
Selon l'Onu, la guerre yéménite a fait 2 800 morts depuis mars dernier
(Photo:AP)
Deux objectifs ont poussé l’émissaire de l’Onu au Yémen à se rendre cette semaine à Sanaa : parvenir rapidement à une trêve humanitaire et relancer la recherche d’une solution politique dans le pays ravagé par la guerre. « Nous allons examiner, avec toutes les parties, la possibilité de parvenir le plus vite possible à une trêve humanitaire », a déclaré Ismaïl Ould cheikh Ahmad. Il a souligné l’urgence d’une trêve en évoquant une crise humanitaire qui prend des proportions catastrophiques. « La question essentielle est une solution pacifique qui soit permanente et qui permette de faire revenir les Yéménites à la table des négociations pour une solution politique », a affirmé l’émissaire.
La mission de M. Ahmad se déroule sur fond de poursuite des raids aériens de la coalition arabe conduite par Riyad et de combats sur le terrain. « L’emissaire onusien ne pourra réaliser qu’un seul objectif : la trêve pour les quinze jours à venir. Mais il reste beaucoup à faire pour lancer un dialogue national. Cet objectif est loin d’être réalisable à court terme. Déjà chaque camp essaie de gagner sur le terrain pour devenir le plus puissant et imposer ses conditions sur la table de négociation », explique Dr Eman Ragab, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Selon elle, une autre raison du prolongement de la crise yéménite est que « la communauté internationale ainsi que le monde arabe sont occupés par la crise syrienne ».
Sur le terrain, de violents accrochages ont opposé les Houthis à des forces pro-gouvernementales dans le sud du pays. A Aden, principale ville du sud, la coalition a lancé plusieurs raids contre des positions des rebelles. En même temps, des combattants de la Résistance populaire, force favorable au président en exil Abd-Rabbo Mansour Hadi, ont mené à l’aube une attaque contre un rassemblement rebelle, tuant 11 insurgés, ont précisé des sources militaires contacté par l’AFP. Simultanément, un autre groupe de cette résistance a repris deux positions près de la base aérienne d’Al-Anad. L’aviation de la coalition a bombardé dans la nuit des positions que des rebelles et leurs alliés, des militaires restés fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, tiennent aux entrées nord et est d’Aden. L’Onu a décrété son niveau d’urgence humanitaire le plus élevé pour le Yémen, où les combats avaient déjà fait à la fin du mois de juin 2 800 morts dont 1 400 civils et 13 000 blessés depuis mars, selon l’organisation. Et, la situation est jugée catastrophique : la population souffre du manque de vivres et des maladies, comme le paludisme, la typhoïde et la dingue, apparues avec la détérioration des conditions d’hygiène, ne peuvent être soignées faute de médicaments.
L’Arabie saoudite touchée
Les Houthis semblent également vouloir étendre leur action. Des miliciens chiites houthis et des soldats fidèles à l’ex-président yéménite, Ali Abdallah Saleh, ont bombardé des régions de l’Arabie saoudite à Jizan et Najran, tuant et blessant plusieurs soldats saoudiens. L’agence de presse Saba contrôlée par les Houthis a indiqué que 13 obus avaient été tirés vendredi visant plusieurs cibles dont l’aéroport de Jizan. Ces bombardements ont provoqué la destruction d’équipements militaires, précise l’agence citant une source militaire anonyme qui n’a pas fourni de précision sur le nombre de victimes. Ce genre d’action n’est pas le premier. Les forces saoudiennes et les milices houthies se livrent à des duels d’artillerie de part et d’autre de la frontière depuis que le gouvernement de Riyad a pris la tête d’une coalition anti-houthis menant des raids aériens contre les miliciens qui ont pris le contrôle de la majeure partie du Yémen.
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