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La crise s’enlise en Ukraine

Maha Al-Cherbini avec agences, Dimanche, 01 février 2015

Les pourparlers de paix se sont achevés samedi à Minsk sans aboutir à un accord de cessez-le-feu, alors que les violences meurtrières dans l'est ukrainien atteignent des niveaux sans précédent.

La crise ukrainienne va crescendo aussi bien sur le terrain qu’au niveau des efforts diplomatiques. Cette semaine, les violences dans l’est séparatiste ont atteint un niveau critique, et les séparatistes ont gagné du terrain au prix de graves bains de sang. Dans une tentative de trouver une percée à la crise, des pourparlers de paix entre Kiev et les séparatistes prorusses, avec la participation de la Russie et de l’OSCE, ont eu lieu samedi à Minsk sans réussir à conclure un cessez-le-feu dans ce conflit qui a fait plus de 5 000 morts depuis avril dernier.

Selon les analystes, ce blocage ne promet rien de bon pour l’avenir de l’Ukraine. Déjà, les violences ont atteint des niveaux critiques cette semaine. Samedi, 15 soldats ukrainiens ont été tués alors que, vendredi, 24 autres militaires ont trouvé la mort dans des combats dans l’est séparatiste. Il s’agit des plus lourds bilans de l’armée depuis le début du conflit il y a neuf mois. Depuis une semaine, les combats font rage sur toute la ligne du front, y compris autour de la ville stratégique de Debaltseve, qui relie les capitales séparatistes de Donetsk et de Lougansk et où les militaires ukrainiens ont été encerclés par les séparatistes. Ceux-ci ont tiré un nombre incalculable de roquettes sur la ville, tuant et blessant de nombreuses personnes innocentes. Selon l’Occident, c’est Moscou qui équipe les séparatistes avec des chars, des véhicules blindés, de l’artillerie lourde, des lanceurs de roquettes. De quoi pousser Washington à envoyer à Kiev son secrétaire d’Etat, John Kerry, le 5 février en signe de soutien diplomatique. Le dernier déplacement de Kerry en Ukraine date du 4 mars dernier, peu après la chute du régime prorusse et l’annexion de la Crimée à la Russie.

Nouvelles sanctions occidentales
Outre ce soutien diplomatique, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont décidé d’accroître leur pression sur Moscou en renforçant leurs sanctions, prolongeant de six mois, jusqu’en septembre prochain, les sanctions adoptées en mars contre des personnalités séparatistes prorusses et russes. Les 28 ont aussi décidé de rajouter des noms à cette liste noire déjà longue de 132 personnes visées par un gel de leurs avoirs et une interdiction de voyager dans l’UE. Les nouveaux noms doivent être proposés dans quelques jours en vue d’une adoption par les ministres lors de leur prochaine réunion, le 9 février. En revanche, la question des sanctions économiques, qui divise les Européens, continue à diviser les Occidentaux, de quoi profiter à Moscou au moins pour le moment. Pour sa part, le nouveau ministre grec, Nikos Kotzias, a affirmé que son gouvernement était opposé à un durcissement européen vis-à-vis de Moscou indiquant que la Grande-Bretagne, qui défend avec la Pologne et les pays baltes une ligne dure, avait « essayé de mettre son veto » à cet assouplissement. Le compromis satisfait en revanche de nombreux autres pays comme la France. « Les sanctions économiques sont déjà lourdes. Il faut promouvoir le dialogue », a relevé le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Harlem Désir. Pour l’heure, toute décision sur des sanctions économiques relevait de la responsabilité des chefs d’Etat et de gouvernement, qui doivent se réunir en sommet le 12 février à Bruxelles. Soutenant les sanctions européennes, les Etats-Unis ont, de leur part, menacé la Russie de nouvelles sanctions sans en préciser la date.

Craignant que son économie soit de plus en plus étranglée par les sanctions, Moscou a paru furieuse cette semaine, estimant qu’il était temps que l’Occident réfléchisse à sa politique de confrontation à coups de sanctions qui « ne mène nulle part et qui ne fait que porter préjudice aux peuples et aux économies de nos pays », a mis en garde le Kremlin. Brisant son silence pour fustiger les Occidentaux pour la première fois, l’ancien dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, a mis en garde contre le risque d’une nouvelle guerre froide : « On n’entend que parler de sanctions. Washington nous entraîne dans une nouvelle guerre froide. Je ne suis pas en mesure de déclarer qu’elle ne va pas se transformer en véritable guerre ».

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