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Le come-back russe

Abir Taleb, Lundi, 12 octobre 2015

Symbole des ambitions de Moscou, l'intervention russe en Syrie risque de changer la donne non seulement dans ce pays, mais aussi dans le rapport de forces international.

Depuis l’entrée en jeu de Moscou dans le conflit syrien, l’Occident semble davantage pré­occupé par le retour en force de la Russie sur la scène internationale que par les conséquences des frappes russes sur le cours du conflit en Syrie. Missiles de croi­sière tirés depuis la mer Caspienne, avions de chasse détruisant des cibles à longue distance : Vladimir Poutine n’a pas lésiné sur la démonstration de force en Syrie, destinée, selon les experts, à afficher une Russie renaissante et capable de s’oppo­ser aux Occidentaux.

Dans sa première opération militaire menée en dehors des frontières de l’ex-URSS depuis sa désastreuse campagne en Afghanistan en 1979, Moscou montre ses muscles. Et compte renverser la donne. D’abord, en reléguant dans l’ombre la coali­tion menée par les Etats-Unis. Ensuite, à plus long terme, en imposant sa vue dans un futur règlement de la crise syrienne.

En effet, si la Russie s’est posée franchement aux côtés du régime syrien depuis le début de la crise, notamment en bloquant des résolutions au Conseil de sécurité de l’Onu, le soutien au régime de Bachar Al-Assad n’est pas l’unique objectif pour­suivi par le Kremlin. L’intervention russe semble être une tentative plus large d’entrer en compétition avec les Occidentaux. « Les tensions ne sont pas tant liées à la Syrie ou à l’Etat islamique, mais plutôt aux principes globaux » de sou­veraineté et d’ingérence à l’étranger, affirme Matthew Rojanski, directeur du Kennan Institute basé à Washington, cité par l’AFP.

Ainsi, d’aucuns vont jusqu’à avancer que les derniers événe­ments survenus dans l’arène politique internationale ont mar­qué un tournant majeur et égale­ment le début d’une nouvelle ère où les rapports de force ont défi­nitivement changé.

S’il est peut-être un peu pré­maturé de confirmer la nais­sance d’un nouvel ordre mon­dial, il est au moins sûr que dans la région, les choses vont inévi­tablement changer. La campagne syrienne de la Russie va sans doute détériorer les relations de Moscou avec la Turquie, l’Ara­bie saoudite et le Qatar, tous impliqués dans la coalition amé­ricaine qui mène ses propres raids aériens en Syrie. Mais le plus grave est que les tentatives russes de revenir dans le jeu au Moyen-Orient risquent d’avoir pour effet d’alimenter davantage les divisions dans la région .

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