Dans une nouvelle tentative de rendre fructueuses les prochaines négociations de Genève, prévues ce mercredi, l’émissaire des Nations-Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, est arrivé dimanche soir à Damas, où il a rencontré des responsables du régime. Avant Damas, Staffan de Mistura s’était rendu à Moscou, Téhéran, Ankara et Riyad pour obtenir des puissances régionales et des acteurs-clefs du dossier syrien qu’ils s’emploient à infléchir les positions des deux parties au conflit avant qu’elles ne reviennent à Genève.
En effet, l’espoir de voir le nouveau round des négociations sur la Syrie qui s’ouvre cette semaine à Genève déboucher sur une esquisse d’accord de paix est très mince. Les positions du gouvernement syrien et de l’opposition paraissant plus inconciliables que jamais. « Cette fois, il faut que ces discussions produisent des résultats concrets », a prévenu Staffan de Mistura. A l’issue de ces consultations avec le gouvernement et l’opposition syriens, le diplomate a remis une feuille de travail pour cadrer ces prochaines négociations indirectes.
Selon la feuille de route de l’Onu, les pourparlers de Genève doivent aboutir à la mise en place d’un organe de transition d’ici l’été, puis à l’organisation d’élections législatives et présidentielle dans les 12 mois suivants. Toujours est-il que la question de la place du président syrien, Bachar Al-Assad, dans ledit processus de transition continue à être la principale pierre d’achoppement. Fort du retournement de situation sur le terrain, tout en sa faveur, le président syrien répète à l’envi qu’il est disposé à ouvrir son gouvernement à l’opposition mais sous son autorité. Ce qui est perçu comme une provocation par le Haut Comité des Négociations (HCN). D’où le scepticisme qui règne à la veille du nouveau round de négociations de Genève, personne ne s’aventurant à présenter cette nouvelle échéance comme décisive.
Cessation du cessez-le-feu
L’on se dirige donc vers Genève sans enthousiasme, ou plutôt en attendant que les pressions internationales et régionales sur le régime et l’opposition portent leurs fruits. En attendant, le régime continue de tirer profit de la réalité sur le terrain et de tenter de renforcer ses gains. En effet, entré en vigueur le 27 février dernier, le cessez-le-feu est sur le point de s’effondrer. Notamment à Alep au nord, où les troupes du régime syrien préparent une opération pour la reprise de la ville avec l’aide de l’aviation russe. C’est ce qu’a affirmé dimanche le premier ministre syrien, Waël Al-Halqi, à l’occasion d’une rencontre avec des parlementaires russes à Damas. « Avec nos partenaires russes, nous préparons une opération pour la libération d’Alep et l’arrêt de tous les groupes illégaux qui n’ont pas rejoint ou ont violé l’accord de cessez-le-feu », a déclaré Waël Al-Halqi, cité par l’agence de presse russe Interfax. Selon le premier ministre syrien, qui s’est entretenu avec une délégation de députés et de sénateurs russes, la reprise d’Alep permettra en outre à l’armée syrienne d’avancer vers Deir Ezzor (est), contrôlée à 60 % par les djihadistes de l’organisation Etat Islamique (EI). Autour d’Alep notamment, « le cessez-le-feu s’est quasiment effondré sur les principales lignes de front », a ainsi estimé dimanche le directeur de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel-Rahman. Autant de signes pessimistes à la veille des négociations de Genève.
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