
Les forces pro-gouvernementales contrôlent le Sud du Yémen et vont se diriger vers le Nord.
(Photo: AP)
Après des combats acharnés, les forces pro-gouvernementales au Yémen, forces composées de combattants pro-gouvernementaux, de comités de résistance populaires, de tribus sunnites et de séparatistes sudistes, ont enregistré des avancées significatives face aux rebelles houthis dans la ville de Taez, présentée comme une porte d’entrée vers la capitale Sanaa sous contrôle rebelle depuis près d’un an. Ces forces loyales au président en exil, Abd-Rabbo Mansour Hadi, se sont emparées de plusieurs secteurs stratégiques dans le centre de Taez, troisième ville du Yémen.
Les responsables ont fait état de violents combats autour du palais présidentiel et du camp des forces de sécurité, situé non loin et tenu par les rebelles. Rachad Al-Charaabi, porte-parole des Comités de résistance populaires à Taez, a confirmé les affrontements. Les forces loyalistes ont notamment repris le contrôle du quartier général des services de renseignements, ainsi que la plus grande hauteur ayant vue sur la ville, le Jabal Sabr. Aussi ont-elles repris le contrôle de plusieurs bâtiments tenus jusque-là par les rebelles, notamment celui de la défense civile.
« Ces avancées s’expliquent par deux raisons. Tout d’abord, ces forces, les Comités de résistance populaires, sont soutenues par les tribus et les citoyens. En outre, la coalition arabe, surtout l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, les aident. Les raids aériens menés par la coalition protègent leur avancée sur le terrain. Autre raison, les Houthis soutenus par les forces loyales à l’ex-président Ali Abdallah Saleh ne combattent pas sur leur terre. Ils sont basés dans le nord du pays, et dans le centre du pays, ni la population ni les chefs de tribus ne les soutiennent », explique Moataz Salama, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.
Selon des sources militaires, la coalition dirigée par Riyad a fourni ces dernières semaines des équipements modernes aux partisans du président Hadi, notamment des chars, des blindés, des transporteurs, mais aussi un terrain d’entraînement pour les combattants yéménites. Ainsi, les forces pro-gouvernementales ont laissé quelques provinces de Taez sous le contrôle des Sudistes. Et ce, pour se garantir le soutien des mouvements sudistes.
La progression des forces loyalistes et la reprise de Taez confirment le renversement de la situation au Yémen. En effet, Taez est une ville stratégique. Sa prise par les rebelles en septembre 2014 avait provoqué la fuite du président Abd-Rabbo Mansour Hadi, qui s’est exilé en Arabie saoudite. Et son retour aux mains des forces pro-gouvernementales est à même de changer la situation au Yémen. « Après des mois de combats sans vainqueur ni vaincu, la stratégie de la coalition arabe a changé. La nouvelle stratégie consiste à libérer d’abord le sud puis se diriger vers le nord. Et cette stratégie a porté ses fruits puisque les forces gouvernementales contrôlent désormais quasiment tout le sud après des combats de trois semaines seulement », explique Moataz Salama. Selon l’analyste, la prochaine étape de cette stratégie consiste à « consolider la présence des forces gouvernementales dans les régions libérées », une étape considérée comme un « prélude au retour au président Hadi et son gouvernement pour diriger le pays ».
Cependant, selon l’expert, la situation au nord est plus compliquée, et les combats seront complètement différents à cause de la présence des forces loyales de l’ex-président Ali Abdallah Saleh aux côtés des Houthis.
Les Houthis lâchés par Téhéran
Reste aussi à savoir quelle sera la réaction de l’Iran, principal soutien étranger des Houthis. D’après Salama, « le rôle iranien se limite actuellement à un soutien politique et médiatique. Il n’y a pas de présence de troupes iraniennes sur terre. Ce sont des rumeurs. C’est vrai qu’au début du conflit, l’Iran a fourni des aides militaires aux Houthis, mais avec la présence des forces maritimes américaines et égyptiennes aux côtés yéménites, Téhéran a compris que le Yémen est une cause perdue et qu’une éventuelle intervention militaire iranienne déclencherait une guerre féroce avec la coalition arabe, surtout l’Arabie saoudite et les Emirats, prêts à tout pour freiner l’expansion chiite dans la région ».
Ce serait donc là l’une des raisons du recul actuel des Houthis. Un nouvel état des lieux qui favorise le dialogue. En effet, l’heure du dialogue semble s’approcher. Le ministre saoudien des Affaires étrangères a annoncé depuis quelques jours que le conflit yéménite serait réglé par le dialogue et que les négociations de paix regrouperaient toutes les partis en conflit.
Il faut donc s’attendre à ce que l’Onu organise prochainement un nouveau round de négociations de paix entre toutes les parties yéménites. Il faut surtout que toutes ces parties présentent des concessions pour régler le conflit au Yémen. Un conflit aux retombées humanitaires catastrophiques.
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