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L’Occident accélère son soutien à Kiev

Julie Lepecquet , Jeudi, 09 février 2023

Le 24e sommet UE-Ukraine s’est tenu cette semaine à Kiev. Alors que le conflit avec la Russie doit entrer prochainement dans sa deuxième année, les Occidentaux continuent d’afficher un soutien indéfectible à l’Ukraine. Explications.

L’Occident accélère son soutien à Kiev

Vendredi 3 février, alors que les sirènes anti-aériennes retentissaient encore dans les rues de Kiev, le président du Conseil Européen, Charles Michel, accompagné de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, arrivaient à Kiev pour la tenue du 24e sommet UE-Ukraine. Et, les trois têtes de l’Union Européenne (UE) ne sont pas arrivées les mains vides. La veille, jeudi 2 février, Bruxelles annonçait en effet une nouvelle enveloppe d’aide militaire de 500 millions d’euros, portant le montant total de l’aide versée à l’Ukraine à 60 milliards d’euros depuis le début du conflit, ainsi que 45 millions d’euros dédiés aux missions de formation.

Ce 24e sommet, portant sur l’adhésion de l’Ukraine au cercle des 27, porte un tout autre parfum que les précédents. S’il n’a pas permis d’avancer sur le dossier de l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, la journée a été l’occasion pour le camp occidental de faire, malgré ses divergences, un front commun. Le même jour, le 3 février, les Etats-Unis annonçaient eux aussi une nouvelle aide militaire de 2 milliards de dollars à l’Ukraine, ainsi que la livraison, inédite, des premiers missiles de longue portée GLSBD. Parallèlement, Paris et Rome annonçaient la livraison du système de défense franco-italien SAMP/T Mamba, emboîtant le pas aux Etats-Unis qui, le mois précédent, livraient son équivalent Patriot.

Un peu plus tôt, encore, la France annonçait la livraison de 12 nouveaux canons Ceasar, en plus des chars blindés moyens AMX-10 RC promis le mois dernier, suivis de près par le Danemark, l’Italie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni … De son côté, l’équipe de commissaires européens a annoncé un dixième train de sanctions économiques et des mesures diplomatiques contre la Russie et ses oligarques. Sur le plan socioéconomique, Bruxelles a également annoncé une enveloppe d’aide de 18 milliards d’euros sur l’année 2023. Une aide destinée à limiter les conséquences du conflit sur l’économie ukrainienne et à financer la réparation des infrastructures énergétiques régulièrement visées par l’armée russe. Depuis l’annonce, la semaine dernière, de la livraison de chars lourds par l’Allemagne et les Etats-Unis à l’Ukraine, les robinets sont ouverts. En l’absence des avions de chasse réclamés par Kiev — question encore trop épineuse pour la majorité des Européens —, les livraisons s’accélèrent à mesure que le conflit approche de sa deuxième année : aides financières, système de défense anti-aérien dernier cri, armements lourds de moyen et, désormais, de longue portée, sanctions économiques … Face à la stratégie de saturation humaine, le camp occidental joue la carte de l’abondance financière et de l’armement de pointe dans son soutien à Kiev. Tout en cherchant les limites de l’autre, les deux camps semblent ainsi se préparer à un tout nouveau chapitre du conflit.

Nouveau train de sanctions

Si, originellement, le sommet UE-Ukraine portait sur l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, ce sont davantage l’annonce d’une nouvelle enveloppe d’aide militaire et les sanctions européennes contre la Russie qui seront retenues de ce sommet. Entrées en vigueur le 5 février, elles prévoient notamment la fermeture des ports et du territoire de l’UE aux navires russes et biélorusses, ainsi qu’un embargo sur les produits pétroliers de la Russie — privant ainsi Moscou d’un revenu important. Encore prudente sur l’adhésion de l’Ukraine au Vingtsept, l’appui économique, stratégique et diplomatique de l’Europe, lui, se raffermit. Sur le terrain, les combats continuent de faire rage, en particulier dans la région de Donetsk et autour de la ville de Bakhmout. Dès le lendemain du sommet à Kiev, deux bombardements russes ont été déplorés à proximité de zones résidentielles et ont fait 5 blessés à Bakhmout. Après avoir essuyé les contre-offensives ukrainiennes cet automne, la Russie reprendrait, depuis quelques jours, du terrain sur les forces ukrainiennes. Tendance que l’Ukraine et ses soutiens occidentaux espèrent inverser avec l’arrivée prévue des premiers chars lourds allemands sur le terrain à la fin mars.

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