Après un an et demi de pause dans l’opposition, Benyamin Netanyahu est officiellement de retour au pouvoir en Israël. Les députés israéliens ont accordé, jeudi dernier, leur confiance au nouveau gouvernement, le plus à droite de l’histoire du pays, lors d’un vote à la Knesset, le parlement israélien. Seuls 63 députés sur 120 ont voté la confiance au gouvernement de Benyamin Netanyahu, formé de son parti, le Likoud, de deux formations ultra-orthodoxes et de trois d’extrême droite. L’homme politique de 73 ans, qui avait remporté les législatives le 1er novembre (les cinquièmes élections en moins de quatre ans), a prêté serment jeudi dernier à l’après-midi à la suite du vote de confiance.
Au sein du Likoud, l’ex-ministre du Renseignement, Eli Cohen, est à la tête des Affaires étrangères ; Yoav Galant, un ancien haut gradé jugé proche du mouvement pro-colonisation en Cisjordanie occupée, à la Défense ; Ron Dermer, ancien ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, hérite du ministère des Affaires stratégiques. Surtout, les alliés suprémacistes juifs et ultra-orthodoxes de Benyamin Netanyahu se voient attribuer des postes-clés. A l’instar du nouveau ministre de la Sécurité publique, Itamar Ben Gvir, auparavant condamné pour incitation à la haine et soutien à une organisation terroriste. Ou encore l’ultranationaliste religieux Bezalel Smotrich, nommé aux Finances. Ce dernier gouvernera les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés.
Inquiétudes
Ces deux nouveaux ministres sont connus pour leurs propos anti-palestiniens et leurs positions favorables à l’annexion d’une partie de la Cisjordanie. Et le Likoud de Netanyahu a, dans le cadre de l’accord conclu avec le parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit, accepté le principe de l’annexion de grandes parties de la Cisjordanie. De quoi susciter une véritable inquiétude. « Cette coalition gouvernementale comprenant des partis explicitement opposés à la solution à deux Etats dans le cadre du processus de paix avec la Palestine risque de mener à une escalade sans précédent dans les territoires occupés », prévient un diplomate qui a requis l’anonymat.
Mais que vont faire les Etats-Unis, censés être les principaux parrains du processus de paix ? Pour le moment, la position américaine semble contradictoire, à en croire un communiqué de la Maison Blanche : Le président américain, Joe Biden, a qualifié le premier ministre investi d’« ami depuis des décennies ». « Les Etats-Unis continueront de soutenir une solution à deux Etats et de s’opposer aux politiques qui menacent la viabilité ou contredisent leurs intérêts et valeurs partagés », dit le communiqué. Selon le journal The Times of Israël, citant un responsable israélien, Biden va dépêcher son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, à Jérusalem, le mois prochain, pour discuter avec les « plus hautes autorités israéliennes ». Selon le responsable cité par le journal israélien, l’Administration Biden souhaitait avant tout préserver les chances d’une solution à deux Etats, en empêchant une nouvelle expansion israélienne en Cisjordanie.
Autre source d’inquiétude, les relations avec l’Iran. La mission du gouvernement sera de « contrecarrer les efforts de l’Iran pour se doter d’un arsenal nucléaire » et d’« assurer la supériorité militaire d’Israël dans la région », tout en « élargissant le cercle de la paix » avec les pays arabes, a déclaré Netanyahu au parlement. « L’Iran reste une priorité pour Israël. Et les positions du gouvernement israélien à l’égard de l’Iran et du Hezbollah risqueraient de déclencher une confrontation militaire grave », estime le diplomate, concluant que « les priorités annoncées par la nouvelle équipe de Netanyahu sont sans doute une source de tension à tous les niveaux ».
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