur le plan économique, politique ou sécuritaire », a déclaré la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, alors que plusieurs pays européens envisagent de rouvrir leurs ambassades en Libye, pays miné par des années de violences et de luttes de pouvoir. Cette intense activité diplomatique des Européens coïncide avec l’annonce de l’émissaire Martin Kobler du retour de la mission des Nations-Unies (Manul) en Libye, pays qu’elle avait quitté en 2014 en raison des violences. En effet, l’Onu et la communauté internationale poussent à la reconnaissance de ce gouvernement d’union nationale qui pourra mettre fin au chaos en Libye, arrêter l’immigration clandestine vers l’Europe, et de mieux, lutter contre le groupe djihadiste Etat Islamique (EI) dans ce pays riche en pétrole.

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