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La menace s’accentue en Europe

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 28 mars 2016

L'affaiblissement relatif de Daech en Syrie et en Iraq, alors que son implantation en Libye est patente, laisse planer le spectre d'un danger terroriste accru en Europe.

« Une cellule secrète des soldats du califat s’est lancée en direction de la Belgique croisée qui n’a cessé de combattre l’islam et les musulmans, Allah a donné victoire à nos frères et a jeté l’effroi dans le coeur des croisés ». Tel est l’énoncé du communiqué, en français, diffusé par le groupe de l’Etat Islamique (EI) qui a revendiqué les attentats de Bruxelles, le mardi 22 mars. Des attaques qui ont suivi un mode opératoire très proche des attaques de Paris le 13 novembre dernier et qui ont jeté l’effroi non seulement en Belgique, mais dans toute l’Europe : l’alerte antiterroriste est relevée au niveau maximal en Belgique, couplée au renforcement des mesures sécuritaires dans de nombreuses métropoles européennes.

Les menaces de Daech à l’encontre des pays européens membres de la coalition les frappant en Iraq et en Syrie semblent paradoxalement s’accentuer à la mesure que l’EI essuie des défaites. « Ce n’est pas une surprise. On pouvait s’y attendre vu les signes avant-coureurs de l’implantation de Daech en Belgique. On sait que c’est le pays, avec la France et le Danemark, où le ratio de djihadistes parmi la population est le plus important », explique Thibault de Montbrial, spécialiste des questions de terrorisme et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure, lors d’une interview publiée cette semaine sur le site Internet 20 Minutes.

En effet, selon des chiffres de différents centres de recherche européens, entre 3 000 et 5 000 djihadistes entraînés par Daech se seraient infiltrés en Europe. Des chiffres qui inquiètent, mais l’embrigadement se poursuit malgré tout. Selon Ali Bakr, analyste au CEPS et spécialiste dans les mouvements islamistes extrémistes, « l’idéologie de Daech attire certains jeunes européens d’origine arabe, car Daech joue sur l’injustice qui règne dans des pays arabes et aussi dans des pays européens contre ceux qui sont d’origines arabes et musulmanes, de même, ces jeunes ont un problème identitaire : en Europe, ils se sentent des citoyens de seconde zone, et en même temps, ils n’ont aucune racine dans leur pays d’origine ». Et de poursuivre : « Daech a réussi à recruter, en Europe, des jeunes très spécialisés dans les domaines techniques et électroniques, ce qui augmente la menace que le groupe présente ».

Les Européens font donc face à deux problèmes d’envergure : l’embrigadement et les risques terroristes en soi. Rob Wainwright, directeur d’Europol, agence de coordination policière en Grande-Bretagne, pense que le nombre de terroristes infiltrés oblige les Etats européens « à faire face à de tout nouveaux challenges », a-t-il affirmé lors d’une interview au journal allemand Neue Osnabrücker Zeitung, signalée par le site Atlantico cette semaine. Fin janvier, Rob Wainwright avait averti que Daech disposait désormais d’« une nouvelle capacité de combat pour effectuer une campagne d’attaques d’ampleur » concentrées en particulier sur l’Europe. Les attaques viseront en priorité les cibles molles (la société civile), en raison de l’impact que cela génère, précise un rapport de l’agence de coordination policière. Reste à savoir si les mesures prises par les pays européens seront suffisantes pour contrer toute éventuelle attaque de l’EI, ou s’il faut plutôt s’attaquer à la racine du mal .

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