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Syrie: Un pas vers la chute du régime

Maha Salem avec agences, Lundi, 17 décembre 2012

Les combats acharnés se poursuivent alors que les alliés du régime cherchent une issue politique à la crise et que le groupe des Amis de la Syrie a reconnu la nouvelle Coalition de l’opposition comme seule représentante du peuple syrien.

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La communauté internationale essaye de faire chuter le régime. (Photo:Reuters)

Essayant de sauver son allié syrien, l’Iran a présenté un plan de sortie de crise pour le conflit syrien. Une proposition déjà présentée en octobre dernier mais restée lettre morte. Le plan en six points élaboré par Téhéran prône d’abord l’arrêt immédiat des violences et des actions armées, sous la supervision de l’Onu, et la levée des sanctions contre la Syrie, afin de permettre la distribution de l’aide humanitaire. Ensuite, il évoque la mise en place d’un dialogue une fois le calme revenu, pour former un comité de réconciliation afin d’établir un gouvernement de transition. Le gouvernement sera chargé d’organiser des élections libres pour désigner le Parlement, l’assemblé constituante et la présidence. De plus, le texte prévoit la libération par le gouvernement des prisonniers politiques et le jugement par des tribunaux impartiaux des détenus impliqués dans des crimes. Par ailleurs, un comité devra évaluer les dégâts provoqués (par le conflit) aux infrastructures. Le plan exige de même des médias une couverture impartiale, afin que cesse la campagne actuelle de désinformation contre la Syrie. L’Iran, tout comme Damas, assimile rebelles et opposants à des « terroristes » et appelle régulièrement au dialogue. Mais une fois ce plan annoncé, l’opposition l’a rejeté tout en exigeant le départ de Bachar avant de commencer le dialogue.

Pour sa part, le régime a accepté le plan iranien. Pour la première fois, le vice-président syrien, Farouq Al-Chareh, avoue l’incapacité de son régime à vaincre les rebelles. « Aucune rébellion ne peut mettre un terme à la bataille militairement. Tout comme les opérations des forces de sécurité et des unités de l’armée ne mettront pas un terme à la bataille non plus », a affirmé Al-Chareh. Le vice-président sunnite, un temps évoqué pour remplacer le président Bachar Al-Assad, de confession alaouite (une branche du chiisme), en cas de transition négociée, a appelé de ses voeux un accord historique entre les parties. « Les forces d’opposition armées, civiles ou affiliées à l’étranger, ne peuvent se dire unique représentante légitime du peuple syrien. De même que le pouvoir actuel, avec son armée qui a son idéologie, ainsi que ses partis politiques, Baas en tête, ne peut crier seul le changement sans la participation de nouveaux (venus) », a jugé Al-Chareh.

En première réaction à ces déclarations, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a jugé que « la fin d’Assad est proche ». Une série de déclarations convergentes sur la chute imminente du régime, émanant des Occidentaux et, plus surprenant, d’un responsable russe, est le signe que l’opposition se renforce. Quant aux Etats-Unis, ils ont reconnu la Coalition de l’opposition comme seul représentant de la Syrie en invitant le chef de la Coalition à se rendre à Washington. Cette décision renforce encore davantage la légitimité de la Coalition. Mais selon les analystes, les rebelles ont besoin d’un soutien militaire, financier et logistique. « Une intervention militaire par la communauté internationale ou les pays arabes est difficile parce que la Russie, l’Iran et la Chine vont aussi intervenir. Ainsi le conflit s’aggravera et enflammera toute la région. Mais la seule solution sera d’aider les rebelles et l’opposition et de leur présenter des aides militaires et financières », explique Ayman Abdel-Wahab, politologue au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.

Partageant le même avis, les dirigeants européens ont demandé à leurs ministres des Affaires étrangères d’étudier toutes les possibilités pour augmenter la pression contre le dirigeant syrien et soutenir l’opposition syrienne en appuyant ainsi l’idée qu’une aide matérielle, voire des armes seront fournies. La France et l’Angleterre ont appelé à une révision de l’embargo sur les armes qui touche la Syrie pour éventuellement ouvrir la voie à un soutien en équipement aux rebelles dans les mois à venir. Mais, la question de l’embargo pourrait être mise sur la table dès le 28 janvier, lorsque les chefs de la diplomatie des Vingt-Sept se réuniront de nouveau à Bruxelles.

Les pays de l’Union s’accordent toutefois pour que les actions qui peuvent être entreprises dans l’état actuel des choses soient mises en oeuvre, et pour que l’embargo sur les armes soit éventuellement réexaminé par la suite.

Du côté des pays arabes, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, a annoncé une aide de 100 millions de dollars de l’Arabie saoudite en faveur de l’opposition syrienne unifiée, appelant à une intensification des efforts internationaux.

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