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Négociations ardues

Maha Salem , (avec Agences) , Mercredi, 06 avril 2022

Les négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine avancent lentement, les positions des deux pays restent éloignées pour envisager un cessez-le-feu.

Négociations ardues
Près de 4,2 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis le 24 février.

Inaugurées le 29 mars à Istanbul, les négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie pour arrêter la guerre avancent à petits pas. Les deux pays annoncent des positions contradictoires sur l’état d’avancement des pourparlers. Le négociateur en chef russe, Vladimir Medinsky, a fait l’éloge, dimanche 3 avril, d’une position « plus réaliste » de Kiev, qui serait prête, sous conditions, à accepter un statut neutre du pays, réclamé par Moscou. Quant au camp ukrainien, le négociateur en chef, David Arakhamia, a affirmé que Moscou avait accepté « oralement » toutes les positions ukrainiennes, « sauf en ce qui concerne la question de la Crimée ». Ce à quoi Medinsky a objecté. Il a affirmé que « tous ces accords obtenus à Istanbul ne sont rien d’autre que ce que la Russie réclame depuis 2014 », en précisant qu’il s’agissait notamment du statut neutre et dénucléarisé de l’Ukraine et du non-déploiement de bases militaires étrangères sur son territoire.

Les deux pays ont précisé qu’un projet d’accord approprié n’était pas encore prêt à être soumis aux présidents des deux pays. Une rencontre entre les présidents ukrainien, Volodymyr Zelensky, et russe, Vladimir Poutine, devait avoir lieu prochainement en Turquie.

Moscou doit répondre à une série de propositions ukrainiennes en vue d’un accord. Kiev propose la neutralité de l’Ukraine et le fait de renoncer à adhérer à l’Otan, à condition que sa sécurité soit garantie par d’autres pays face à la Russie. Elle propose aussi des négociations pour résoudre le statut du Donbass ukrainien et de la Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Les objectifs de Poutine

Depuis le début de la guerre, le 24 février, Zelensky n’a cessé de réclamer des entretiens en tête-à-tête avec Poutine. La Russie ne refuse pas, mais Poutine ne veut pas d’une telle rencontre qu’après avoir réalisé certains gains. « Une fois cette rencontre acceptée, un cessez le feu doit être installé. Et bien sûr Poutine ne veut pas de cette trêve avant de réaliser ses objectifs », explique Dr Mona Soliman, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire. Elle ajoute que le président russe a réalisé la majorité de ses buts. « Poutine a déclenché cette guerre pour réaliser plusieurs objectifs, et il ne va pas s’arrêter avant de les réaliser » affirme-t-elle. Selon l’analyste, le premier objectif réalisé est la destruction de l’infrastructure militaire de l’Ukraine. Cette dernière a besoin d’une dizaine d’années pour la reconstruire. Selon le ministère russe de la Défense, son armée a détruit plus de 3 000 objectifs militaires ukrainiens. Ces objectifs étaient considérés comme des positions menaçant la sécurité de la Russie.

Le deuxième but est la destruction de 16 laboratoires biologiques construits par Washington pour préparer des virus meurtriers. Autre objectif, la Russie contrôle plusieurs régions géostratégiques, tel le Donbass. Ces régions ont annoncé qu’elles organiseraient des référendums pour adhérer à la Russie. Autre objectif important : cette guerre est considérée comme une vraie parade pour montrer les capacités des armes russes. Enfin, le Kremlin a insisté sur le fait que l’Ukraine devait renoncer à entrer dans l’Otan et opter pour la neutralité.

Malgré ces gains importants, la liste des pertes est longue pour Moscou. Tout d’abord, les sanctions internationales ne cessent de se multiplier contre la Russie depuis le début de son opération militaire en Ukraine le 24 février. Et la valeur du rouble a dégringolé de 40 %. La majorité des sociétés étrangères ont fermé leurs branches en Russie. Celle-ci souffre aussi de grandes pertes dans les domaines énergétique et agricole. « Cette situation va pousser Moscou à accepter un cessez-le-feu dans un mois. Le scénario le plus logique est qu’une trêve sera annoncée au mois de mai », prévoit Dr Mona soliman.

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