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Nouvelles donnes au Yémen

Maha Salem avec agences, Mardi, 18 août 2015

La libération d'une partie du sud du Yémen et la progression des fores loyalistes préparent le terrain à un retour du président Hadi et à une solution politique.

Les forces pro-gouvernementales contrôlent le Sud du Yémen et vont se diriger vers le Nord.
Les forces pro-gouvernementales contrôlent le Sud du Yémen et vont se diriger vers le Nord. (Photo: AP)

Après des combats achar­nés, les forces pro-gouver­nementales au Yémen, forces composées de com­battants pro-gouvernementaux, de comités de résistance populaires, de tribus sunnites et de séparatistes sudistes, ont enregistré des avancées significatives face aux rebelles houthis dans la ville de Taez, présentée comme une porte d’entrée vers la capitale Sanaa sous contrôle rebelle depuis près d’un an. Ces forces loyales au prési­dent en exil, Abd-Rabbo Mansour Hadi, se sont emparées de plusieurs secteurs stratégiques dans le centre de Taez, troisième ville du Yémen.

Les responsables ont fait état de vio­lents combats autour du palais prési­dentiel et du camp des forces de sécu­rité, situé non loin et tenu par les rebelles. Rachad Al-Charaabi, porte-parole des Comités de résistance popu­laires à Taez, a confirmé les affronte­ments. Les forces loyalistes ont notam­ment repris le contrôle du quartier général des services de renseigne­ments, ainsi que la plus grande hauteur ayant vue sur la ville, le Jabal Sabr. Aussi ont-elles repris le contrôle de plusieurs bâtiments tenus jusque-là par les rebelles, notamment celui de la défense civile.

« Ces avancées s’expliquent par deux raisons. Tout d’abord, ces forces, les Comités de résistance populaires, sont soutenues par les tribus et les citoyens. En outre, la coalition arabe, surtout l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, les aident. Les raids aériens menés par la coalition protègent leur avancée sur le terrain. Autre raison, les Houthis soutenus par les forces loyales à l’ex-président Ali Abdallah Saleh ne combat­tent pas sur leur terre. Ils sont basés dans le nord du pays, et dans le centre du pays, ni la population ni les chefs de tribus ne les soutiennent », explique Moataz Salama, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.

Selon des sources militaires, la coali­tion dirigée par Riyad a fourni ces der­nières semaines des équipements modernes aux partisans du président Hadi, notamment des chars, des blindés, des transporteurs, mais aussi un terrain d’entraînement pour les combattants yéménites. Ainsi, les forces pro-gouver­nementales ont laissé quelques pro­vinces de Taez sous le contrôle des Sudistes. Et ce, pour se garantir le sou­tien des mouvements sudistes.

La progression des forces loyalistes et la reprise de Taez confirment le renver­sement de la situation au Yémen. En effet, Taez est une ville stratégique. Sa prise par les rebelles en septembre 2014 avait provoqué la fuite du président Abd-Rabbo Mansour Hadi, qui s’est exilé en Arabie saoudite. Et son retour aux mains des forces pro-gouvernemen­tales est à même de changer la situation au Yémen. « Après des mois de combats sans vainqueur ni vaincu, la stratégie de la coalition arabe a changé. La nouvelle stratégie consiste à libérer d’abord le sud puis se diriger vers le nord. Et cette stratégie a porté ses fruits puisque les forces gouvernementales contrôlent désormais quasiment tout le sud après des combats de trois semaines seule­ment », explique Moataz Salama. Selon l’analyste, la prochaine étape de cette stratégie consiste à « consolider la pré­sence des forces gouvernementales dans les régions libérées », une étape consi­dérée comme un « prélude au retour au président Hadi et son gouvernement pour diriger le pays ».

Cependant, selon l’expert, la situation au nord est plus compliquée, et les com­bats seront complètement différents à cause de la présence des forces loyales de l’ex-président Ali Abdallah Saleh aux côtés des Houthis.

Les Houthis lâchés par Téhéran

Reste aussi à savoir quelle sera la réaction de l’Iran, principal soutien étranger des Houthis. D’après Salama, « le rôle iranien se limite actuellement à un soutien politique et médiatique. Il n’y a pas de présence de troupes iraniennes sur terre. Ce sont des rumeurs. C’est vrai qu’au début du conflit, l’Iran a fourni des aides militaires aux Houthis, mais avec la présence des forces mari­times américaines et égyptiennes aux côtés yéménites, Téhéran a compris que le Yémen est une cause perdue et qu’une éventuelle intervention militaire ira­nienne déclencherait une guerre féroce avec la coalition arabe, surtout l’Arabie saoudite et les Emirats, prêts à tout pour freiner l’expansion chiite dans la région ».

Ce serait donc là l’une des raisons du recul actuel des Houthis. Un nouvel état des lieux qui favorise le dialogue. En effet, l’heure du dialogue semble s’ap­procher. Le ministre saoudien des Affaires étrangères a annoncé depuis quelques jours que le conflit yéménite serait réglé par le dialogue et que les négociations de paix regrouperaient toutes les partis en conflit.

Il faut donc s’attendre à ce que l’Onu organise prochainement un nouveau round de négociations de paix entre toutes les parties yéménites. Il faut sur­tout que toutes ces parties présentent des concessions pour régler le conflit au Yémen. Un conflit aux retombées humanitaires catastrophiques.

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