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Libye : Première étape pour un règlement

Maha Salem, Lundi, 12 octobre 2015

Les camps rivaux en Libye sont parvenus à un accord pour la formation d’un gouvernement d’union nationale chargé de diriger la transition politique. Un pas en avant certes, mais qui risque de se heurter à des obstacles.

Libye : Première étape pour un règlement
Bernardino Leon, l'émissaire onusien pour la Libye, a tout fait pour que le nouveau gouvernement soit formé. (Photo:AP)

Après des mois de négociations acharnées, la formation d’un nouveau gouvernement libyen d’unité nationale a été finalement annoncée. Un pas attendu depuis plusieurs mois, et après des efforts intenses menés par l’émissaire des Nations-Unies pour la Libye, Bernardino Leon. Suite à l’annonce de l’accord sur le gouvernement, ce dernier a déclaré que le Conseil de sécurité de l’Onu attend désormais son application pour lever les sanctions imposées à la Libye. Et, selon lui, le conseil est prêt à sanctionner ceux qui menacent la paix, la stabilité et la sécurité de la Libye, ou cherchent à empêcher la réalisation de la transition politique. Dans une déclaration unanime, les 15 membres du Conseil ont appelé la Mission de l’Onu en Libye (UNSMIL) à aider à coordonner l’aide internationale au futur gouvernement d’union nationale. Pour accorder plus de soutien, l’Union européenne a elle aussi déclaré son intention d’offrir son appui politique et financier, à hauteur de 100 millions d’euros, au nouveau gouvernement.

Quant à l’émissaire des Nations-Unies pour la Libye, il a mis tout son poids pour trouver un terrain d’entente entre les deux autorités rivales dans le pays. Il a négocié aussi avec les chefs des tribus et des régions pour trouver des issues aux points d’achoppement entre eux.

Présidé par Fayez El-Sarraj, ce nouveau gouvernement aura trois vice-premiers ministres : Ahmad Meitig, Fathi Al-Mejbri et Moussa El-Koni. Essayant de satisfaire tous les camps, un consensus a été trouvé sur le nom de 17 ministres dont deux femmes. Autres noms à avoir été choisis : ceux des 5 membres du Conseil présidentiel dont fait également partie El-Sarraj. Mais ce conseil sera dirigé par des personnalités indépendantes proposées par l’émissaire onusien. Plusieurs candidats pour les différents ministères ont été proposés ainsi que pour les postes-clés, tels que le Conseil d’Etat et le Conseil de la sécurité nationale. Mais les personnes proposées pour le gouvernement n’en sont pas encore membres. Il faut qu’elles soient acceptées par les membres du conseil présidentiel.

« Beaucoup de Libyens ont perdu la vie et autant de mères en ont souffert. Nous sommes convaincus que la composition de ce gouvernement peut réussir. Les Libyens doivent saisir cette chance historique pour sauver la Libye », a dit Bernardino Leon.

Mais, cet accord, s’il marque une avancée considérable, ne garantit pas pour autant le retour à la normale en Libye. « L’application de cet accord va se heurter à plusieurs obstacles. Tout d’abord, les rivalités tribales sont très fortes dans ce pays. Ainsi, pour concrétiser et réaliser cet accord et pour que ce gouvernement commence à faire son travail, il faut que les chefs des tribus l’approuvent », explique Dr Ayman Chabana, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire. Or, ceci n’est pas sûr. « Seule la réalisation des revendications des chefs de tribus peut garantir le succès de cet accord. Et, la première d’entre elles consiste en une participation au pouvoir ainsi qu’un partage des richesses. S’ils obtiennent ce qu’ils veulent, les tribus prendront part à la défense du pays contre les djihadistes de l’Etat Islamique (EI) », explique Ayman Chabana. Cependant, il n’est pas encore clair si les clauses de l’accord seront ou non satisfaisantes pour les forces en présence sur le terrain. Par conséquent, l’annonce de la totalité des membres du gouvernement traîne encore. Ce qui laisse douter que certains points sont encore à régler. « Tous les portefeuilles seront annoncés dans quelques jours, et ces choix vont déterminer si ce nouveau gouvernement sera efficace, et réellement capable de diriger la Libye dans la période de transition ou non. C’est en tous les cas la dernière chance pour régler la crise libyenne, et la rater serait une grave erreur », conclut Dr Chabana.

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