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Ali Bakr : L’EI veut se donner l’image d’un groupe puissant et imbattable

Sabah Sabet et Yasmine Chérif, Mardi, 30 juin 2015

Ali Bakr, spécialiste des mouvements islamistes, sur les événements récents en Tunisie et au Koweït.

Al-Ahram Hebdo : Y a-t-il une relation entre les deux attentats ou bien s’agit-il d’actes menés par des groupuscules internes liés à l’Etat Islamique (EI) ?

Ali Bakr : Il est bien sûr vrai qu’il existe une relation entre les deux attentats, renforcée par la revendication des attaques de la part de l’Etat islamique. Chaque pays possède des cellules dormantes composées de membres — le plus souvent des jeunes — qui croient en la pensée islamique, sa vision et son idéologie. L’idée du retour du califat islamique est considérée comme une idée qui attire beaucoup de jeunes actuellement. Même s’il n’existe pas de coordination entre les différentes attaques revendiquées par l’EI, le lien existe.

— Cela veut-il dire que l’EI a acquis une puissance de force significative, un an à peine après son apparition en Iraq ?

— L’Etat islamique dispose, d’une part, d’une véritable force mondiale du côté organisationnel. Il est financé par de nombreux groupes, qui voient en l’existence de l’Etat islamique un intérêt. Mais les dimensions de cette question restent divergentes et ne sont pas encore très claires. On ne peut pas trancher ni sur les sources de financement de Daech, ni sur les parties qui le soutiennent.

Par ailleurs, la force de l’Etat islamique se base principalement sur sa pensée et son idéologie. Comme je l’ai déjà mentionné, ces deux aspects attirent de nombreux jeunes, surtout en ce moment avec les conflits en Syrie ou en Iraq. Par exemple en Iraq, où Daech est le plus implanté, une partie de ses succès provient de la politique anti-sunnite du régime de Bagdad, notamment sous l’ancien premier ministre Nouri Al-Maliki. L’EI a profité de cette politique pour gagner le soutien d’une partie des sunnites à l’intérieur de l’Iraq, mais aussi pour s’attirer la sympathie de certains sunnites à l’extérieur de l’Iraq. L’EI profite aussi de la politique de propagande qu’il mène. En publiant des photos et des vidéos de massacres, il veut se donner l’image d’un groupe puissant et imbattable, ce qui lui permet de pénétrer certaines villes ou régions sans même trouver de résistance, du moins de la part de la population.

— Faut-il s’attendre à de nouvelles opérations semblables ?

— Aucun Etat n’est loin des menaces de Daech. Il n’y a aucun pays qui soit à l’abri des attaques de l’Etat islamique et de son danger. D’autres opérations auront sans doute lieu. Même si un individu prépare un attentat terroriste indépendamment de toute organisation, l’Etat islamique se l’attribuera afin de gagner du pouvoir et de se construire une propagande en semant la peur.

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