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Palestine: Un mouvement aux origines controversées

Abir Taleb avec agences, Mardi, 11 décembre 2012

Le Hamas (en arabe « ferveur »), ou « Mouvement de résistance islamique », est un mouvement islamiste palestinien constitué d’une branche politique et d’une branche armée se revendiquant de « résistance ».

Il a été créé en 1987 par Cheikh Ahmad Yassine, Abdel Aziz Al-Rantissi et Mohammed Taha, tous trois issus des Frères musulmans.Son programme repose essentiellement sur l’instauration d’un Etat palestinien sur toute la terre de l’ancienne Palestine mandataire. Ne reconnaissant pas Israël et rejetant les accords d’Oslo signés en 1993 entre Israël et l’Autorité palestinienne, le Hamas s’oppose sur ce point au Fatah — principale force politique palestinienne concurrente, qui reconnaît l’existence d’Israël et prône la création d’un Etat palestinien indépendant aux côtés d’Israël. Le Hamas est classé terroriste par certains Etats, dont Israël, les Etats-Unis, le Canada et l’Union européenne.

Selon certains experts, l’histoire du Hamas débute dans les années 1980 lorsque son influence politique commence à s’affirmer. De même, selon certains analystes, les Frères musulmans palestiniens étaient financés pendant les années 1970 et 1980 directement et indirectement, au titre d’organisation caritative, par différents Etats comme l’Arabie saoudite et la Syrie, financements qu’Israël a laissé faire pour favoriser la division palestinienne et contrer l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP).

Ces analystes estiment que l’ascension du Hamas est favorisée dans les années 1990 par les dirigeants du Likoud (Benyamin Netanyahu au pouvoir en 1996-1999 et Ariel Sharon), notamment en n’entravant pas son financement. Deux objectifs recherchés par la droite israélienne seraient ainsi atteints : le sabotage des accords d’Oslo avec l’augmentation des attentats terroristes et l’affaiblissement du Fatah de Yasser Arafat, principal interlocuteur palestinien. La thèse selon laquelle Israël aurait facilité l’existence du Hamas est cependant totalement rejetée par Khaled Mechaal, qui la qualifie de rumeur absurde.

Les premières actions armées du Hamas commencent avec le début de la première Intifada. Elles s’attaquent en premier lieu aux Palestiniens mis en cause, puis attaquent les militaires israéliens. Le rôle du Hamas est éclipsé en 1989, notamment lorsque son fondateur, Ahmad Yassine, fut emprisonné en Israël. Le Hamas profite ensuite grandement de la seconde Intifada pour rehausser son prestige à l’intérieur de la bande de Gaza et lance une nouvelle campagne d’attentats suicide, rivalisant avec le Djihad islamique.

Le chef historique du mouvement, Ahmad Yassine, est tué lors d’une attaque ciblée de l’armée israélienne le 22 mars 2004, sur ordre d’Ariel Sharon. Son successeur Abdel Aziz Al-Rantissi est également assassiné quelques jours après sa désignation. Le changement de direction à la tête du Hamas entraîne un changement de stratégie du mouvement qui commence à s’impliquer davantage dans la vie politique. Des représentants du Hamas se présentent aux élections municipales palestiniennes de 2005. Le succès aux municipales fait alors apparaître le Hamas comme une opposition importante face au Fatah, un an avant les législatives prévues pour janvier 2006, où il remporte 56 % des suffrages. Le Hamas ravit ainsi la majorité au Fatah. Cette victoire du Hamas a été possible dans la mesure où ses dirigeants ne sont pas soupçonnés de corruption, mais aussi à cause de ses actions sociales et caritatives sur le terrain, qu’il dirige en particulier vers les enfants et les pauvres.

C’est le début de la crise entre les deux parties, une crise qui culmine en juin 2007 lorsque les forces de sécurité du Hamas prennent le contrôle de la bande de Gaza, évinçant totalement le Fatah du territoire. En conséquence le 17 juin 2007, le président Mahmoud Abbas limoge Ismaïl Haniyeh de son poste de premier ministre, nommant à sa place le ministre des Finances Salam Fayyad. Ce nouveau gouvernement siégeant à Ramallah et contrôlant la Cisjordanie n’est pas reconnu par le Hamas, ce qui mène à la scission de fait des Territoires palestiniens en deux entités distinctes. Le 27 avril 2011, le Fatah et le Hamas concluent un accord de réconciliation en vue des élections générales prévues dans l’année. Toutefois, cet accord, comme les précédents, n’a pas abouti concrètement. Et aujourd’hui, les deux frères ennemis appellent une fois de plus à la réconciliation .

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