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Libye : Toujours pas d’union nationale

Maha Salem avec agences, Jeudi, 21 janvier 2016

Le conseil présidentiel libyen chargé de désigner un gouvernement d'union nationale en a retardé l'annonce malgré le délai cité dans l'accord de paix, signé le mois dernier sous l'égide de l'Onu.

Comme prévu, la création d’un gouverne­ment libyen d’union nationale a été repor­tée, due aux divergences sur la répartition des postes-clés tandis que dimanche, l’émissaire de l’Onu pour la Libye, Martin Kobler, était de nouveau dans le pays.

Pour menacer les rivaux libyens, le chef de la diplomatie italienne a annoncé qu’une coalition internationale anti-Daech en Libye serait inévi­table en cas d’échec d’application de l’accord parrainé par l’Onu qui prévoit la mise en place d’un gouvernement unitaire dans ce pays. « S’il fallait, d’ici à quelques mois, prendre acte avec amertume que les Libyens ont renoncé à cette perspective (l’application de l’accord), alors certainement une coalition internationale anti-Daech devra voir le jour comme en Iraq ou en Syrie », a déclaré Paolo Gentiloni au quotidien français Le Figaro. « Mais, encore une fois, ce n’est pas à l’ordre du jour, ni aujourd’hui ni demain. Le faire serait admettre que les efforts des Libyens courent à l’échec. Si nous devions intervenir contre le terrorisme, nous voudrions le faire à la demande d’un gouvernement libyen, pour le soutenir », a affirmé Gentiloni. Avis partagé par la plupart des pays occidentaux qui s’inquiètent de l’extension de la puissance des djihadistes dans ce pays considéré souvent comme la porte de l’immigration illégale vers l’Europe.

Quant à eux, « les Libyens refusent toute intervention militaire occidentale, car pour eux, c’est une sorte de colonisation. Au contraire, cette intervention peut les pousser à rejoindre les groupes armés qui luttent contre le gouver­nement reconnu par la communauté internatio­nale, car ce dernier a permis aux Occidentaux d’intervenir dans leur pays », explique Dr Ayman Chaaban, professeur à la faculté d’éco­nomie et de sciences politiques de l’Université du Caire.

La formation du gouvernement d’union natio­nale doit découler d’un accord signé en décembre sous l’égide de l’Onu par des membres des deux parlements libyens rivaux. Ces derniers, soutenus par d’anciens rebelles et milices, ont fait plonger le pays dans le chaos, ce dont a profité Daech pour s’implanter.

Selon cet accord, un conseil présidentiel, pré­sidé par l’homme d’affaires tripolitain Fayez El-Sarraj, devait former ce gouvernement d’union nationale.

Les représentants des factions libyennes ont confié au conseil présidentiel de 9 membres la mission de désigner dans le délai d’un mois un gouvernement d’union nationale que le Conseil de sécurité de l’Onu devra appuyer par l’adop­tion d’une résolution. Le parlement réfugié dans l’est du pays doit devenir le principal organe législatif tandis qu’un Conseil d’Etat aura un rôle consultatif.

Les pays occidentaux espèrent que la lassi­tude de la guerre, l’effondrement des revenus pétroliers, la promesse d’aide étrangère et la menace constituée par Daech finiront par convaincre les Libyens à former le nouveau gouvernement.

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