Longtemps considéré comme un radical, le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, en visite inédite à Gaza, a évolué vers le consensus, revendiquant l’influence du « Printemps arabe » au point de se rallier à l’idée d’un Etat palestinien à côté d’Israël. « Ceci est ma troisième naissance, après ma naissance naturelle en 1956 et ma deuxième naissance après la tentative israélienne de m’assassiner en 1997 en Jordanie », a-t-il déclaré à son arrivée à Gaza vendredi. A l’Université du Koweït, Mechaal découvre l’islamisme et participe en 1987 à la création du Hamas, issu des Frères musulmans. En 1996, il devient chef du bureau politique du Hamas, après l’arrestation aux Etats-Unis du titulaire du poste, Moussa Abou Marzouk. Contraint de quitter Amman, le bureau politique du Hamas déménage à Damas en 1999. C’est là que Khaled Mechaal se retrouve en 2004 propulsé à la tête du mouvement après l’assassinat par Israël du cheikh Yassine puis de son successeur Abdel Aziz Al-Rantissi. Victorieux aux élections législatives de 2006 mais boycotté par la communauté internationale, le Hamas entre en conflit en juin 2007 contre le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas et prend le contrôle de la bande de Gaza. Brillant orateur, Khaled Mechaal profite de la liberté de mouvement que lui offre l’exil pour parcourir le monde arabo-musulman. Dépendant du soutien politique et financier de la Syrie et de l’Iran, il apparaît comme un représentant de l’aile dure du mouvement.
En mars 2011, Mahmoud Abbas se déclare « prêt à aller demain à Gaza », à l’invitation du chef du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Le 27 avril 2011, c’est pourtant Moussa Abou Marzouk qui signe avec le Fatah un accord de réconciliation surprise. Par la suite, Khaled Mechaal multiplie les déclarations conciliantes, qui font grincer des dents parmi les dirigeants de Gaza. Il se dit ainsi prêt à « donner une chance » aux négociations avec Israël puis se prononce pour la « résistance populaire pacifique », sans aller jusqu’à renoncer à la lutte armée, après un tête-à-tête avec M. Abbas. « Il n’y a pas d’autre voie que de nous entendre, d’autant plus que (...) les vents du changement soufflent sur la région », déclare-t-il à l’AFP.
Parallèlement, le mouvement prend ses distances avec la Syrie, en raison de la répression de la révolte, et quitte discrètement Damas .
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