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Entre Palmyre et Mossoul, l’Etat islamique en déroute

Maha Salem avec agences, Lundi, 28 mars 2016

Appuyées par leurs alliés russes et américains, les forces gouvernementales de Syrie et d'Iraq avancent pour prendre les villes occupées par l'Etat islamique.

Entre Palmyre et Mossoul, l’Etat islamique en déroute
Les forces syriennes et iraqiennes avancent d'un pas sûr pour chasser les djihadistes. (Photo:Reuters)

Après des combats acharnés, l’armée syrienne a réalisé une victoire remarquable contre les djihadistes de l’Etat Islamique (EI) en lui reprenant la ville de Palmyre, cité antique du centre de la Syrie inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Il s’agit de la victoire la plus importante du régime face à l’EI depuis l’intervention militaire dans le conflit syrien, fin septembre 2015. Après Palmyre, les forces du régime n’auront qu’à déloger l’EI de la localité d’Al-Alianiyé, à 60 km plus au sud, pour reprendre le contrôle du désert syrien et avancer vers la frontière avec l’Iraq, encore contrôlée en grande partie par les djihadistes.

La perte de Palmyre est la deuxième grande défaite de l’EI en Syrie, après celle en janvier 2015 à Kobané (nord). Dans une première déclaration officielle après la reprise de Palmyre, le commandement militaire syrien a affirmé que cette ville serait la base pour ses nouvelles offensives à partir de laquelle s’étendront les opérations contre le groupe terroriste, notamment à Deir Ezzor (est) et Raqa (nord), principaux fiefs de l’EI. Raqa est souvent considérée comme un bastion du « califat » autoproclamé par l’EI à cheval sur la Syrie et l’Iraq.

« Pour la première fois depuis son apparition, l’Occident a pris la décision d’en finir avec l’EI. Plusieurs raisons expliquent cette décision. Tout d’abord, il s’agit peut-être d’un accord tacite entre les grandes puissances, notamment les Russes et les Américains, pour contrer ce groupe, qui a dépassé toutes les lignes rouges en menant des attaques en Europe », explique Dr Mohamad Abdel-Qader, analyste au Centre des études arabes et africaines au Caire. Selon l’analyste, « Daech ressemble a un monstre créé, élevé et contrôlé par l’Occident, mais ce dernier a perdu son contrôle et le monstre a commencé à agir tout seul. Alors, il est temps de le détruire ». Mohamad Abdel-Qader ajoute que les intérêts liés à l’existence de l’EI dans la région n’existent plus : « Il a réalisé sa tâche dans les pays arabes où il a épuisé les régimes de ces pays. Sa mission est terminée ».

Mossoul, ville stratégique

Sur Daech, il semble donc que Moscou et Washington soient d’accord. Les deux puissances semblent déterminées à limiter au maximum le pouvoir d’action de l’organisation, chacune en soutenant son allié. C’est notamment ce qui explique les événements de l’autre côté de la frontière syrienne. Dans l’Iraq voisin, l’EI est aussi la cible d’une large offensive de l’armée iraqienne qui cherche à reprendre son fief de Mossoul, la deuxième ville du pays située dans le nord. La reprise de Mossoul est considérée comme l’objectif le plus important de la campagne de reconquête des territoires perdus lors de l’offensive éclair menée par l’EI en 2014. Les forces armées et leurs alliés ont débuté la première phase des opérations de conquête de la province de Ninive dont Mossoul est le chef-lieu, a annoncé le commandement des opérations conjointes dans un communiqué. Cette opération est menée par l’armée et les Unités de mobilisation populaire, une coalition de milices principalement chiites. Est également impliquée la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, dont les avions ont effectué huit frappes sur les environs de Mossoul et détruit des infrastructures de l’EI près d’Al-Qayyarah. Le Pentagone a déployé officiellement 3 870 soldats en Iraq. Mais le nombre réel est beaucoup plus important, environ 5 000, selon des informations de presse que le chef d’état-major interarmées, le général Joe Dunford, n’a pas démenties. Mossoul, qui se trouve à 350 km au nord de Bagdad, est devenue la capitale de facto de l’EI en Iraq après avoir été la première grande ville du nord du pays à tomber aux mains des djihadistes en juin 2014.

Depuis, les autorités ont annoncé à plusieurs reprises l’imminence d’une offensive pour reprendre la grande métropole mais celle-ci a sans cesse été repoussée. Fin 2015, le premier ministre Haider Al-Abadi s’était engagé à libérer son pays de l’EI en 2016, en promettant que le « coup fatal » pour les djihadistes serait la libération de Mossoul. Mais la reprise de la province de Ninive et de Mossoul pourrait s’avérer une opération longue et difficile, selon les experts, notamment à cause de l’étendue de cette région où se concentre une grande partie des forces de l’EI. « L’EI se dirige certes vers sa perte, mais ce n’est pas encore pour demain », conclut Dr Mohamad Gomaa, expert au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram.

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