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Afghanistan : Les Américains compensent l'Otan

Maha Al-Cherbini avec agences, Mardi, 09 décembre 2014

A trois semaines du retrait des troupes de l'Otan, les Etats-Unis réaffirment leur soutien à l'Afghanistan, notamment en compensant, par leur présence, le départ de l'Otan.

Après 13 ans de mission difficile, les troupes de l’Otan vont plier bagage le 31 décembre et laisser les forces afghanes affronter, seules, la menace talibane. A trois semaines de ce retrait risqué pour l’avenir du pays, la communauté internationale tente de réaffirmer son soutien au « bébé afghan » qui fera ses premiers pas dans le monde de l’indépendance à proprement dit à l’aube 2015. En signe de soutien, le secrétaire améri­cain à la Défense sortant, Chuck Hagel, a visité samedi Kaboul pour la dernière fois avant le retrait de l’Otan et aussi avant son départ du Pentagone. Par cette visite, Hagel visait trois objectifs: marquer la fin du plus long conflit de l’histoire des Etats-Unis, affirmer le soutien mili­taire de son pays à l’Afghanistan de l’après-2014 et annoncer que 1000 soldats américains supplémentaires resteront dans le pays en 2015 pour compenser un déficit temporaire dans les forces de l’Otan. En fait, le retard accumulé au cours de la présiden­tielle contestée l’été dernier a pertur­bé les prévisions des Etats-Unis et de l’Otan en termes d’envoi des troupes pour la mission « Soutien résolu » qui commence après 2014.

Lors de ses entretiens avec le prési­dent afghan Ashraf Ghani et son chef de l’exécutif Abdullah Abdullah, M. Hagel a aussi tenté de donner confiance aux responsables afghans, se déclarant optimiste pour l’avenir de l’Afghanistan. « Les Afghans vivent bien mieux aujourd’hui qu’il y a 13 ans. Les nouveaux dirigeants peuvent décider de leur propre sort », a-t-il dit, reconnaissant que les tali­bans vont continuer à poser pro­blème.

A la lumière de ce défi taliban, environ 12500 soldats, dont 9800 Américains, vont rester dans le pays pour assister et former l’armée afghane. Début 2015, le président américain Barack Obama et son homologue afghan vont encore discu­ter à Washington du calendrier du retrait des soldats américains de l’Afghanistan qui doit s’échelonner jusqu’à la fin 2016.

Soutien financier aussi

Outre le soutien militaire, le prési­dent afghan était soucieux de se ras­surer du soutien financier de la com­munauté internationale à son pays à l’aube 2015. Raison pour laquelle il a participé cette semaine à Londres à une conférence de pays donateurs, où il a tenté de convaincre les 59 pays participants de la « crédibilité » de ses réformes pour se garantir leur soutien financier. Une mission qu’il a bien réussie, puisque les pays donateurs lui ont réitéré, à l’issue de la conférence, leurs engagements financiers pris en 2012 à Tokyo (16 milliards de dollars jusqu’en 2015 et un montant similaire jusqu’en 2017). « Nous continuerons à respecter l’engagement que nous avons pris à l’égard de la population la plus pauvre du monde », a affirmé le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et le premier ministre britan­nique, David Cameron, à l’issue de la conférence.

Saluant le premier transfert de pouvoir démocratique de l’histoire du pays aux élections de septembre, les pays donateurs ont jugé « cré­dibles » les réformes proposées par M. Ghani pour lutter contre la cor­ruption et améliorer la sécurité, la stabilité politique et économique du pays et le respect des droits de l’homme. Malgré ce climat positif, des dossiers importants restent à régler pour la communauté interna­tionale, dont la formation d’un gou­vernement afghan d’union nationale qui semble toujours difficile. « Ce gouvernement prendra naissance d’ici deux à quatre semaines », a affirmé Ghani. Autres défis inquiè­tent les pays donateurs: l’insécurité, la menace talibane et la production de drogue. « La route ne sera pas facile. Les attentats sanglants se multiplient dans le pays, posant la question de la capacité des troupes afghanes à faire face à la menace des talibans », a prévenu David Cameron. Pour calmer les pays donateurs, M. Ghani a affirmé que la paix serait sa « première priorité », espérant ne plus jamais avoir besoin de combattants étrangers pour assu­rer la sécurité de son pays. De toute façon, il faudra attendre les jours à venir pour décider si le bourbier afghan a besoin ou non du soutien des combattants étrangers.

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